POEME ( Fragment )
O jeunes gens ! Elus ! Fleurs du monde vivant,
Maître du mois d’avril et du soleil levant,
N’écoutez pas ces gens qui disent :soyez sages !
La sagesse est de fuir tous ces mornes visages !
Soyez jeunes, gais vifs, amoureux, soyez fous !
O doux amis, vivez, aimez ! Défiez-vous
De tous ces conseillers douceâtres et sinistres.
Vous avez l’air joyeux, ce qui déplaît aux cuistres.
Des cheveux en forêt, noirs, profonds, abondants,
Le teint frais, le pied sûr, l’œil clair, toutes vos dents ;
Eux, ridés, épuisés, flétris, édentés, chauves,
Hideux ; l’envie en deuil clignote en leurs yeux fauves.
Oh ! Comme je les hais, ces solennels grigous !
Ils composent, avec leur fiel et leurs dégoûts,
Une sagesse pleine et d’ennuis et de jeûnes,
Et, faite pour les vieux, osent l’offrir aux jeunes!
Victor Hugo
Ci-dessous : Victor Hugo enfant