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L’attaque de l’hôpital de Kunduz conçue « pour tuer et détruire »

Publié par medisma sur 9 Novembre 2015, 21:57pm

Le sang sur les mains d’Obama: l’attaque de l’hôpital de Kunduz conçue « pour tuer et détruire »

« Des patients sont brûlés dans leurs lits, des membres du personnel médical ont été décapités ou ont perdus des membres, d’autres ont été abattus par l’hélicoptère de combat AC-130 alors qu’ils fuyaient le bâtiment en feu ».

C’est ce qu’on peut lire dans l’introduction d’un rapport initial publié jeudi par Médecins Sans Frontières (MSF) et détaillant l’horrible frappe aérienne américaine du 3 octobre sur l’hôpital de cette association humanitaire, à Kunduz, en Afghanistan.

Tout en détaillant le carnage d’hommes, de femmes et d’enfants blessés, comme de médecins, d’infirmières et d’autre personnel médical, le rapport renforce encore les preuves déjà accablantes que l’attaque n’était ni un accident ni un «dommage collatéral», mais bien un crime de guerre délibéré ordonné par le Pentagone pour faire avancer les objectifs militaires américains en Afghanistan.

Parmi les nouvelles informations figurant dans le rapport il y a celle qu’après avoir fourni à diverses reprises les coordonnées de l’établissement médical bien connu au Pentagone, à l’US Army à Kabul et aux autorités afghanes, le personnel de MSF à l’hôpital de Kunduz a reçu un appel téléphonique, deux nuits avant l’attaque, d’un fonctionnaire du gouvernement américain à Washington. Il a demandé s’il y « avait un grand nombre de talibans ‘retranchés dedans’ ». On lui a dit que l’hôpital fonctionnait normalement et à plein régime, et qu’il y avait des combattants talibans blessés parmi les patients.

Le rapport indique que l’hôpital était bien éclairé, clairement identifié et portait les insignes MSF sur son toit. A partir d’entretiens avec quelque 60 membres du personnel, le rapport établit qu’il n’y avait pas d’individus armés dans l’établissement et qu’en fait, il n’y avait eu aucun combat, coups de feu ou explosions dans son voisinage dans la soirée précédant l’attaque.

L’attaque par l’avion de combat AC-130 à vol lent a duré entre une heure et une heure un quart, survolant sans cesse l’hôpital et le mitraillant de ses multiples canons à tir rapide, des bombes de précision et des missiles.

« Le point de vue des gens de l’intérieur de l’hôpital est que cette attaque a été menée dans le but de tuer et de détruire », a dit Christopher Stokes, directeur général de MSF, aux journalistes lors d’une conférence de presse à Kaboul le 5 novembre. « Une erreur est bien difficile à comprendre et à croire en ce moment ».

Le rapport de MSF donne une idée de la brutalité effrayante de ce crime. Il raconte que le premier secteur à être frappé a été le service des soins intensifs où des patients immobiles, dont deux enfants, ont été tués sur le coup ou ont brûlés vifs dans leur lit d’hôpital.

Puis ce sont les salles d’opération qui ont été détruites où au moins deux patients, étendus sur des tables d’opération, ont été tués.

« Un infirmier de MSF est arrivé au bâtiment administratif couvert de la tête aux pieds de débris et de sang, son bras gauche accroché à un petit morceau de chair, ayant ainsi subi dans l’explosion une amputation traumatique», dit encore le rapport.

Des membres du personnel ont vu des gens fauchés par les balles alors qu’ils tentaient de fuir le raid aérien. « Des médecins de MSF et du personnel médical ont été abattus alors qu’ils couraient se mettre en lieu sûr ailleurs dans l’enceinte», ajoute le rapport.

« Un membre du personnel MSF a vu un patient dans un fauteuil roulant qui tentait de fuir être tué par des éclats d’obus », indique le rapport. « D’autres membres du personnel de MSF disent avoir vu des gens en feu courir, puis tomber inconscient sur le sol. Un membre du personnel de MSF a été décapité par des éclats d’obus au cours des frappes ».

