…. Alors que de nombreux faits prouvaient que la Société Générale couvrait les agissements de Jérôme Kerviel, seule la culpabilité de ce dernier fut
prononcée. Le trader étant l’unique coupable des « pertes » que ses « hasardeuses spéculations » ont occasionnées à la Banque, il est condamné à rembourser à son ancienne
banque… 5 milliards d’euros ! La facture est à l’échelle de la démesure des bulles spéculatives de la finance internationale débridée par trente années de dérégulation. Pour des faits
autrement plus graves et que nous pourrions sans mal qualifier de criminels, les condamnations prononcées par les tribunaux français ont été d’une grande légèreté. Ainsi, la Marée noire de
l’Erika a coûté à Total 92 petits millions d’euros d’indemnités, la Catastrophe d’AZF Toulouse a représenté 2 milliards d’indemnités et aucune condamnation pénale malgré son lourd bilan de 31
morts…
Les banques internationales, en provoquant la crise financière récente, ont coûté, par les plans de sauvetage, des milliers de milliards d’euros aux
contribuables et font peser sur les peuples le coût de la récession avec sa flambée du chômage et de l’austérité en Europe comme aux Etats-Unis. Aucun des banquiers, des patrons de fonds
spéculatifs, des « régulateurs » tels MM. Greenspan, Trichet et consorts n’a été inquiété. Tous bénéficient encore de leurs bonus, stock-options, parachutes dorés et, après leur
coupable activité, de leurs retraites chapeaux.
Mais, dévoilons le pot aux roses de l’affaire Société Générale, comme il conviendrait de la dénommer mieux. Sur les 5 milliards de pertes provoquées par ses propres bouclages, la banque en a déjà récupéré le tiers, soit 1,7 milliard d’euros qui lui ont été versés par l’Etat. En effet, dans l’opération de renflouement des banques françaises, l’Etat s’était engager à éponger les pertes subies par elles sur des opérations évidemment jamais appelées spéculatives. Il y fallait une condition : que la banque concernée ne soit pas responsable des pertes encourues. Dans « l’affaire Kerviel » il fallait donc absolument que la Société Générale soit réputée judiciairement innocente du « crime » imputé. Il fallait aussi que la Justice soit associée à la combine. Le verdict est alors sans surprise. Le citoyen qui y croit encore un soupçon n’a plus qu’à ravaler son écœurement légitime. Et la démocratie de rouler définitivement dans le caniveau !
Extraits adaptés de l’article de Yann Fiévet dans Le ‘Peuple Breton- novembre 2010’