En 1880, seul le
Maroc berbéro-arabe, ayant échappé à la tutelle ottomane est demeuré indépendant. Toutefois, il faisait l’objet de convoitises de la part des puissances européennes qui rêvaient chacune en son
fonds intérieur, de s’en emparer. La France en particulier
manifestait ardemment auprès de ces mêmes puissances son profond désir de s’approprier l’empire chérifien. Elle, qui a usé par le passé de subterfuges pour faire main basse sur le Maroc.
En effet et dés 1808, Napoléon 1er au zénith de sa gloire, envoya au Royaume un espion, un certain Antoine Burel, polytechnicien et officier du génie, déguisé en émissaire porteur d’une lettre au Sultan. Mais sa véritable mission est de rendre compte de l’état des fortifications et de la force des armées afin de permettre l’élaboration d’un plan pour la conquête du pays. L’Empereur du Maroc Moulay Slimane reçut en grande pompe M. Burel accompagné du consul de France à Tanger et désigna son frère Moulay Abdeslam pour le représenter dans les pourparlers avec les émissaires français.
Ces derniers firent remarquer au prince marocain que le Maroc collabore étroitement avec l’Angleterre et qu’il a permis aux troupes britanniques d’occuper l’îlot de Perjil (eh oui) à côté de Ceuta, et que c’était là «une agression manifeste et que la neutralité s’y trouvait blessée ».
Moulay Abdeslam lui répondit que le Maroc observait une neutralité absolue et ne ferait la guerre qu’à ceux qui le voudraient.
Le soir même, les français furent congédiés et un secrétaire du Sultan les accompagna jusqu’à Tanger.
Mais les difficultés de la France en Espagne avec la capitulation du général Dupert le 22 juillet 1808 et l’évacuation française de Madrid suite à la révolte des espagnols, décida Napoléon de surseoir à toute conquête du Maroc.
Moulay Slaoui, proche du souverain chérifien, considéra l’empereur français comme « le grand coupable qui est sans cesse occupé à injurier tous les serviteurs d’Allah ».
La politique napoléonienne au Maroc se soldait alors par un grand échec.
Depuis, l’empire chérifien s’isolait à peu prés totalement du monde extérieur : La plupart des ports furent fermés aux étrangers
et un droit de 50% fut imposé sur les importations, tandis que les exportations des produits marocains (blé, huile, laine et autres) étaient prohibés. La colonie européenne se réduisit à une
centaine de personnes à Tanger où les consuls vivaient relégués, sans contact avec les réalités du pays.
Moulay Slimane voyait dans le contact et le commerce avec l’étranger un appauvrissement économique et un risque pour l’Islam.
Et c’est l’occupation française de l’Algérie en 1830 qui allait basculer cet
isolement.
Medisma