Où va le dollar US ? Quelles en sont les conséquences ?
La hausse du dollar US, qui a été largement alimentée par la hausse des obligations d’Etat US dans la mesure ou cette dernière incitait banques centrales, fonds d’investissement et toutes sortes d’autres investisseurs publics et privés à placer une partie importante de leurs avoirs en obligations d’Etat US exprimées en dollars US, est à notre avis terminée étant donné que lesdites obligations d’Etat US sont dorénavant orientées à la baisse du fait de la violente reprise des taux d’intérêt à moyen et long termes un peu partout dans le monde (reprise -n’ayant rien à voir avec les fondamentaux économiques réels- dont la politique absurde de Quantitative Easing démesuré de la BCE de Draghi est la cause principale, la crise de la dette grecque si mal gérée par la troïka -BCE, FMI, UE- en étant la cause secondaire). La probable hausse prochaine du taux directeur de la Federal Reserve US, de nature à faire chuter un peu plus les obligations d’Etat US, ne serait donc pas positive pour le dollar US, contrairement à ce que pensent certains observateurs.
Par ailleurs, les autorités US, ayant finalement réalisé que la hausse excessive du dollar US fragilisait leur économie, via la baisse des profits de leurs grandes entreprises exportatrices et l’augmentation du déficit de la balance commerciale US, ont à plusieurs reprises ces derniers temps discrètement exprimé leur crainte que le dollar US aille plus haut, ce qui annonce une possible intervention de leur part pour y mettre un terme en cas de continuation de la hausse du billet vert. Nous pensons donc que la plupart des devises ont probablement commencé une hausse durable (mais erratique) contre le dollar US, monnaie US dont il ne faut plus détenir que le moins possible dans les portefeuilles puisqu’elle devrait aller beaucoup plus bas.
Pour traiter le dollar US à la baisse on peut acheter par exemple l’UDN -PowerShares DB US Dollar Index Bearish Fund NYSE- qui monte au fur et à mesure que le billet vert baisse.
- Les bilans de la Federal Reserve US et du Gouvernement fédéral US sont pourris, baissier pour le dollar US:
Conséquences possibles:
1/ les marchés d’actions européens (DAX, CAC, etc.) et vraisemblablement japonais aussi (sur lesquels nous restons sans engagement), qui avaient prospéré depuis début 2015 en raison de la chute de l’euro, de la livre sterling, du franc suisse et du yen japonais contre le dollar US, devraient poursuivre leur baisse.
les marchés d’actions émergents et même américain devraient cesser leur correction récente à la baisse, se stabiliser, voire se reprendre, étant donné que la baisse du dollar US est positive pour eux.
Toutefois, le risque de mini ou de maxi « krach boursier » aux USA (en septembre-octobre 2015 ?) n’a pas disparu.
Quant aux obligations d’Etat et/ou d’entreprises un peu partout, il ne faut, à notre avis, pas du tout en détenir, parce que le plus bas historique des taux à moyen et long termes européens, japonais et US, qui a été récemment atteint, ne sera sans doute plus jamais revu (un taux allemand à 10 ans à zéro % n’était rétrospectivement qu’une exagération), sauf effondrement économique mondial généralisé peu probable, et que la baisse du dollar US porte en elle-même un potentiel inflationniste. L’objectif de reprise des taux à 10 ans US est à 3,05 % et des taux allemands à 10 ans est à 1,45% d’ici fin 2015. A ce moment-là, on verra si le krach obligataire est allé à son terme ou bien si cette classe d’actifs est entrée dans un « bear market » prolongé. En réalité, si la BCE et la FED ont organisé ou laissé faire la reprise des taux d’intérêt à moyen et long termes c’est pour aider les banques et les compagnies d’assurance européennes et US qui pourront ainsi charger à leurs clients des frais plus élevés, donc améliorer leurs marges bénéficiaires (à noter que ce sont les cours des actions bancaires et des sociétés d’assurance en hausse qui soutiennent encore la bourse US).
2) les prix des matières premières, du seul fait de l’accélération de la baisse du dollar US, devraient progressivement remonter, ce qui favorisera les économies des pays producteurs (émergents pour la plupart) mais affaiblira un peu plus les économies des pays consommateurs déjà moribondes (zone euro, Japon, etc.), c’est donc vers ce secteur que nous allons nous diriger et nous étudions la question de savoir quelles matières premières ou bien quel indice représentatif de ce secteur acheter. Pour ce qui concerne les métaux précieux (or et argent-métal), l’incertitude pour le moment domine encore dans la mesure où la baisse du dollar US les favorise mais la hausse des taux d’intérêt à moyen et long termes les pénalise.
Le DOJ US enquête ENFIN sur les manipulations des métaux précieux:
http://www.bloomberg.com/news/videos/2015-06-10/doj-probes-banks-for-silver-gold-price-manipulation
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Steen Jakobsen, le chef économiste de SaxoBank, est haussier sur les matières premières et baissier sur le dollar US, voici ses dernières prévisions:
« Headlines for Next 6-7 Months:
- US, German and EU core government bonds will be 100 basis points higher by and in Q4 before making final new low in H1 2016. The US 10-year bond yield will trade above 3.0% and German Bunds 1.25%
- WTI crude will hit US $ 70-80/barrel setting up excellent energy returns.
- US dollar will weaken to EUR 1.18/1.20 then start multi-year weakness.
- Gold will be the best performer in commodity-led rally. We see 1.425-1.435 USD by year-end. »
Traduisons :
Ses prévisions pour les 6-7 mois à venir sont comme suit :
- Les taux des obligations américaines, allemandes et de l'UE seront augmentés de 100 points de base au quatrième trimestre avant de baisser à nouveau au 1er semestre 2016. Le rendement des obligations à 10 ans des États-Unis sera supérieur à 3,0% et celui des Bunds allemands à 1,25%.
- Le cours du brut WTI atteindra les 70-80 $ / baril et mise en place d'excellents rendements énergétiques.
- Le dollar s’affaiblira pour atteindre EUR 1,18 / 1,20 et poursuivra sa faiblesse pour encore très longtemps.
- L’Or sera le meilleur actif et verra sa performance se hisser le mieux parmi l’ensemble des produits de base. Aussi, prévoyons-nous un cours s’établissant dans la fourchette 1425-1435 en fin d'année.
3) la déflation internationale pourrait à terme cesser et faire place à une stagnation prolongée mais avec des poussées inflationnistes dans certaines zones, ce que les économistes appellent la « stagflation », à la condition que la liquidité disponible s’investisse dans les économies réelles ce qui pourrait prendre du temps. Stopper la déflation, c’est évidemment ce que les banques centrales veulent. Mais si c’est pour aboutir à une forte inflation ce ne sera pas un progrès. En attendant, leurs politiques incohérentes ayant pour effet la hausse des taux d’intérêt à moyen et long termes est dangereuse dans le contexte actuel d’assèchement de la liquidité et d’endettement international record (il est à prévoir, après le défaut de la Grèce qui semble inévitable à moins que l’UE lui prête à nouveau des montants colossaux à fonds perdu, d’autres défauts d’États, de grandes banques et d’entreprises).
La crise grecque n’a aucun impact sur les monnaies mais affecte les obligations d’Etat et les actions.
(FMG)