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Sous nos yeux : Du 11-Septembre à Donald Trump

Publié par medisma sur 10 Juin 2017, 21:02pm

 

Présentation du livre

Sous nos yeux

Du 11-Septembre à Donald Trump

de Thierry MEYSSAN

Géopolitologue d’envergure internationale, Thierry MEYSSAN a choqué le monde en remettant en cause la version officielle des attentats du 11-Septembre. L’auteur, diabolisé par les médias pro-atlantistes, livre ici le résultat de 6 ans d’analyses explosives qui s’opposent frontalement à la narration qui en est faite quotidiennement dans nos « démocraties occidentales ». D’une richesse exceptionnelle et d’une puissance inouïe, ce nouveau livre s’inscrit dans la continuité de ses trois best-sellers précédents, et en est une suite logique, la conclusion d’une œuvre renversante.

Déto(n)nant

« Les faits et analyses présentés ici vont vous donner le vertige : pratiquement tout ce que vous croyez savoir sur les « Printemps arabes » et le terrorisme jihadiste relève de la propagande de guerre. Apprêtez-vous à vivre un choc. »

Le comportement de nos dirigeants semble être devenu irrationnel : sous prétexte de sauver les Libyens d’un dictateur qui aurait pu les tuer, nous en avons massacré 160 000 ; pour renverser le régime syrien, nous avons collaboré avec Al-Qaïda, alors que nous l’accusons des attentats du 11-Septembre et que nous le combattons au Mali ; pour défendre le projet de paix européenne, nous avons soutenu le coup d’État nazi en Ukraine ; etc.

Le monde est devenu sombre : depuis le 11-Septembre, l’usage de la torture s’est banalisé, des États ont été anéantis, plus d’un million de réfugiés se sont précipités en Europe, plus de trois millions de personnes ont été tuées par les guerres occidentales, le chaos s’installe au Moyen-Orient élargi. En apparence, pour rien.

S’appuyant sur son expérience et sur des documents inédits, Thierry MEYSSAN nous révèle par qui, pourquoi et comment a été conçu le « remodelage » de la région. Il met en lumière un affrontement interne aux États-Unis qui, tout en continuant à détruire le MoyenOrient élargi, s’étend désormais dans le monde occidental.

Écrit pour le grand public mais également destiné à un lectorat exigeant et avisé, cet ouvrage qui paraît simultanément en neuf langues est destiné à devenir un ouvrage de référence. Fourmillant d’informations précises, il livre les clés de ce que le monde subit depuis 15 ans, quand a débuté la « guerre contre le terrorisme ». C’est le premier et unique témoignage d’une personnalité ayant vécu les événements dans plusieurs des pays concernés. Il nous alerte sur ce conflit planétaire de sorte que nous puissions le stopper.

 

« À n’en pas douter, les partisans de l’impérialisme ne manqueront pas de m’accuser de « complotisme », selon leur expression fétiche. C’est une injure facile qu’ils manient depuis 15 ans. Ils en ont fait un usage extensif depuis sa contestation de la version officielle des attentats du 11-Septembre. Ils persistent dans leur déni et se trahissent lorsqu’ils soutiennent publiquement Al-Qaïda en Libye et en Syrie alors qu’ils l’accusent de massacre aux États-Unis, en France, en Belgique, etc. »

- Thierry MEYSSAN

 

Avant-propos de l’auteur

Aucune connaissance n’est définitive. L’Histoire, comme toute autre science, est une remise en question de ce que l’on croyait certain et qui, au regard de nouveaux éléments, se trouve modifié, voire infirmé.

