Il y a 216 ans (le 21 janvier 1793) le Roi Louis XVI fut guillotiné. Cette date importante de l'histoire de France marque l’exécution d’un acte barbare prémédité, au nom d’une nation
égarée, à l’encontre d’un jeune souverain de toute bonté, par des hordes de brigands sinistres et dépravés.
Le procès
Louis XVI parut à la barre de la convention le 11 décembre 1792. On a, sur cette séance, le témoignage
précieux, car impartial, d’un gentleman britannique, Yorke. La dignité parfaite, le maintien sûr, le regard sans faiblesse avec lequel le roi considéra les travées garnies de députés et les
tribunes du public, en imposèrent, laisse-t-il entendre, aux plus forcenés. Cependant, il y avait peu de gens d’apparence respectable dans les galeries « qui semblaient remplies de la
plus basse canaille ».
Pourtant, le Roi avait décidé de répondre à l’interrogatoire de la convention. On lui reprochait d’avoir « commis une multitude de crimes pour rétablir la tyrannie en détruisant la
liberté ».
Doux, tranquille, simple, souvent victorieux, il se disculpa point par point.
L’anglais York fut surtout ému de l’indignation douloureuse avec laquelle l’infortuné souverain répondit à l’accusation injuste d’avoir versé le sang, lui qui était là précisément, parce qu’il s’était toujours refusé à le répandre. A ce moment, il apporta tant de feu à sa réplique qu’il laissa, dit York, « tomber une larme sur sa joue ».
Après le départ de Louis XVI, la Convention délibéra pour savoir s’il pourrait avoir un conseil. Robespierre s’y refusa : «Vous n’avez pas de sentence à rendre, mais une mesure de salut public à prendre ….Louis ne peut être jugé, il est déjà condamné.» Et Danton de renchérir : « Nous ne voulons pas juger le roi, nous voulons le tuer ! »
Lors de sa plaidoirie, Desèze, l’un des avocats du souverain, réfute, l’un après l’autre, les arguments de l’accusation.
Et il conclut par une péroraison éloquente :
« Louis était monté sur le trône à vingt ans, et à vingt ans il n'y porta aucune faiblesse coupable ni aucune passion corruptrice; il fut économe, juste, sévère; il s'y montra toujours l'ami constant du peuple. Le peuple désirait la destruction d'un impôt désastreux qui pesait sur lui, il le détruisit. Le peuple demandait l'abolition de la servitude, il commença par l'abolir lui-même dans ses domaines. Le peuple sollicitait des réformes dans la législation criminelle pour l'adoucissement du sort des accusés, il fit ces réformes. Le peuple voulait que des milliers de Français, privés jusqu'alors de leurs droits, les acquissent ou les recouvrassent, il les en fit jouir par ses lois. Le peuple voulut la liberté, il la lui donna. Il vint même au-devant de lui par ses sacrifices; et cependant, c'est au nom de ce même peuple qu'on demande aujourd'hui... Citoyens, je n'achève pas... Je m'arrête devant l'Histoire. Songez qu'elle jugera votre jugement, et que le sien sera celui des siècles ! »
Robespierre intervient alors : « Que l'Assemblée se garde contre les mouvements de la sensibilité. La clémence qui compose avec la tyrannie est barbare ». Ce qui signifie en clair que le crime de Louis n'est pas douteux et qu’il ne faut pas retarder son châtiment.
La sentenceLe 15 janvier 1798, la Convention mit aux voix ces trois questions :
1- Louis Capet est-il coupable de conspiration contre la liberté de la nation ?
2- Le jugement sera-t-il soumis à la sanction du peuple ?
3- Quelle sera la peine ?
Pas un député n’osa déclarer le roi innocent, car il n’y avait pas de scrutin secret ; chacun devait monter à la tribune et proclamer son vote. Sur 721 membres
présents, 683 le proclamèrent coupable, 484 rejetèrent l’appel au peuple.
Le lendemain, les députés, sous la menace d’une foule immonde, composée de la lie des
faubourgs et de prisonniers de droit commun fraîchement libérés par les communards et qui, tous armés, proféraient des menaces à l’encontre de chaque représentant : « Ou sa tête,
ou la tienne ! » A l’intérieur de la Chambre, ce ne sont que huées, outrages, slogans, chansons et ordres qui se déversaient sur les « juges » du roi.
Finalement, la mort de Louis XVI rallia 387 voix contre 327.
Immédiatement après cette fatale séance, Malesherbes se rendit auprès du Roi au Temple pour lui annoncer la terrible nouvelle. Mais le malheureux vieillard ne put même pas parler et s’effondra en larmes aux pieds du Roi, qui comprit. Au lieu de s’effondrer lui-même, ce grand Roi ne montra aucune faiblesse et s’employa à réconforter son défenseur et ami.
Le samedi 19, une délégation se présenta pour lire la sentence au condamné. Celui-ci formula la demande d’un sursis de trois jours pour se préparer à sa mort, et manifesta également le voeu de passer ce temps seul dans sa cellule.
