Chronique du "règne" de Nicolas Sarkozy à travers le témoignage de 18 journalistes étrangers en poste à Paris.
Rediffusion 2 de la vidéo censurée sur Arte accompagnée d’un nouveau texte :
Ils sont 18. Et par petites touches, ils se livrent à l’art délicat du portrait du Président français. Un tableau impressionniste, relativement nuancé, d’un Nicolas Sarkozy qu’ils ont
tous, un temps, porté aux nues, et qu’ils vouent désormais aux gémonies. Ils sont correspondants à Paris pour des organes de presse étrangers, américains, anglais, africains et même belge. Et,
stupéfaits par la déférence dont font preuve les journalistes français face à leur petit monarque, ils osent gratter là où ça fait mal (tellement que la société qui a produit ce film a refusé de
fournir à la presse télé des copies DVD du sujet), où les reporters de la République n’osent pas s’aventurer -Nicolas Sarkozy étant, il est vrai, un champion de la dégomme (PPDA lui devrait ainsi
par exemple son éviction du JT de TF1 pour l’avoir traité de « petit garçon »). Là ne s’arrête pas l’intérêt du parti-pris de ce Portrait d’un inconnu.....
C’est un film remarquable de William Karel, livrant un président de la République vu par les correspondants en poste à Paris (ZDF, The Independent, New York Times, Der Spiegel, Africa International, Rai, BBC, TSR et encore le Soir). Des entretiens sobres, face caméra, mêlés aux images d’archives récentes : le Fouquet’s, le yacht, les Rolex, le discours de Dakar, « Casse-toi pov’con », le divorce avec Cécilia, les rapports avec Merkel et Obama, la chasse aux Roms, les rapprochements avec le FN, l’incapacité à saisir le printemps arabe et, point d’acmé de l’info spectacle, le mariage avec un mannequin. Karel ne cherche pas à trancher ; les correspondants étrangers le font pour lui. Sans appel. Dessinant en creux le portrait d’une défaite intime et politique.
Et "Jamais un président de la République française n’a autant éveillé la curiosité des médias étrangers. L’actualité, certes, s’y est gracieusement prêtée. De la présidence de l’Union européenne à la gestion de la crise financière, de la chasse aux Roms à ses amours agitées, les journalistes étrangers ont eu de nombreuses occasions de scruter la personnalité et la carrure de chef d’État de Nicolas Sarkozy. Intriguée par "l’homme de la rupture" - rupture avec une partie de l’héritage historique de la droite, avec la conception traditionnelle de la fonction présidentielle, mais aussi avec certaines valeurs françaises -, la presse étrangère s’étonne, quand elle ne s’effraie pas, devant sa pratique du pouvoir. Entre excès de bling bling, communication à outrance, "pipolisation", dérapages, le président français aurait tout du personnage de soap-opera, si l’on en croit le quotidien britannique The Independent."