Je rejette le choix qui nous est proposé entre le « cercle de la raison » et la « pensée unique » d’une part, et les émotions et la « post-vérité » de l’autre. Je me situe sur un autre plan : je cherche à séparer les faits des apparences, et la vérité de la communication. Surtout, tant que des hommes tenteront d’en exploiter d’autres, je ne crois pas que les relations internationales puissent être totalement démocratiques et donc transparentes. Par conséquent, au-delà des ruses, il est par nature impossible d’interpréter avec certitude les événements internationaux lorsqu’ils surviennent. La vérité ne peut se faire jour qu’avec le temps. J’accepte l’idée de me tromper sur l’instant, mais je ne renonce jamais à remettre en cause mes impressions et à comprendre. Cet exercice est d’autant plus difficile que le monde souffre de guerres qui nous obligent à nous positionner sans attendre.

Pour ma part, j’ai pris le parti des innocents qui voient des inconnus pénétrer dans leurs villes et y imposer leur loi, des innocents qui entendent les télévisions internationales répéter le mantra selon lequel leurs dirigeants sont des tyrans et qu’ils doivent céder la place aux Occidentaux, des innocents qui refusent de se soumettre et sont alors écrasés par les bombes de l’OTAN. Je revendique d’être à la fois un analyste tentant d’observer avec objectivité et un homme portant secours à ceux qui souffrent avec les moyens dont il dispose.

En écrivant ce livre, je prétends aller au plus loin des documents et des témoignages directs actuels. Cependant, à la différence des auteurs qui m’ont précédé, je ne cherche pas à démontrer le bienfondé de la politique de mon pays, mais à comprendre l’enchaînement des événements, dont il se trouve j’ai été à la fois un objet et un sujet.

Certains prétendront que, contrairement à ma profession de foi, je cherche en réalité à justifier mon action et que, consciemment ou inconsciemment, je fais preuve de partialité. J’espère qu’ils participeront à l’établissement de la vérité et publieront les documents que j’ignore.

Il se trouve précisément que mon rôle dans ces événements m’a permis d’apprendre et de vérifier de très nombreux éléments inconnus du grand public, et souvent de bien d’autres acteurs. Ce savoir, je l’ai acquis de manière empirique. Ce n’est que progressivement que j’ai compris la logique des événements.

Pour permettre au lecteur de suivre mon cheminement intellectuel, je n’ai pas écrit une Histoire générale du Printemps arabe, mais trois histoires partielles, à partir de trois points de vue diffé- rents : celui des gouvernements français successifs, celui des Frères musulmans, et celui des autorités états-uniennes.

Poursuivant leurs propres objectifs, les dirigeants français n’ont pas cherché à comprendre la logique des Frères musulmans, ni celle de leur suzerain états-unien, mais uniquement à retrouver les avantages de la colonisation et à s’enrichir. À la recherche du pouvoir, les Frères musulmans se sont placés au service du Royaume-Uni et des États-Unis, tout en s’interrogeant sur la manière de rallier la France à leur combat pour dominer les Peuples. Seuls Washington et Londres avaient toutes les informations sur ce qui se passait et ce qu’ils préparaient.

Le résultat ressemble donc à des poupées russes : on ne comprend que progressivement l’organisation d’événements qui paraissaient spontanés comme les tenants et les aboutissants de certaines décisions.

Mon témoignage est tellement différent de ce que les lecteurs ont pu lire ou entendre sur le même sujet que certains prendront peur des conséquences de ce que j’écris. D’autres au contraire s’interrogeront sur cette gigantesque manipulation et la manière d’y mettre fin.

Il est probable que ce livre, qui expose des centaines de faits, comporte quelques erreurs que je serai amené à corriger par la suite. Il est possible que l’une ou l’autre des corrélations que je mets en lumière ne soient dues qu’au hasard, mais certainement pas leur écrasante accumulation.

À n’en pas douter, les partisans de l’impérialisme ne manqueront pas de m’accuser de « complotisme », selon leur expression fétiche. C’est une injure facile qu’ils manient depuis 15 ans. Ils en ont fait un usage extensif depuis que je conteste la version officielle des attentats du 11 septembre 2001. Ils persistent dans leur déni (ou mensonge ?) et se trahissent lorsqu’ils soutiennent publiquement Al-Qaïda en Libye et en Syrie alors qu’ils l’accusent de massacre aux États-Unis, en France, en Belgique, etc.

