I- La City de Londres, capitale de la mafia planétaire !
Depuis 2007, la crise ne fait que s’accentuer. La récession s’impose et les États étouffent sous le poids de l’endettement. Cependant, il existe un monde parallèle qui agit comme une sève pour irriguer la gouvernance mondiale en formation : les paradis fiscaux. Ils sont définis par le journaliste économique Nicholas Shaxson comme un « lieu qui se propose d’attirer des activités économiques en offrant à des particuliers ou à des entités un cadre politiquement stable permettant de contourner les règles, les lois et les réglementations édictées dans les autres pays ». Appelés aussi « juridictions du secret », ces paradis fiscaux s’emploient à manipuler les mouvements d’argent internationaux.
On dénombre environ une soixantaine de ces « juridictions du secret » au cœur de la globalisation, qui se subdivisent en trois groupes :
1) Les paradis fiscaux européens comme le Luxembourg, le Liechtenstein ou Monaco ;
2) Les États-Unis, ses États fédérés (en particulier le Delaware) et les dépendances sous influence américaine (les îles Vierges, Panama, …) ;
3) la City de Londres organisée en 3 cercles concentriques : les dépendances de la Couronne (Jersey, Guernesey et l’île de Man), les quatorze territoires britanniques d’outre-mer (les îles Caïmans, les Bermudes, Gibraltar…) et des États entretenant des relations étroites avec l’ancien colonisateur : Hong Kong, Singapour, Dubaï…). Ces centres offshore combinent le secret bancaire et la non-imposition.
La capitale britannique est constituée de deux villes. La première est un vaste centre urbain de plusieurs millions d’habitants dirigé par un maire disposant de peu de pouvoirs. La deuxième est un espace de 3,16 km², appelé « City of London Corporation » ou « Square Mile », subdivisé en 25 quartiers appelés « wards » dont seuls quatre sont réellement habités, tandis que les autres regroupent les bureaux. Dirigée par un Lord-maire, véritable ambassadeur de tous les services financiers, la City est dotée d’un gouvernement (le « Guildhall »). Outre les 9.000 résidents de la City à voter, les représentants d’entreprises (23.000 personnes) ont aussi le droit de vote. Ainsi, Goldman Sachs, la banque Narodny de Moscou ou encore la Bank of China participent à la vie « démocratique » de la City. Ajoutons que des citoyens d’honneur anglais et étrangers appartiennent à ce corps électoral très particulier. Nous pouvons relever les noms de George Bush, Jr. et de Vladimir Poutine. La famille mondialiste est très variée.
La City est un véritable État dans l’État disposant d’un pouvoir total sans avoir de compte à rendre au Parlement de Westminster. Cette politique est rendue possible entre autres grâce au rôle du remembrancer (« remémoreur »), véritable lobbyiste et non-élu, qui est un relais entre la City de Londres et le Parlement anglais. Il est chargé de vérifier que les représentants du gouvernement ainsi que les différents ministères n’élaborent pas de mesures pouvant contrer la toute-puissance et l’indépendance de la City. Il est vrai que celle-ci concentre des intérêts jalousement gardés. Sur ce petit territoire, on trouve près de 550 banques, la moitié des assureurs de la planète — plus que ceux de New York, Paris et Francfort réunis — un volume d’affaires journalier cinq fois supérieur au PNB anglais, la moitié des entrées en bourse dans le monde et près de 80 % des hedge funds (fonds spéculatifs) européens. Comme l’a résumé joliment le député anglais Tony Benn, la City « est une île offshore amarrée sur la Tamise ».
Sachant que la quasi-totalité des investissements internationaux se fait via les centres offshore, en profitant au passage d’avantages fiscaux et de contraintes juridiques bien allégées, les multinationales s’en donnent à cœur joie. Pareille à une araignée au milieu de sa toile, la City de Londres régente tous ces flux financiers. La dérégulation des marchés qui s’est accélérée à partir des années 1980 a conduit à des volumes financiers colossaux transitant dans les paradis fiscaux. Selon l’économiste John Christensen, ils sont évalués à plus de 20.000 milliards de dollars (3). Une telle situation montre clairement que les politiques n’ont plus le pouvoir et que la finance a en main des atouts majeurs pour imposer un monde se rapprochant de l’idéal orwellien.
