Ce président sourd, aveugle et muet
Face à l’extermination des chrétiens d’Orient, il y a un temps pour la compassion et il y a un temps pour l’action et la riposte. À condition de savoir choisir ses alliés.
La préoccupation de la plupart des médias, cet été, s’est portée sur les vacances du président de la République. Où a-t-il pu disparaître pendant dix jours ? Était-il seul, avec ses enfants ou avec sa favorite que la République entretient à grands frais ? Que faisait-il ? A-t-il payé de sa poche ses vacances, lui qui prônait une rigueur impitoyable quand il était dans l’opposition ? Telles les vacances de monsieur Hulot, celles de monsieur Hollande sont devenues le sujet numéro un des cafés du commerce, le talent de Jacques Tati en moins. Cela en dit long sur l’état de notre société, qui voudrait que tout s’arrête pendant l’été afin que nous puissions profiter du soleil, de la mer et du temps libre, pendant que les drames continuent de faire l’actualité. Notamment ceux qui frappent des innocents en Libye, en Irak et en Syrie. Quelle tristesse pour nos sociétés occidentales désormais gagnées par le relativisme, le matérialisme et l’individualisme que la valeur des grandes vacances tienne à la vacance des grandes valeurs !
Pourtant, à quelques centaines de kilomètres de nos côtes méditerranéennes, l’horreur continue. Il y a quelques jours, en Libye, les djihadistes de Dae’ch ont décapité et accroché à des croix 12 combattants locaux qui voulaient les déloger de Syrte. Et comme si cette mise en scène infâme ne suffisait pas, le groupe État islamique a exécuté 22 autres combattants de Syrte qui étaient à l’hôpital pour soigner leurs blessures. L’hôpital a ensuite été purement et simplement incendié. Certaines sources parlent même de 150 à 200 morts et d’un véritable massacre. L’ambassadeur de Libye à Paris a appelé la France au secours. Mais, vacances présidentielles obligent, il n’a pas reçu la moindre réponse. Combien de temps encore allons-nous laisser ces barbares envahir la Libye avant de gangrener la Tunisie par des attentats comme celui de Sousse, il y a quelques semaines, et l’Algérie, plus tard, à la faveur de la décomposition du régime ? Faudra-t-il attendre qu’un califat de terreur et d’horreur occupe une grande partie de cette Afrique du Nord qui nous est si chère pour que nos politiques commencent à bouger le petit doigt ?
Samedi 15 août, grâce à une heureuse initiative de quelques courageux évêques, toutes les cloches des églises de France ont sonné pour que tous et chacun, nous n’oubliions pas l’atroce génocide des chrétiens d’Orient perpétré par Dae’ch sur les terres mêmes où le christianisme a éclos il y a deux millénaires. Mais il y a un temps pour la compassion, pour la prière ou pour la communion de pensée. Et il y a un temps pour l’action, pour la riposte et pour l’élimination de ceux qui veulent mettre fin à notre civilisation. Or, ce temps ne peut relever que des politiques. C’est ce qui a amené deux figures de l’opposition, Éric Ciotti et Bruno Retailleau, à lancer un appel pour une intervention militaire plus efficace que celle menée par l’actuelle coalition composée pour partie de pays qui… arment et financent Dae’ch. Pour les deux parlementaires, l’incapacité de l’actuelle coalition à éradiquer les forces de l’État islamique démontre « clairement la nécessité d’une nouvelle stratégie et même d’une nouvelle coalition intégrant des puissances disposant de nombreuses clés pour déverrouiller la situation en Irak et en Syrie, en particulier la Russie et l’Iran ». Cette coalition élargie « pourrait également faire intervenir des troupes au sol, issues des pays de la région ».
Le 8 septembre prochain aura lieu à Paris une grande conférence internationale sur la manière de réduire l’emprise de Dae’ch. C’est "Laurent Fabius qui en a pris l’initiative"(sic) pendant que monsieur Hollande coulait des jours heureux à l’ombre de murs épais, au bord d’une piscine où il ne fallait pas qu’il soit dérangé. C’est un premier pas. Mais de grâce, ne répétons pas avec ces islamo-fascistes de Dae’ch les erreurs commises dans les années 1930. Ne nous contentons pas de conférences, de déclarations de bonnes intentions et finalement de petites ou grandes lâchetés. Il ne s’agit plus du sort des Sudètes, des Tchèques ou des Polonais. Il s’agit de toute notre civilisation. Il s’agit des valeurs que nous tenons de notre héritage judéo-chrétien. Et, plus que tout cela, il s’agit de la vie d’hommes et de femmes innocents qui vivent entre le Tigre et l’Euphrate, en descendants d’Abraham, et qui sont exterminés chaque jour comme Hitler voulait éliminer tous les juifs. Il n’est pas concevable qu’en 2015 nous restions plus longtemps les bras croisés devant la montée d’un tel péril. Comme il est inimaginable d’avoir à la tête de notre pays un président qui reste sourd, aveugle et muet devant tant d’horreur, de souffrance et de péril à long terme pour la France.
Par Yves de Kerdrel
Source : valeursactuelles.com/