Certes, les gouvernements peuvent réduire le taux d'intérêt à court terme. Ils peuvent émettre plus de papier-monnaie. Ils peuvent ouvrir la voie à l'expansion du crédit par les banques. Ils peuvent ainsi créer un boom artificiel et l'apparition de la prospérité. Mais un tel boom est condamné à s'effondrer tôt ou tard et provoquer une dépression.
Ludwig Von Mises
Le modèle économico-monétaire global est dans l’impasse
Le modèle économico-monétaire global, basé sur:
1/ l’insertion des économies dans la mondialisation sauvage se traduisant par la baisse des salaires et des protections sociales des populations pour accroitre toujours plus la compétitivité des entreprises,
2/ l’endettement exponentiel des États et des agents économiques organisé par les politiques monétaires ultra laxistes des banques centrales dont les bilans pourris hypertrophiés ne sont plus extensibles à l’infini sans risque d’accident majeur,
3/ la spéculation financière effrénée qui détourne le capital disponible de l’investissement productif, est dans l’impasse parce qu’il ne produit plus de consommation suffisante ni de croissance réelle mais, tout au contraire, un chômage de masse et une déflation par la dette qui se transformera vraisemblablement en dépression. Déflation dont les dirigeants politiques tentent de sortir par la guerre. C’est en gros le scénario des années 1930 (alors correctement décrit mais mal anticipé par l’économiste Irving Fisher) qui se reproduit.
- La pseudo amélioration de l’emploi aux USA n’en est pas une.
- La chute des prix des matières premières et des métaux précieux est loin d’être terminée
La question qui se pose à court terme est de savoir si les marchés financiers sont proches d’un « Minsky Moment », c’est-à-dire d’une dislocation profonde se traduisant par le krach boursier des actions surévaluées et de la plupart des actifs réels (métaux précieux, matières premières, immobilier, etc.) au profit du dollar US et des obligations d’État US qui, en cas de crise majeure, restent (qu’on le veuille ou pas) les actifs de dernier ressort. C’est l’avis de Steen Jakobsen de Saxo Bank, de plusieurs autres économistes en vue et aussi, modestement, le nôtre.
La cassure à la hausse de la résistance vers 89,62 sur le US Dollar Index, qui probablement n’interviendra pas du premier coup si jamais elle intervient, signifierait que le billet vert a entamé un puissant mouvement de hausse pour plusieurs années…
L’actif enregistrant la meilleure performance cette année reste les obligations d’Etat US (TLT) avec une hausse de plus de 17% pendant que les indices d’actions et les métaux précieux n’ont presque rien gagné.
A noter que la baisse actuelle de l’euro démontre ce que nous avons toujours exposé, à savoir la totale inadaptation de la monnaie unique européenne à la situation des États qui l’ont adopté, d’où la nécessité d’en finir avec cette Union monétaire forcée, qui s’impose dorénavant même en Allemagne (voir les propos récents de Hans-Werner Sinn, le patron de l’IFO), que la politique laxiste de la BCE de Mario Draghi ne sauvera pas de la dislocation.
D’autant que, toutes les manipulations possibles et imaginables (voir à ce propos les dernières révélations sur les relations incestueuses entre la Federal Reserve US et Goldman Sachs) ayant déjà été employées à mauvais escient pour gagner du temps, il n’y a plus grand chose à faire afin d’éviter l’issue finale qui aurait d’ailleurs dû se produire il y a déjà longtemps.
A cet égard, la responsabilité des dirigeants politiques et des banquiers centraux dans la stagnation actuelle est évidente. Étant donné qu’ils ont d’abord provoqué la crise de 2007 puis l’ont très mal gérée, en continuant de développer un « mécanisme de Ponzi » à l’échelle mondiale, au lieu d’en profiter pour sortir du modèle économico-monétaire ayant fait faillite, en réformant le Système monétaire et bancaire international pour sortir de la monnaie virtuelle et en limitant le libre-échange mondialisé pour rétablir une compétition équilibrée. Ce qu’ils n’ont pas fait jadis, ils ne le feront pas non plus maintenant. Alors que l’endettement exponentiel -qui ne donne aucun signe de ralentissement- a tout compliqué, d’où le caractère inéluctable du « Minsky Moment » qui arrive probablement en octobre-novembre 2014. Raison pour laquelle la probabilité de baisse supplémentaire des taux d’intérêt à moyen et long termes US est forte puisque leur éventuelle reprise ferait tout exploser, sans possibilité de consolider ultérieurement le modèle économico-monétaire global après la purge boursière en cours.
Au sujet de la France, lire le livre d’Eric Zemmour intitulé « Le suicide français » (Albin Michel) analysant les quarante années qui, depuis la mort du général de Gaulle, ont défait la France.
Important
Au plan géopolitique, la déstabilisation de la Chine via l’agitation à Hong Kong, se rajoutant à la déstabilisation de la Russie via la révolution en Ukraine et bientôt en Moldavie-Transnistrie, nonobstant la déstabilisation de tout le Moyen Orient via la guerre contre l’islamisme (lesquelles ne sont en réalité que des tentatives US de contrôler les productions et exportations gazières et pétrolières mondiales), démontre que les USA et leurs alliés-supplétifs occidentaux sont passés à la vitesse supérieure en Asie et que, lorsque l’on ne parvient plus à contrôler les situations politico-économiques intérieures en forte dégradation (cas des USA, de la France et de plusieurs autres États), la tentation d’aventures extérieures est grande chez les mauvais dirigeants (B. Obama, F. Hollande, et consorts -tout comme G. W. Bush, N. Sarkozy, et consorts avant eux-).
Le problème c’est que l’échec programmé de telles interventions (comme l’ont déjà montré les guerres US et occidentales en Irak, Libye et ailleurs) ne fait qu’empirer les crises nationales tout en accroissant les tensions internationales et donc la fragilité structurelle du modèle économico-monétaire global.
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Évidemment, la hausse du dollar faisant mécaniquement chuter les prix des matières premières annonce une crise financière majeure chez les BRICS.
[FMG]