Source : www.bvoltaire.fr
II- A lire ‘Les Paradis fiscaux : Enquête sur les ravages de la finance néolibérale’ de Nicholas Shaxson
Descriptions du produit
Personne ne s'accorde sur ce qu'est un paradis fiscal. A vrai dire, le terme prête à confusion, car le paradis fiscal n'offre pas seulement une échappatoire à l'impôt : il garantit le secret, permet de se soustraire à la réglementation financière et offre la possibilité d'ignorer les lois et les règles qui, partout ailleurs, régissent la vie en société. Je propose dans mon livre une définition souple du paradis fiscal : «Lieu qui se propose d'attirer des activités économiques en offrant à des particuliers ou à des entités un cadre politiquement stable permet tant de contourner les règles, les lois et les réglementations édictées dans les autres pays.»5 La raison d'être des paradis fiscaux, c'est de fournir à quelques privilégiés le moyen d'échapper aux obligations qui incombent à tout un chacun du fait de vivre en société - des obligations telles que payer ses impôts, se soumettre aux lois économiques, pénales, successorales, etc. C'est cela même qui constitue la base de leur activité : c'est ce qu'ils font.
J'ai choisi une définition large du paradis fiscal pour deux raisons : d'une part, pour remettre en cause l'idée communément admise qu'il est acceptable pour un pays de s'enrichir en sapant les lois des autres pays ; d'une part, pour disposer d'une loupe à travers laquelle examiner l'histoire récente du monde. Cette définition me permettra de démontrer que les paradis fiscaux ne sont pas des excroissances pittoresques de l'économie mondialisée, mais qu'au contraire ils sont logés en son coeur.
Les paradis fiscaux sont partout. Plus de la moitié du commerce international - du moins sur le papier - passe par eux. Plus de la moitié de tous les actifs bancaires et un tiers des investissements directs à l'étranger des multinationales transitent par des centres financiers off-shore. Environ 85 % des opérations bancaires internationales et des émissions d'obligations sont effectuées via ce que l'on appelle l'Euromarket, un espace off-shore apatride que nous examinerons plus loin. Le FMI a évalué en 2010 que le bilan cumulé des petits paradis fiscaux insulaires s'élevait à 18000 milliards de dollars - une somme équivalente à un tiers du PIB mondial -, précisant que ce montant était sans doute sous-estimé. La Cour des comptes américaine (le Government Accountability Office) a révélé en 2008 que 83 des plus grandes entreprises du pays possédaient des filiales dans les paradis fiscaux. L'année suivante, une enquête du Tax Justice Network (le réseau pour la justice fiscale) - à partir d'une définition plus large du paradis fiscal - nous a appris que 99 des 100 plus grandes entreprises européennes avaient recours à des filiales off-shore. Dans chaque pays, les banques sont les sociétés qui, de loin, recourent le plus aux paradis fiscaux.
Détails sur le produit
Broché: 448 pages
Editeur : ANDRE VERSAILLE
III- La City, la finance en eaux troubles
À Londres, la première place financière du monde a assis son leadership sur un système « offshore », qui favorise l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent.
Plus de la moitié des fonds internationaux transitent par la City, à Londres, et près de 80 % des actifs des « hedge funds » européens y sont brassés. Ce leadership, la City le tient de son savoir-faire et de sa réputation.
Avec la bénédiction de Westminster, la place financière a essaimé ses ramifications à travers le monde en créant des satellites offshore, qui pratiquent souverainement le secret bancaire et la soustraction d’impôts.
Gibraltar, les îles Vierges, les îles Caïmans, les Bermudes, les îles Anglo-Normandes : près de la moitié des paradis fiscaux du monde battent pavillon britannique.
À Londres, un bataillon de banquiers, fiscalistes et juristes s’affairent pour construire des montages via ces territoires plus avantageux fiscalement et moins contraignants juridiquement.
Documentaire de Mathieu Verboud (France-Belgique, 52′)