Le
Roi, qui ne cessait de penser à sa famille, demanda aussi à la revoir une dernière fois. Enfin, il tenait naturellement, en tant que Roi Très Chrétien, à recevoir les secours de l’Eglise avant sa
mise à mort. Il donna l’adresse d’un prêtre fidèle : l’abbé Edgeworth de Firmont.
Dimanche, Louis XVI apprit que le sursis de trois jours lui était refusé, mais que ses autres requêtes étaient accordées. En revanche, il ne reverrait pas M
de Malesherbes.
Le soir venu, le Roi put revoir sa famille pour la dernière fois de sa vie dans la salle à manger dont la baie vitrée permettrait aux commissaires debout dans le hall de garder l’oeil sur le souverain. Comme on l’imagine, les retrouvailles furent déchirantes. Ce ne fut que cris et pleurs sans parole pendant de longues minutes. Le Roi, assis, tint alors son fils debout entre ses jambes et lui fit jurer solennellement d’oublier toute haine et de ne pas rechercher la vengeance une fois devenu grand. Puis arriva le moment redouté de la séparation. Marie-Antoinette fit promettre à son mari de les revoir le lendemain matin à sept heures. Le Roi promit, et sa famille remonta dans ses appartements.
Le Roi retrouva ensuite son confesseur, avec lequel il partagea son maigre souper.
Jusqu’à minuit, Louis XVI se confessa, puis alla se coucher et s’endormit immédiatement. Cléry, qui accompagnait aussi le Roi dans ses derniers moments, laissa sa couchette à l’abbé.
Le lendemain, Louis XVI se leva à six heures, entendit la messe dite par l’abbé Edgeworth dans sa chambre même, puis reçut la communion. Le moment était venu de revoir une dernière fois sa famille, mais ce prince, en accord avec son confesseur, préféra épargner à ses proches une nouvelle épreuve, et se priva de cet ultime réconfort. A dix heures, il quitta la prison, en paix avec lui-même, ne ressentant de l’angoisse que pour les siens.
Le martyre Durant le trajet, Le roi ne leva pas les yeux de son bréviaire, absorbé par la récitation
avec l’abbé Edgeworth des prières des agonisants. Le lieu d’exécution choisi fut
l’ancienne place Louis XV, devenue place de Les bourreaux, que la contenance fierté du
roi avait déconcertés un moment, semblèrent alors reprendre de l’audace; ils l’entourèrent de nouveau et voulurent lui lier les mains. Le roi refusa mais les bourreaux insistèrent tout en
proférant des menaces. Sur ce, l’abbé, les larmes aux yeux, intervint en s’adressant au roi : « Sire, dans ce dernier outrage je ne vois qu’un trait de ressemblance entre Votre
Majesté et le Dieu qui va être sa récompense. » A ces mots, Louis leva les yeux au ciel avec un expression de douleur « Assurément, dit-il, il ne faut rien moins que son exemple pour
que je me soumette à un pareil affront. » Et se retournant aussitôt vers les bourreaux : « Faites ce que vous voudrez, leur dit-il, je boirai le calice jusqu’à la
lie. »
Et les bourreaux lui lièrent les mains derrière le dos et lui rasèrent la nuque.
Le roi monta sur l’échafaud avec courage, marcha d’un pas vif vers le devant de l’estrade, imposa silence par un seul regard et prononça d’une voix forte ces paroles à
jamais mémorables: « Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France!
»
A dix heures et vingt-deux minutes, le matin du lundi 21 janvier 1793, le couperet de la guillotine tomba et la tête du roi roula dans le panier.
Au silence de l’angoisse succéda le silence de l’horreur. Pendant de longues secondes, la foule
innombrable resta muette et immobile. Puis l’aide bourreau Gros saisit la tête par les cheveux et l’exhiba au peuple.
A cet instant, les brigands des premiers rangs furent gagnés par l’exaltation, et l’un d’eux monta sur l’échafaud et s’empara des habits du roi martyr et les jeta à
la foule. Un autre enragé sauta sur l’estrade, se vautra dans la flaque de sang royal: « On nous a prédit que ce sang retomberait sur nous, c’est chose faite! ». Et d’asperger les spectateurs
avec le sang du roi. Le reste du public, lui, se sentant sali par le spectacle monstrueux, se retira de cette place macabre.
Pendant le reste de la journée, les rues de Paris demeuraient sans vie, telles celles d’une cité maudite. Seuls traînaient dans les rues les assassins, miliciens et
auxiliaires criminels que les chefs républicains avaient levés dans la plèbe la plus dépravée. Ceux-là dansaient, chantaient, s’enivraient et se livraient à toutes sortes d’excès…
ET CE GRAND DRAME BOULEVERSA LA FRANCE PROFONDEMENT, MODIFIA LA CARTE DE L’EUROPE ET CHANGEA TELLEMENT LES MANIERES DE VIVRE ET DE SENTIR QU’ON NE LES RETROUVERA JAMAIS PLUS.