I- Le ministre des Finances allemand à François Hollande : L’argent gratuit, c’est fini
Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schauble, a répondu aux demandes de plus en plus pressantes et répétées du président français d’ouvrir la vanne du crédit allemand à destination de la France. Dans une interview à la chaîne économique Bloomberg TV, le ministre allemand a mis le président français face à sa propre inconséquence, refusant de venir à l’aide d’un gouvernement socialiste en plein naufrage. “Les politiques monétaires ne permettent que de gagner du temps” a-t-il déclaré.
Rencontre entre Michel Sapin et Wolfgang Schauble
Cette interview a fait suite à une rencontre avec Michel Sapin, son homologue français, dans un contexte de plus en plus tendu entre les deux pays. Manuel Valls a du exclure du gouvernement le ministre de l’Economie Arnaud Montebourg qui, le week-end dernier, avait appelé à combattre “la droite allemande”. En oubliant au passage que les socialistes allemands gouvernent aux côtés d’Angela Merkel dans le cadre d’une grande coalition. Cette prise de position risquait de marginaliser François Hollande et Manuel Valls en Europe, ce qui a contraint ceux-ci à réagir.
Cette réunion entre les deux ministres des Finances visait donc clairement à clore cette polémique et à régler les discours des uns et des autres. Durant la conférence de presse ayant suivi, Michel Sapin a déclaré :
“Il ne s’agit absolument pas d’une demande de prolongation… Ca je peux vous le dire tout de suite”.
Ce qui a été globalement perçu comme… une demande de prolongation.
Absence de réformes en France
Le gouvernement français n’a entrepris aucune réforme structurelle depuis deux ans et demi, se contentant d’augmenter massivement les impôts, ce qui a eu pour effet d’accroître la destruction d’entreprises, l’appauvrissement des ménages et le chômage. La France a ainsi connu 3 fois plus de faillites qu’en Angleterre et en Allemagne cette année. Mais l’exécutif socialiste refuse de s’en prendre aux dépenses publiques qui nourrissent ses clientèles électorales, pour l’essentiel issues de la fonction publique. C’est l’impasse.
Paris fait donc comprendre depuis plusieurs jours aux autres membres de l’UE qu’une nouvelle fois la France ne réduira pas son déficit annuel. Un déficit qui s’élèvera en 2014 à plus de 4% du PIB. Hélas pour François Hollande, l’Allemagne ne veut plus cofinancer – monnaie commune oblige – le coût exorbitant de la médiocrité et la lâcheté du personnel politique hexagonal. Et appelle donc le gouvernement français à assumer ses responsabilités.
Hollande continue cependant de vouloir organiser une révolte des pays membres de l’UE afin d’ouvrir la vanne du crédit allemand. A cet effet, il a appelé à organiser un sommet européen pour “ralentir la réduction des déficits”. Un argument difficile à entendre en Italie ou en Espagne, ces pays ayant fait des réformes importantes pour juguler au moins en partie leur endettement chronique. Pour sa part, Wolfgang Schauble s’est gardé de critiquer ouvertement le président français sur ce point précis, mais a cependant mis les choses au clair :
“Personne n’a de leçon à donner à quiconque, car tout le monde connait les règles”.
Le gouvernement socialiste avait demandé un “délai” pour ramener les déficits en dessous de 3%, délai consenti par Berlin jusqu’en 2015. Las, à la mi-2014 chacun convient que l’objectif ne sera pas atteint. Voire que Paris s’en éloignera encore plus.
Schauble durcit le ton
C’est dans ce climat délétère, à peine voilé par les politesses diplomatiques de circonstance, que Wolfgang Schauble a senti que les promesses de Michel Sapin et de l’exécutif français n’étaient pas crédibles. Voire qu’il s’agissait d’enfumage en règle. Et a donc estimé nécessaire de clarifier assez brutalement la situation via un médiat anglo-saxon, pour mieux s’assurer de la résonance internationale de son propos.
“Les politiques monétaires ne permettent que de gagner du temps” a ainsi déclaré le ministre des Finances allemand, indiquant ainsi qu’il ne fallait pas compter sur un feu vert de Berlin pour faire tourner la planche à billets au profit de Paris.
“La liquidité dans les marchés n’est pas trop basse. Elle est même trop haute. En conséquence, je pense que les politiques monétaristes ont usé tous leurs instruments et en conséquence je pense que nous avons un besoin urgent d’investissements, de retrouver la confiance des investisseurs, des marchés, des consommateurs” a-t-il ajouté.
“Je ne pense pas que la Banque Centrale Européenne possède les instruments pour combattre la déflation, pour être très franc”, faisant comprendre que les emprunts massifs dont rêve François Hollande n’avait aucune chance d’être accordés.
Schauble a en outre tenu à mettre les dirigeants français face à leurs engagements, en martelant :
“Mes collègues français feront ce qui est nécessaire, dans la ligne de ce sur quoi nous nous sommes mis d’accord, encore et encore”.
“Il est très important que nous sachions tous en Europe – chaque état membre – que nous devons nous en tenir à des réformes structurelles et d’améliorer la compétitivité, y compris en Allemagne” a-t-il conclu.
Cette mise au point du gouvernement allemand ruine les efforts des socialistes pour contraindre Mario Draghi, directeur de la BCE, afin qu’il lance un vaste programme d’endettement, comme aux USA ou au Japon.
Source : BREIZATAO
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