Le raid aérien américain a transformé ce qui avait été le principal centre médical pour plus d’un million de gens du nord-est de l’Afghanistan en véritable enfer. Outre qu’il a tué arbitrairement patients et personnel médical, il a laissé la population de la région sans des soins médicaux dont elle a grand besoin.

Il y a deux théories plausibles qui ont été avancées pour expliquer l’attaque. La première, basée sur les rapports de l’AP, indique que la frappe a été commandée sur la suspicion qu’un agent de renseignement pakistanais qui coordonnait les opérations des talibans était dans l’hôpital. Autrement dit, l’assassinat de masse de civils innocents a été mené dans le cadre de l’«assassinat ciblé» d’un seul homme.

L’autre explication est que l’armée américaine a décidé d’anéantir l’hôpital parce qu’il traitait des combattants talibans blessés.

Dans les deux cas, en vertu du droit international, l’attaque constitue un crime de guerre, le genre de crime pour lequel des officiers nazis ont été jugés et condamnés à Nuremberg.

Mais il n’en n’est pas de même dans la logique juridique façonnée sous l’administration d’Obama pour couvrir l’agression criminelle américaine.

Comme l’établissent les quatre articles sur « Le manuel juridique de guerre du Pentagone » publiés sur le World Socialist Web Site, la doctrine pseudo-juridique conçue pour l’armée américaine, tout en mentionnant pour la forme le droit international interdisant le ciblage des civils, indique clairement que dans la pratique, ces attaques ne sont pas seulement permises mais encouragées.

« Les civils peuvent être tués accidentellement dans les opérations militaires; toutefois, le dommage fortuit pour les civils peut ne pas être excessif par rapport à l’avantage militaire attendu d’une attaque », déclare le manuel juridique de guerre. En d’autres termes, l’armée américaine est autorisée à tuer des civils et plus l’objectif militaire est important plus on peut massacrer d’hommes, de femmes et d’enfants innocents, sans même parler des docteurs, des patients et du personnel médical.

De même, tout en disant que «les précautions faisables» devraient être prises pour «éviter» les victimes civiles, le manuel affirme aussi que, si les commandants américains déterminent que « prendre une précaution pourrait entraîner des risques opérationnels (un risque de ne pas accomplir la mission) ou un risque accru de dommages à leurs forces, alors la précaution ne serait pas faisable et ne seraient pas requise ». Un mandat clair pour les officiers américains d’anéantir autant de civils qu’ils estiment nécessaire pour « accomplir la mission » ou réduire leurs pertes.

Dans la chaîne de commandement américaine, on a sans aucun doute fait de tels calculs pour arriver à la décision d’ordonner à un AC-130 de faire, lentement et délibérément, d’un hôpital civil un tas de ruines, tuant au moins 30 patients et membres du personnel médical et en blessant bien plus encore.

La responsabilité de ce crime n’incombe pas seulement à l’équipage de l’AC 130, aux commandants sur le terrain en Afghanistan ou aux hauts gradés de l’armée américaine. Elle va jusqu’au sommet de l‘establishment politique américain, au président Barack Obama et à ses principaux collaborateurs, qui ont tout fait pour faire de la violence meurtrière dans le monde une routine, de la guerre d’agression aux assassinats par drones et aux massacres de sang-froid.

La Maison-Blanche et le Pentagone ont jusqu’ici fait obstruction à la demande de MSF pour une enquête indépendante sur le massacre à l’hôpital de Kunduz.

Plus révélateur encore, la présidente de MSF, Joanne Liu, a dit cette semaine que l’association avait fait appel à 76 gouvernements pour qu’ils soutiennent la demande d’une enquête impartiale et aucun d’eux n’a répondu. « Le silence est embarrassant », a-t-elle dit à Reuters.

Derrière cette apparente indifférence des gouvernements capitalistes du monde entier face aux horreurs déchaînées par l’armée américaine à Kunduz il y a l’admission du fait que cette attaque ne constituait pas l’exception, mais bien la règle, qu’elle n’était pas le produit d’une «erreur tragique» ou de «dommages collatéraux» mais l’expression inévitable de la criminalité de l’impérialisme américain.

 

Par Bill Van Auken

Source : wsws.org 

Article paru en anglais, WSWS, le 6 octobre 2015

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