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Louis XIV, l’homme et le souverain

Publié par medisma sur 15 Janvier 2009, 22:49pm

Catégories : #lintegral

Selon Imbert de Saint-Amand, la vie de Louis XIV gagne, quoi qu'on en dise, à etre examinée de prés.

En effet défauts et qualités, tout fut grand dans ce type accompli de la monarchie

absolue, de la royauté de droit divin.

Louis XIV n'était pas seulement majestueux, il était aussi agréable. Les membres de sa famille, ses ministres, les personnes de son entourage, ses domestiques, l'aimaient.

Ce souverain, intimidant était pourtant plein de bienveillance et d'affabilité. "Jamais homme si naturellement poli, ni d'une politesse si fort mesurée, ni qui distinguant mieux l'age, le mérite, le rang... Jamais il ne lui échappa de dire rien de désobligeant à personne."….

Ce souverain, qui a donné des marques d'un égoisme cruel, avait cependant parfois d'exquises délicatesses de coeur. Mme de La Fayette, bon juge en matiere de sentiment, le constate aussi dans ses Memoires: "Le roi, qui a l'ame bonne, a une tendresse extraordinaire, surtout pour les femmes." Avec son incontestable beauté de taille et de visage, sa douceur majestueuse, le son de sa voix pénétrante; avec cette courtoisie chevaleresque, cette politesse exquise envers les femmes de tout rang, cette supreme élégance de manières et de langage, il aurait eu meme, comme simple particulier, le don de se faire distinguer entre tous," C'était un supreme artiste, qui jouait avec aisance et conviction son role de roi; c'etait aussi un poète, qui aurait dit volontiers avec Alfred de Musset:

Etre admiré n'est rien, l'affaire est d'etre aimé.

Poete en action, dont l'existence, faite pour frapper l'imagination de ses sujets, se déroulait comme une série non interrompue d'actes grandioses et merveilleux; souverain épris de gloire et d'idéal, "qui se complaisait dans l'admiration des grandes batailles, des actes d'héroisme et de courage, dans les appareils guerriers, dans les opérations du siège savamment combinées, dans les terribles melées de la guerre et au milieu des forets, dans le bruyant tumulte des grandes chasses ».

Louis XIV, sur son lit de mort, s'accusait d'avoir trop aimé la guerre; il pouvait encore s'adresser beaucoup d'autres reproches sur sa vie passée, mais on se tromperait en croyant que le plaisir y avait occupé la première place. Pendant toute la durée de son règne, il ne cessa jamais de travailler huit heures par jour. Il avait donc le droit d'écrire, dans les mémoires destinés à servir d'instruction a son fils, que, "pour un roi, ne pas travailler, c'est de l'ingratitude et de l'audace à l'egard de Dieu, de l'injustice et de la tyrannie à l'egard des hommes. Ces conditions, disait-il, qui pourront quelquefois vous sembler rudes et facheuses dans une si haute place, vous paraitraient douces et aisées, s'il s'agissait d'y parvenir... Rien ne vous serait plus laborieux qu'une grande oisiveté, si vous aviez le malheur d'y tomber. Dégouté premièrement des affaires, puis des plaisirs, vous seriez enfin dégouté de l'oisiveté elle-meme." Le travail était pour le Grand Roi une source de satisfactions incessantes.

"Avoir les yeux ouverts sur toute la terre, ajoutait-il, apprendre incessamment les nouvelles de toutes les provinces et de toutes les nations, le secret de toutes les cours, l'humeur et le faible de tous les princes et de tous les ministres étrangers, etre informé d'un nombre infini de choses qu'on croit que nous ignorons, voir autour de nous-meme ce qu'on nous cache avec le plus grand soin, découvrir les vues les plus éloignées de nos propres courtisans, je ne sais quel autre plaisir nous ne quitterions pas pour celui-là, si la seule curiosité nous le donnait."

Louis XIV essayait ensuite de prémunir le dauphin contre le danger des favoris et le danger plus grand encore des favorites. Lui-meme se faisait certaines illusions à leur égard et se vantait à tort, dans ce mémoire, de n'avoir jamais été dominé par aucune d'elles. "Comme le prince devrait toujours etre un parfait modèle de vertu, disait-il enfin, il serait bon

qu'il se garantit des faiblesses communes au reste des hommes, d'autant qu'il est assuré qu'elles ne sauraient demeurer cachées."

On sait combien Louis XIV s'était écarte de ces sages et belles maximes; mais 1682 est le commencement du repentir, l'annéee ou le roi revient définitivement à la vertu, où il médite pratiquement sur les avantages de la règle et du devoir, meme au point de vue humain. En outre, les paroles des grands sermonnaires retentissaient à son oreille plus puissamment que

de coutume, et la voix de sa conscience dominait enfin celle des passions. Du fond du cloitre où elle etait enfermée depuis dejà huit ans, la duchesse de La Valliere, devenue soeur Louise de la Misericorde, lui inspirait par l'exemple de sa pénitence de pieuses réflexions et de salutaires résolutions. Jamais, s'il faut en croire un judicieux critique, elle ne fut plus présente à la pensée du roi; jamais elle ne lui apparut sous des traits plus divins que depuis qu'elle avait abandonné la cour. Il lui accordait avec joie ce qu'elle demandait, non pas pour elle, mais pour des personnes de sa famille, et il était heureux d'apprendre que la reine et toute la cour donnaient à la sainte carmélite des marques d'intéret et de vénération. C'est ainsi qu'au pied des autels, soeur Louise de la Misericorde demandait a Dieu et obtenait la conversion