En définitive, une fois les erreurs mineures corrigées, c’est à cette accumulation de faits que chacun, s’il est sincère, devra répondre en proposant une explication logique et cohérente.

 

Présentation 

En décembre 2010, l’immolation du jeune Mohamed Bouazizi met le feu à toutes les dictatures du Proche-Orient. Elle initie une révolte populaire en Tunisie, qui débouche rapidement sur l’éviction de Ben Ali, suivie de celle de Moubarak contraint à la fuite par les manifestations populaires du Caire. Peu de temps après, les Libyens se débarrassent du tyran Kadhafi grâce à l’aide de l’OTAN ; mais malheureusement, malgré six années de guerre civile, le peuple syrien subit toujours le joug du sanguinaire Bachar, qui bénéficie de l’appui diplomatique et militaire du sinistre Poutine et des mollahs du Hezbollah et de l’Iran. Dans le même temps, la « France-pays-des-Lumièreset-de-la-Liberté » est durement touchée à plusieurs reprises par des attentats : c’est notre mode de vie qui est menacé par des fanatiques qui n’aiment ni le foot, ni le rock, ni la bière consommée en terrasse…

Si vous êtes d’accord avec ce qui précède, – la narration de la quasi-totalité des médias occidentaux –, vous devez plus que tout autre vous hâter de lire cet ouvrage. Il est en effet grand temps d’ouvrir les yeux et de regarder la réalité en face ! Les faits et analyses présentés dans ce livre vont vous choquer : pratiquement tout ce que vous croyez savoir sur les « Printemps arabes » et le terrorisme jihadiste relève de la propagande de guerre. Apprêtez-vous à vivre un choc, salutaire, ou reposez ce livre et continuez à vivre dans le déni et l’ignorance.

Si vous avez déjà des doutes sur les rebelles « modérés », les « Amis de la Syrie », l’instauration de la démocratie par nos alliés qataris, saoudiens et états-uniens, ou encore l’action de la « Coalition internationale » contre Daech, vous apprécierez certainement à leur juste mesure les informations qu’apporte ici le seul Occidental à avoir vécu sur le terrain, aussi bien en Libye qu’en Syrie, depuis le début de ces conflits néocoloniaux.

 

Les principales révélations :

Les clauses des annexes des Traités franco-britanniques de Lancaster House • Le traité secret Juppé / Davutoglu

• Le Plan du Foreign Office pour placer les Frères musulmans au pouvoir dans le monde arabe

• Le Plan du secrétariat général des Nations Unies pour la capitulation totale et inconditionnelle de la Syrie

• La réunion internationale de préparation de l’invasion de l’Irak par Daech

Le projet de ce livre n’est pas de présenter une Histoire générale du Printemps arabe, mais plutôt trois histoires parallèles, à partir de trois points de vue différents : celui des gouvernements français successifs, celui des Frères musulmans, et celui des autorités US. Poursuivant leurs propres objectifs, les gouvernements français n’ont pas cherché à comprendre la logique des Frères musulmans, ni celle de leur suzerain états-unien, mais uniquement à retrouver les avantages de la colonisation. À la recherche du pouvoir, les Frères musulmans se sont placés au service du RoyaumeUni et des États-Unis, tout en s’interrogeant sur la manière de rallier la France à leur combat pour dominer les Peuples. Seuls Washington et Londres avaient toutes les informations sur ce qui se passait et ce qu’ils préparaient. Le résultat ressemble donc à des poupées russes : on ne comprend que progressivement l’organisation d’événements qui paraissaient spontanés, comme les tenants et les aboutissants de certaines décisions.

