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*Pierre-Marcel Favre
Pierre-Marcel Favre*
J’étais,
très brièvement, ces derniers mois en Espagne, au Portugal, en Italie et en France. J’ai eu partout une sorte d’impression de calme avant la tempête. Comme si un autre monde se
prépare. D’un côté, une certaine insouciance sur les terrasses. Mais aussi des signes qui ne trompent pas. Le début de grandes difficultés.
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*Pascal Décaillet
Pascal*
Une chose est sûre: ces quatre pays doivent, à des degrés de gravité différents, affronter la question de l’endettement. Ça passe
nécessairement par la rigueur, et les opinions publiques ne veulent pas en entendre parler. De graves désordres sociaux sont en effet possibles, et la montée des extrêmes aussi.
En France, si Hollande échoue, c’est Marine qui monte.
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Pierre-Marcel
Il y en aura des désordres, voire des révoltes, mais pas des révolutions. Ils ne serviront à rien, hélas ou pas. Les extrêmes monteront mais, pour moi, cela ne les amènera nulle
part au pouvoir en Europe. Hollande réussit ou pas. Mais réussit quoi? Son prétendu objectif, le retour de la croissance, est absolument impossible à atteindre. Pour cela, l’échec
est assuré. Et il ne peut «réussir» que quelque chose de très pénible, renier ses promesses et prendre des mesures draconiennes pour tenter de diminuer les coûts, les privilèges
et les dysfonctionnements qui font que la France s’enfonce. C’est peut-être la mission la plus difficile pour un gouvernement depuis 1962.
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Pascal
C’est-à-dire depuis les Accords d’Evian! Oui, Hollande devra prendre les mesures draconiennes dont vous parlez. Et en plus, il devra le faire sans casser le corps social! La
tâche, en effet, est infiniment difficile, elle l’était déjà pour Sarkozy. Mais il doit réussir quelque chose. Parce qu’en cas d’échec, ou même de simple perception d’échec, c’est
Marine qui arrive. L’UMP, pour un bon moment, vous pouvez l’oublier.
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Pierre-Marcel
Pour moi, les Le Pen, père et fille, ont été et resteront un épouvantail. Pour venir au pouvoir, il faut 51% de l’électorat. Ils ne les auront jamais. Même avec les désordres qui
s’annoncent.
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Pascal
Le système majoritaire, en France, s’effrite. Hollande s’est engagé à instiller une dose de proportionnelle. Concernant Marine Le Pen, il y a un scénario: non pas sa conquête
directe du pouvoir, mais l’intégration de son mouvement dans une droite recomposée. En clair: une lente et progressive normalisation. Dans d’autres pays que vous citez, à
commencer par l’Italie où le moins qu’on puisse dire est qu’il y a une tradition, ce scénario apparaît aussi comme envisageable.
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Pierre-Marcel
Avec la montée des périls divers, je vois une très probable paupérisation des classes moyennes. Une spoliation des épargnants par des pertes de valeur immobilière et/ou des
intérêts qui finiront par grimper, amenant une inflation. De nouveaux impôts, des retraites et des prestations sociales diminuées. Mais je ne crois pas un instant que les extrêmes
droites, d’une manière ou d’une autre, parviennent au pouvoir.
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Pascal
Je ne pense pas qu’il faille imaginer une «arrivée au pouvoir» au sens de la marche sur Rome d’octobre 1922. Mais une instillation de ces valeurs-là comme recours. Chez qui? Pas
chez vous. Mais chez le peuple!
Chez les plus défavorisés. Et auprès, aussi, de ces fameuses classes moyennes paupérisées dont vous parlez. Nous allons vers des révolutions conservatrices.
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Pierre-Marcel
Je ne pense pas. Tout a changé. Nous ne sommes plus au XXe siècle. Les plus défavorisés en France représentent deux catégories. Les «petits Blancs» et les immigrés plus ou moins
récents. Ces derniers, nombreux, ne formeront jamais des bataillons d’extrême droite.
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Pascal
Allez savoir! On a souvent vu les immigrés plus durs, dans l’ordre de la conservation, que les implantés. Cela dit, c’est bien le désendettement qui sera le défi le plus dur. Dans
les quatre pays que vous citez au début. Et dans bien d’autres aussi. Nous allons vers des temps très difficiles.
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