La Bourse a des doutes sur la croissance mondiale
Le CAC 40 a perdu plus de 2% mardi et 3,55% en deux jours, sur fond d’inquiétudes sur la croissance mondiale. Le marché redoute aussi un changement de ton de la Fed.
Pour la première fois depuis un mois, la Bourse de Paris enchaîne deux séances consécutives de baisse. Et pas des moindres, puisqu’en deux jours, l’indice CAC 40 a replongé de 3,5 %, dont -2,55 % mardi.
La baisse du marché traduit d’abord la volonté des investisseurs de prendre quelques bénéfices dans un marché sevré d’annonces. La Bourse de Paris restait en effet sur un gain de plus de 12 % entre le 16 octobre et le 5 décembre et avait mis finalement peu de temps à se remettre de sa correction d’octobre et ce, en raison du soutien toujours actif des banques centrales. Idem pour l’indice Euro Stoxx qui avait rebondi de 14 %, quasiment sans faire de pause.
Récession au Japon, ralentissement en Chine
Or les raisons qui avaient favorisées un début de panique sur les marchés n’ont pas toutes disparues. Si la menace Ebola semble contenue aux yeux des investisseurs et si le risque géopolitique en Russie et en Syrie est passé au deuxième plan ; en revanche, les inquiétudes sur la croissance mondiale sont de plus en plus fortes. D’abord en Chine. Les responsables politiques chinois se réunissent mercredi pour définir les grandes lignes de la politique économique et des réformes du pays. Mais ils pourraient aussi recommander à Pékin d’abaisser leur objectif de croissance à 7% pour 2015, contre 7,4 % cette année... Par ailleurs, les derniers chiffres du commerce extérieur ont montré un net ralentissement des importations, notamment de matières premières, dévoilant ainsi le manque de tonicité de l’économie chinoise.
Ailleurs, le Japon a confirmé ses difficultés à renouer avec la croissance. Le PIB vient d’être revu à la baisse, en récession de 0,5 % au troisième trimestre .
En Europe, l’OCDE a prévenu, de son côté, que la croissance allait continuer de ralentir, notamment en Italie et en Allemagne. Ce n’est pas une surprise en soi, mais la chute mardi de la Bourse d’Athènes (– 12,7% !) a rappelé la fragilité de la zone euro et l'extrême nervosité des investisseurs dès lors que l’on rappelle les difficultés du pays qui a bien failli faire exploser la zone euro. Le risque politique n’a pas totalement disparu non plus en Europe, comme le montrent les relations parfois tendues entre Berlin et Paris.
Un changement de ton à la Fed ?
Un autre élément pèse, en parallèle, sur les Bourses : la chute des prix du pétrole . Lundi soir, à Wall Street, l’indice S&P Energy, qui intègre les groupes gaziers et pétroliers, a plongé de 3,9% en une seule séance. Le prix de l’or noir pénalise aussi le cours de Total, qui pèse encore plus de 10% du CAC 40. De son côté, la Bourse de Londres, la plus sensible par sa composition aux évolutions des matières premières, affiche la plus mauvaise performance des grandes places occidentales (–3,25 % depuis le 1er janvier). Des valeurs comme Tullow Oil (-54% depuis le début de l’année) et Petrofac (-39%) figurent parmi les plus fortes baisses du Footsie 100. Si la chute du prix du pétrole aura, à terme, un effet favorable sur le portefeuille des consommateurs , pour l’instant, les marchés n’y voient que l’expression d’une demande en berne dans le monde.
Mi-octobre , l’intervention orale des banques centrales avait permis de ramener le calme sur les marchés. Mais à quelques jours de la réunion de la Réserve fédérale américaine, les investisseurs s’inquiètent de nouveau d’un éventuel changement de ton de la part de son accommodante présidente, Janet Yellen. Ainsi, selon le « Wall Street Journal », la Fed pourrait cesser le 17 décembre d’inscrire dans son communiqué les termes « période de temps considérable » en référence au maintien de bas niveaux de taux d’intérêt. Certains investisseurs y voient le signe que la Fed a enclenché le compte à rebours de sa première hausse des taux directeurs.
En Europe, les marchés se tendent aussi avant la communication jeudi du bilan des prêts ciblés aux banques. Un mauvais chiffre pourrait renforcer l’idée que, en l’état, l’action de la BCE a l’effet d’un cautère sur une jambe de bois. La pression des marchés en faveur d’un « QE » (plan de rachat d’actifs) ne risque pas de baisser.
@pierrickfay / lesechos.fr