 

Synopsis : L’ouvrage retrace les relations internationales depuis les attentats du 11 septembre 2001. Il décrit et analyse les stratégies visant à maintenir les ÉtatsUnis en position dominante sur le reste du monde. Il révèle le rôle des Britanniques dans l’organisation des « Printemps arabes » et le conflit qui a opposé secrètement les résistants arabes et la Russie à l’État profond US. Il se conclut avec l’arrivée d’un Président anti-impérialiste à la Maison-Blanche et le transfert de l’affrontement aux États-Unis eux-mêmes.

Composition : L’ouvrage retraçant le rôle de plusieurs dizaines d’États différents, qu’ils se soient adaptés à la domination US ou qu’ils l’aient contestée, a été rédigé d’une manière originale. Ces quinze années sont racontées trois fois de manières différentes, selon le point de vue : d’abord vues de Paris, où les gouvernements successifs suivent les événements sans les comprendre ; puis vécues par les Frères musulmans, qui structurent les groupes jihadistes pour le compte de Londres et de Washington ; enfin pensées par les Anglo-Saxons.

Intérêt de l’ouvrage : Écrit par un acteur de la période – l’auteur a été consultant ou membre des gouvernements vénézuélien, iranien, libyen et syrien –, il raconte les événements de manière lisible pour le grand public. Il s’appuie sur des documents dont les plus importants n’ont jamais été publiés, ni même mentionnés dans la presse. La théorie de l’auteur heurte le discours médiatique, cependant elle fournit la seule explication plausible des « révolutions » et des guerres que nous venons de vivre.

Remarque : Ce livre fourmille d’informations précises. Il sera forcément un ouvrage de référence dans les années à venir, y compris pour ceux qui – dans un premier temps – en contesteront le contenu.

 

Extraits du livre

Extrait de la première partie Les « Printemps arabes », vus de Paris

La politique extérieure de la France, jadis guidée par la vision stratégique de Charles de Gaulle, laisse progressivement la place à la recherche par quelques-uns de l’argent facile. Après avoir résisté à l’impérialisme états-unien, Jacques Chirac se retire du combat et mêle les affaires de l’État et ses affaires personnelles. Nicolas Sarkozy sert les intérêts US tout en négociant au passage pour lui-même tout ce qui peut l’être. François Hollande va plus loin encore en plaçant la République au service de quelques intérêts privés qui forment le nouveau parti de la colonisation. Toujours à la recherche de plus d’argent, la France se met successivement au service de la Turquie, du Qatar, puis de l’Arabie saoudite.

JACQUES CHIRAC, « L’ARABE »

Jacques Chirac tient Hafez el-Assad en très haute estime. Il voit en lui une personnalité exceptionnelle ayant une vision pour son pays et sa région. La France l’avait combattu durant certaines phases de la guerre civile libanaise. Elle lui reprochait publiquement d’être responsable de l’assassinat de son ambassadeur à Beyrouth, Louis Delamare (1981), qui fut immédiatement suivi en réplique par l’attentat ordonné par le Président François Mitterrand contre le bureau national de la conscription militaire à Damas qui fit 175 morts. Après la défaite syrienne face à Israël, en 1967, Hafez el-Assad avait pris le pouvoir en s’appuyant à la fois sur des partisans du Baas et sur des aventuriers, dont son propre frère Rifaat. Ce dernier devint le compagnon régulier de golf de François Mitterrand et l’ami d’Abdallah, le futur roi d’Arabie saoudite. En 1982, alors qu’il vivait entre la France et la Syrie, il organisa un attentat rue Marbeuf à Paris contre la revue Al-Watan Al-Arabi qui l’avait critiqué. Son amitié avec le Président Mitterrand détourna l’enquête de police. Son pays fut accusé à sa place du crime et la France expulsa deux diplomates syriens dont le responsable des Renseignements, Michel Kassoua. En définitive, l’affaire ne pesa pas sur les relations entre les deux États.