de Louis XIV. Quand on pense que dés l'age de quarante-quatre ans, dans la plénitude de

la force morale et physique, à l'apogée de sa gloire, ce monarque tout-puissant mit fin a tout scandale et mena jusqu'a sa mort une vie privée irréprochable au milieu de tant de séductions, on ne peut s'empecher de rendre hommage à un pareil triomphe de la prière et du

sentiment religieux. La conscience de la dignité royale, qu'on lui a reprochée comme exagérée, n'était pas chez lui un orgueil coupable et incompatible avec le respect de la Divinité. Croyant à l'autel et au trone, il avait foi d'abord en Dieu, puis en lui-meme. Son idéal, c'était le ciel, et, au-dessous du ciel, la royauté;--la royauté représentant le droit de la

force et la force du droit, la royauté majestueuse, tutélaire, répandant, comme le soleil, sur les pauvres et les riches, sur les petits et les grands, la splendeur et les bienfaits de ses rayons. Louis XIV se mesurait lui-meme avec une haute justice. Autant il se trouvait grand devant les

hommes, autant il se trouvait petit devant Dieu. Mieux qu'aucun autre, il aurait pu s'appliquer ce vers de Corneille:

Pour etre plus qu'un roi, te crois-tu quelque chose?

Le souverain qui aurait défié tous les monarques réunis s'agenouillait humblement devant un pretre obscur. Le digne héritier de Charlemagne demandait pardon de ses fautes au fils d'un paysan. C'est ce mélange d'humilité chrétienne et de fierté royale qui donne à la physionomie de Louis XIV un caractère si imposant. Les sentiments religieux que sa mère

lui avait inculqués des le berceau lui revenaient sans cesse à l'esprit, meme dans ses plus regrettables écarts. Quand il était enfant, cette mère passionnée s'agenouillait devant lui, en s'écriant avec transport: "Je voudrais le respecter autant que je l'aime," cette exclamation n'était pas une flatterie banale. C'était, pour ainsi dire, un acte de foi dans le

principe de la royauté. Les premières impressions de l'enfant ne firent que se fortifier dans

l'homme. Il y eut toujours en lui du souverain et du pontife. Ame de l'Etat, source de toute grace, de toute justice, de toute gloire, il se considérait comme le lieutenant de Dieu sur la terre, et c'est en cette qualité qu'il avait pour lui-meme une sorte de vénération dans laquelle

les grands prédicateurs eux-memes ne faisaient que l'affermir. Les idées gouvernementales de Bossuet sont le commentaire de cette foi politique, associée intimement à la foi religieuse dont elle est le corollaire. Pour le grand éveque comme pour le grand roi, la royauté est un sacerdoce, et un souverain qui n'aurait pas le sentiment de la dignité monarchique serait presque aussi blamable qu'un pretre qui n'aurait pas le respect du culte dont il est le ministre. Ce fut à cette théorie, essence meme du pouvoir royal, que Louis XIV dut le prestige d'attitude physique et morale que Saint-Simon appelle "la dignité constante et la règle continuelle de son extérieur".

L'ascendant qu'il se croyait non seulement en droit, mais en devoir d'exercer sur tous ses sujets, quels qu'ils fussent, se faisait particulièrement sentir sur ceux qui l'approchaient. Le gouvernement de sa cour, de sa famille, était soumis aux memes doctrines et aux memes règles que les affaires d'Etat. L'autorité paternelle se combinait en lui avec l'autorité royale. Rien n'échappait à son controle. Ses volontés étaient autant d'arrets irrévocables, et son fils, le dauphin, se conduisait à son égard comme le plus soumis et le plus respectueux de tous les courtisans.

Les siècles révolutionnaires peuvent critiquer un tel systeme, il n'en est pas moins appréciable. Le principe d'autorité, qui s'impose à la nature elle-meme, comme la règle générale de la création, est la base de toute société bien organisée.

La gloire de Louis XIV, c'est d'avoir été le représentant convaincu, le symbole vivant de ce principe; c'est d'avoir compris que là où il n'y a point de discipline religieuse il n'y a point de discipline politique, et que là où il n'y a pas de discipline politique il n'y a pas de discipline militaire. Les memes théories sont applicables aux églises, aux palais et aux camps. L'autorité indispensable est plus précieuse encore que les libertés nécessaires, et en fait de gouvernement, comme en fait d'art, pas de beauté possible sans unité. L'aspiration constante vers l'unité, qui est l'harmonie, fut tout le programme de Louis XIV. C'est pour cela que Napoléon, excusant les défauts du souverain dont il était bien fait pour apprécier la gloire, disait avec admiration:

"Le soleil n'a-t-il pas des taches? Louis XIV fut un grand roi. C'est lui

qui a élevé la France au premier rang des nations. Depuis Charlemagne,

quel est le roi de France qu'on puisse comparer à Louis XIV sous toutes

ses faces?"

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