Cette manne qui enrichit et appauvrit !
Les pays pétroliers croulent de nouveau sous les pétrodollars. Néanmoins, ils
font tout pour se débarrasser de cette devise en perte de vitesse, ayant simplement retenu les leçons du passé : Ils s’en soulagent donc en réduisant leur dette, en équilibrant leur budget
et en investissant dans leurs infrastructures tout en continuant à acheter armements, avions et autres bons du Trésor américains, aidant ainsi les Etats-Unis à financer l’énorme déficit de leur
compte courant.
Les pays pétroliers engrangent des centaines de milliards de dollars. Et ce phénomène n’a rien de nouveau. Déjà, dans les années 1970, les pays producteurs croulaient sous les pétrodollars. Déjà, relève The Economist, le Vénézuélien Juan Pablo Pérez Alfonso, l’un des fondateurs de l’OPEP, tirait la sonnette d’alarme : "Le pétrole est l’excrément du diable. Il crée de nombreux problèmes… Voyez cette folie : gaspillage, corruption, consommation, effondrement de nos services publics. Et la dette, la dette que nous devrons supporter pendant des années." De fait, les pays pétroliers n’ont guère fait profiter leur population des précédentes hausses du cours de l’or noir.
Mais aujourd’hui, estime l’hebdomadaire britannique, il semblerait qu’ils
agissent plus intelligemment. Plusieurs pays, dont l’Azerbaïdjan, le Mexique, la Russie ou le Kazakhstan, ont ainsi suivi l’exemple de la Norvège, en créant un fonds spécial pour gérer les
recettes pétrolières, détaché du budget. Ce qui n’empêche pas des dérapages : l’Iran, par exemple, puise allègrement dans cette cagnotte pour combler les déficits courants de l’Etat. Plusieurs
pays du Golfe, dont l’Arabie Saoudite, profitent de la manne pétrolière pour éponger une partie de leur dette publique et équilibrer leur budget. Mais tous ne sont pas aussi vertueux. The
Economist déplore ainsi que le président vénézuélien, Hugo Chávez, utilise l’argent du pétrole "pour augmenter les dépenses sociales, de manière politiquement intelligente, mais
économiquement imprudente".
La hausse des cours du brut se traduit également par un boom de la construction dans les monarchies pétrolières : centrales électriques, complexes pétrochimiques, autoroutes, hôtels de luxe, tours de bureaux, villes nouvelles et centres commerciaux poussent comme des champignons. Dubaï, par exemple s’est déjà positionné comme le centre du tourisme et des affaires de la région.
Cette manne inattendue fait nombre d’heureux mais laisse sur le pavé beaucoup de malheureux…..