Jacques Chirac est le seul chef d’État étranger à se rendre aux obsèques d’Hafez el-Assad (2000). Alors qu’un mouvement d’opposition traverse le pays, la France reconnaît la désignation de Bachar el-Assad par le parti Baas pour succéder à son père.

Jouant au mentor, Jacques Chirac – que l’on surnomme « l’Arabe » tant son autorité est reconnue par les chefs d’État de la région – tente d’introduire Bachar sur la scène internationale. Mais le jeune homme n’entend pas se laisser dicter sa conduite. Chirac négocie avec le nouveau Président de sorte que Total puisse exploiter plusieurs champs pétroliers syriens. Au moment de l’appel d’offre officiel, la proposition de Total s’avère outrageusement désavantageuse. Elle est pourtant soutenue par de hauts fonctionnaires syriens, y compris le conseiller économique du Président, Nibras el-Fadel, dont on ne tarde pas à découvrir qu’il joue un double jeu pour le compte de Total et du patron syro-britannique de Petrofac, Ayman Asfari. Apprenant cette corruption, Assad sanctionne Total en l’écartant de l’appel d’offre, ce qui provoque la fureur de Chirac.

Jacques Chirac éprouve une déconvenue semblable au Liban. Au nom de la France, il a négocié avec son ami personnel, le Premier ministre Rafic Hariri, le droit d’explorer les eaux territoriales libanaises à la recherche de pétrole. Il envoie un bâtiment de la Marine nationale pour effectuer la prospection, mais le Président libanais, Émile Lahoud, en est informé, et convoque l’ambassadeur de France. Il lui signifie que les arrangements personnels de M. Hariri n’engagent pas son pays et que le bâtiment de guerre français est prié de quitter les lieux.

Réagissant à ces rappels à l’ordre, Chirac évite d’adresser la parole aux Présidents syrien et libanais. (…)

 

Extrait de la deuxième partie Les « Printemps arabes », vécus par les Frères musulmans

En 1951, les services secrets anglo-saxons constituèrent, à partir de l’ancienne organisation homonyme, une société secrète politique : les Frères musulmans. Ils l’utilisèrent successivement pour assassiner des personnalités qui leur résistaient, puis à partir de 1979 comme mercenaires contre les Soviétiques. Au début des années 1990, ils les incorporèrent à l’OTAN et dans les années 2010 tentèrent de les porter au pouvoir dans les pays arabes. Les Frères musulmans et l’Ordre soufi des Naqchbandis sont financés à hauteur d’au moins 80 milliards de dollars annuels par la famille régnante saoudienne, ce qui en fait une des armées les plus importantes au monde. La totalité des leaders jihadistes appartient à ce dispositif militaire.

Les Frères Musulmans Egyptiens

Quatre empires disparaissent durant la Première Guerre mondiale : le Reich germanique, l’Empire austro-hongrois, la Sainte Russie tsariste, et la Sublime Porte ottomane. Les vainqueurs manquent totalement de mesure en imposant leurs conditions aux vaincus. Ainsi, en Europe, le Traité de Versailles détermine des conditions inacceptables pour l’Allemagne qu’il rend seule respon sable du conflit. En Orient, le dépeçage de l’Empire ottoman se passe mal : à la confé- rence de San Remo (1920), conformément aux accords secrets Sykes-Picot (1916), le Royaume-Uni est autorisé à constituer le foyer juif de Palestine, tandis que la France peut coloniser la Syrie (qui incluait à l’époque le Liban actuel). Cependant, dans ce qui reste de l’Empire ottoman, Mustafa Kemal se révolte à la fois contre le Sultan qui a perdu la guerre et contre les Occidentaux qui s’emparent de son pays. À la conférence de Sèvres (1920), on découpe l’Empire en petits bouts pour créer toutes sortes de nouveaux États, dont un Kurdistan. La population turcomongole de Thrace et d’Anatolie se soulève et porte Kémal au pouvoir. En définitive, la conférence de Lausanne (1923) trace les frontières actuelles, renonce au Kurdistan et organise de gigantesques transferts de population qui font plus d’un demi-million de morts.

