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Anniversaire franco-marocain : Mars 1912 ou la signture du traité de protectorat

Publié par medisma sur 23 Mars 2008, 17:15pm

Catégories : #lintegral

La France, le Maroc et le cri de détresse de Jean Jaurés

MY-Pho13-copie-1.jpg Monsieur Regnault, représentant du gouvernement français, arriva à Fés le 24 mars 1912 porteur d’un projet de traité du protectorat. Il y trouva une atmosphère particulièrement lourde car la nouvelle avait déjà transpiré au sein de la population. Cette dernière en voulait particulièrement au Sultan.

Sachant l’hostilité du peuple marocain à son égard, et après maints altermoiements et longues hésitations et par intérêt pour sa personne, Moulay Hafid finit par apposer sa signature sous la condition expresse que la France accepterait son abdication, son voyage en France à la charge du gouvernement français, le transfert de son harem à Tanger et une liste civile substantielle.

L’acte de protectorat signé le 30 mars 1912, constituait bien évidemment le couronnement d’une politique française menée  de longue halène avec force patience, mêlant mensonge et trahison, hypocrisie et ruse, mort et désolation, spéculation et corruption…

La France, en finalisant sa mainmise sur le Maroc, achève le triptyque de ses possessions françaises en Afrique du nord. Pourtant, la situation dans le Royaume Chérifien demeure intensément explosive, voire incontrôlable.

Et pour l’Hexagone, ce fut le début d’une pénible, longue et singulière aventure….

Et pour Jean Jaurès, le député socialiste français et vice-président de la Chambre des députés, de stigmatiser la politique de son pays en ces termes:

G14-03.jpg" J'ai été stupéfait à maintes reprises, depuis des années de la facilité avec laquelle nous violions nos engagements les plus formels. A peine avions-nous signé le traité international d'Algésiras, nous n'avions d'autre pensée que de le tourner, de l'éluder, d'en forcer et d'en briser le sens. A chaque violation nouvelle, la Chambre affirmait avec une gravité comique sa volonté de respecter le traité, et à force de respecter 'l'intégrité du Maroc et l'indépendance du Sultan', nous avons envahi le Maroc jusqu'au coeur et nous avons mis le Sultan en tutelle."

Et le leader politique d'ajouter:

" Et quel trouble dans notre politique, quelle confusion, quel discrédit de notre diplomatie auprès de l'étranger quand l'étranger constate que c'est à des combinaisons de cet ordre qu'aboutit obscurément la politique officielle".

Et cet ardent pacifiste d'écrire à propos de cette folle et sanguinolente aventure:

" Si un autre peuple s'était conduit ainsi envers nous, s'il avait violé aussi continûment et aussi cyniquement un traité qui le liait en nous liant, nous aurions débordé de l'indignation la plus véhémente....Nous n'avions pas eu pour nous-mêmes la moindre sévérité de conscience, nous n'avons pas songé un instant que les autres avaient des titres et qu'ils pouvaient s'émouvoir comme nous-mêmes nous nous serions émus".

Cette profession de foi témoignait non seulement de l'élévation morale de l'homme mais de sa lucidité politique au moment où gouvernement français et gouvernement espagnol, Paribas et consoeurs, compagnies  et spéculateurs divers, menaient des pourparlers secrets pour se partager cette belle proie qu'est le Maroc, garantie par le traîté d'un protectorat imposé. Mais la population " indigène et miséreuse " du pays, en levant l'étendard de la sédition, contrecarrait  leur projet.

Jaurès, en dénonçant donc les supercheries du colonisateur, avait mis à nu les atteintes portées par la France à un royaume souverain depuis des siècles.

Et les marocains ne pouvaient accepter cette omnipotence attentatrice à leur indépendance. D'ailleurs, ils ne l'acceptèrent jamais....Et ils surent plus tard briser par la force la contrainte que cette force leur avait imposée.

 Medisma

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