Mais, de même qu’en Allemagne Adolf Hitler contestera le sort de son pays, au ProcheOrient, un homme se lève contre le nouveau partage de la région. Un instituteur égyptien fonde un mouvement pour rétablir le Califat que les Occidentaux ont vaincu. Cet homme est Hassan el-Banna et cette organisation, ce sont les Frères musulmans (1928).

Le Calife, c’est en principe le successeur du Prophète auquel tous doivent obéissance ; un titre de fait très convoité. Plusieurs grandes lignées de califes se sont succédé : les Omeyyades, les Abbassides, les Fatimides et les Ottomans. Le prochain Calife devrait être celui qui s’emparera du titre, en l’occurrence le « Guide général » de la Confrérie qui se verrait bien en maître du monde musulman.

La société secrète se développe très rapidement. Elle entend œuvrer de l’intérieur du système pour rétablir les institutions islamiques. Les postulants doivent jurer fidélité au fondateur sur le Coran et sur un sabre, ou sur un revolver. Le but de la Confrérie est exclusivement politique, même si elle l’exprime en termes religieux. Jamais Hassan el-Banna ni ses successeurs ne parleront de l’islam comme d’une religion ou n’évoqueront une spiritualité musulmane. Pour eux, l’islam est uniquement un dogme, une soumission à Dieu et l’exercice du Pouvoir. Évidemment, les Égyptiens qui soutiennent la Confrérie ne la perçoivent pas ainsi. Ils la suivent parce qu’elle prétend suivre Dieu.

Pour Hassan el-Banna, la légitimité d’un gouvernement ne se mesure pas à sa représentativité comme on évalue celle des gouvernements occidentaux, mais à sa capacité à défendre le « mode de vie islamique », c’est-à-dire celui de l’Égypte ottomane du XIXe siècle. Jamais les Frères n’envisageront que l’islam ait une Histoire et que les modes de vie musulmans varient considérablement selon les régions et les époques. Jamais ils n’envisageront non plus que le Prophète a révolutionné la société bédouine et que le mode de vie décrit dans le Coran n’est qu’une étape fixée pour ces hommes. Pour eux, les règles pénales du Coran – la charia – ne correspondent donc pas à une situation donnée, mais fixent les lois immuables sur lesquelles le Pouvoir peut s’appuyer.

(…)

 

Extrait de la troisième partie Les « Printemps arabes », organisés par Washington

Lors de la dissolution de l’Union soviétique, les élites US crurent qu’une période de commerce et de prospérité succèderait à la Guerre froide. Cependant, une faction du complexe militaroindustriel imposa le réarmement en 1995, puis une politique impériale très agressive, en 2001. Ce groupe, qui s’identifie avec le « gouvernement de continuité » prévu en cas de destruction des institutions élues, prépara à l’avance les guerres d’Afghanistan et d’Irak qui ne furent lancées qu’après le 11-Septembre. Face à son échec militaire en Irak et à l’impossibilité d’attaquer l’Iran, ce groupe changea son fusil d’épaule. Il adopta le projet britannique de renversement des régimes laïcs du Moyen-Orient élargi et de remodelage de la région en petits États administrés par les Frères musulmans. Progressivement, il prit le contrôle de l’OTAN, de l’Union européenne et de l’ONU. Ce n’est que plusieurs millions de morts et des milliers de milliards de dollars plus tard qu’il fut contesté aux États-Unis par l’élection de Donald Trump, et en France par François Fillon.

 

SUPREMATIE ETATS-UNIENNE

Lorsque la Seconde Guerre mondiale prit fin, les États-Unis se trouvèrent être la seule nation victorieuse à ne pas avoir éprouvé la guerre sur son sol. Profitant de son avantage, Washington choisit de succéder à Londres dans le contrôle de son Empire et d’entrer en conflit avec Moscou. Durant 44 ans, une Guerre froide succéda à la Guerre chaude. Lorsque l’Union soviétique commença à vaciller, le Président George H. Bush Sr imagina qu’il était temps de faire du business. Il entreprit de réduire les armées et ordonna une révision de la politique étrangère et de la doctrine militaire.

Washington affirma alors dans sa National Security Strategy of the United States (1991) que « Les États-Unis demeurent le seul État avec une force, une portée et une influence en toute dimension – politique, économique et militaire – réellement globales. Il n’existe aucun substitut au leadership américain ». C’est pourquoi ils réorganisèrent le monde lors de l’opération « Tempête du désert » : ils poussèrent leur allié koweïtien à la fois à voler du pétrole irakien et à réclamer des arriérés de remboursement de son aide prétendument gratuite contre l’Iran. Puis, ils encouragèrent leur allié irakien à résoudre ce problème en annexant le Koweït dont les Britanniques l’avaient arbitrairement séparé 30 ans plus tôt ; enfin, ils invitèrent tous les États de la planète à les soutenir dans la réaffirmation du droit international en lieu et place des Nations Unies.

Depuis la dissolution de l’URSS, la domination états-unienne sur le monde a pris forme au travers de quatre guerres conduites sans l’aval des Nations Unies : en Yougoslavie (1995 et 1999), en Afghanistan (2002), en Irak (2003) et en Libye (2011). Cette période a pris fin avec les six veto chinois et les sept russes au Conseil de sécurité de l’ONU interdisant explicitement un conflit ouvert contre la Syrie.

À peine la Guerre du Golfe terminée, le républicain George H. Bush Sr demandait à Paul Wolfowitz de rédiger le Defense Policy Guidance (document classifié, mais dont des extraits ont été publiés par le New York Times et le Washington Post). Ce militant trotskiste, et futur secrétaire adjoint à la Défense, y a théorisé la suprématie étatsunienne.

« Notre premier objectif », écrivait-il alors, « est de prévenir la réémergence d’un nouveau rival, que ce soit sur le territoire de l’ancienne Union soviétique ou n’importe où, qui présenterait une menace comparable à celle de l’ancienne URSS. Ceci est le souci dominant qui sous-tend la nouvelle stratégie de défense régionale et requiert que nous nous engagions à prévenir tout pouvoir hostile de dominer une région dont les ressources pourraient, s’il en prenait le contrôle, s’avérer suffisantes pour en faire une puissance globale. Ces ré- gions comprennent l’Europe, l’Extrême-Orient, les territoires de l’ancienne Union soviétique, et l’Asie du Sud-Est.

Il y a trois aspects additionnels à cet objectif :

- « Premièrement, les USA doivent faire preuve du leadership nécessaire pour établir et garantir un nouvel ordre mondial apte à convaincre les compétiteurs potentiels qu’ils ne doivent pas aspirer à un rôle régional plus important ni prendre une posture plus agressive pour défendre leurs intérêts légitimes.

 

- Deuxièmement, dans les zones de non-défense, nous devons représenter suffisamment les intérêts des pays industrialisés de manière à les décourager de concurrencer notre leadership ou de chercher à renverser l’ordre politique et économique établi.

- Enfin, nous devons conserver les mécanismes de dissuasion des compétiteurs potentiels afin de prévenir qu’ils soient tentés de jouer un rôle régional plus important ou un rôle global.»

La « doctrine Wolfowitz » était censée prévenir une nouvelle Guerre froide et garantir aux États-Unis le rôle de « gendarme du monde ». Le Président Bush Sr démobilisa massivement ses armées parce qu’elles ne devaient plus être qu’une simple police. C’est pourtant à l’inverse que nous avons assisté : d’abord avec les quatre guerres précitées, ainsi qu’avec la guerre contre la Syrie, puis celle en Ukraine contre la Russie....

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