Faire face aux cons
À vous le dernier mot !
Depuis de trop longues minutes déjà, un prétentieux pérore devant vous et toute l’assemblée. Il a le don de gâcher votre soirée. Vous aimeriez que cela cesse, vous cherchez en vain le bon mot qui le remettrait à sa place et le ferait taire. Rien ne vient ; plus frustrant encore, la formule appropriée arrive trop tard.
C’est que, avoir de la répartie, cela s’apprend ! Rien de tel que de s’inspirer du talent des autres pour clouer le bec à son adversaire.
Olivier Clodong a sélectionné le meilleur des petites phrases, celles qui ont été forgées et utilisées par les plus grands, écrivains, acteurs de théâtre, hommes politiques et humoristes, pour répliquer aux cons, aux emmerdeurs, aux suffisants et aux sans-gêne de tout poil.
Olivier Clodong est un spécialiste de la communication politique, , il est notamment l’auteur aux éditions Mille et une nuits de Quand les politiques se lâchent ! (2011) et de Politiques : le cumul des mandales (2013).
les ripostes les plus brillantes, les plus cruelles et surtout les plus drôles ont été compilées pour vous dans ce petit manuel des répliques qui font mouche.
Ci-après le premier chapitre :
Faire face aux cons
Vous en avez assez de discuter avec cet imbécile de la plus belle eau qui débite ânerie sur ânerie ? Deux attitudes possibles :
1. Citer la réplique de Ryan O’Neal à Barbara Streisand dans le film What’s Up, Doc ? :
– Ce sont les choses les plus idiotes que j’ai jamais entendues.
2. Vous éloigner, grand seigneur, après avoir choisi parmi ces réparties cultes de Michel Audiard et avoir lancé la plus appropriée :
– Je ne parle pas aux cons, ça les instruit.
Ou :
– Quand on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner !
Ou bien :
– Si la connerie n’est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille.
Dans la même veine, vous pouvez aussi reprendre cette sentence de Raimu dans Marius :
– Quand on fera danser les couillons, tu ne seras pas à l’orchestre !
À moins que, comme Frédéric Dard, vous ne préfériez jouer l’ironie et faire mine de laisser la victoire à votre interlocuteur : –
Ce sont toujours les cons qui l’emportent. Question de surnombre ! …
Et si l’imbécile en question se rebiffe, en disant que vous l’insultez, enfoncez calmement le clou en convoquant derechef Frédéric Dard :
– Traiter son prochain de con n’est pas un outrage, mais un diagnostic.
La boucle est bouclée !
Un excité vous apostrophe : « Vous êtes le dernier des derniers ! » Approuvez, fataliste :
– Et oui, toujours le meilleur pour la fin !
Un trouble-fête vous accable des pires qualificatifs :
« Abruti, pauvre type, espèce de nul… »
Fiez-vous à Molière qui, dans Les Femmes savantes, fait dire à Trissotin :
– Vous prêtez sottement vos qualités aux autres !
Ce qui s’appelle un retour à l’envoyeur !
Il peut arriver à chacun de se faire invectiver sans raison et sans préavis. Dans ce cas, mieux vaut (pour l’insulté) posséder une bonne dose d’humour et un art consommé de la réplique. Il y a quelques années, à Bormes-les-Mimosas, où est situé le fort de Brégançon, lieu de villégiature estivale des présidents de la République, un individu interpelle Jacques Chirac à la sortie de la messe : « Connard ! »
Tout sourire, le chef de l’État se dirige tranquillement vers l’énergumène et lui serre la main, lui disant :
– Enchanté, moi c’est Jacques Chirac !
Belle leçon de sang-froid et de répartie, non ?
Cette forme de riposte est du reste un classique qui fait mouche à chaque fois. On la trouve déjà en 1897 sous la plume d’Edmond Rostand dans Cyrano de Bergerac :
LE VICOMTE : Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule !
CYRANO (faisant comme si le vicomte venait de se présenter) : Ah ? Et moi, Cyrano-Savinien-Hercule de Bergerac…
Et maintenant, à vous de jouer…
Vous pouvez aussi inciter le con qui vous fait face à se taire, et ce de diverses manières.
À la façon de Pierre Desproges :
– Il vaut mieux se taire et passer pour un con, plutôt que de parler et de ne laisser aucun doute à ce sujet.
Manière Coluche :
–De tous ceux qui n’ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent…
Façon Frédéric Dard (encore lui) :
– Le con ne perd jamais son temps, il perd celui des autres.
Méthode Philippe Geluck :
– Quand un muet est con, cela ne se remarque pas.
Il peut également nous arriver d’avoir affaire à plusieurs indélicats en même temps ! Dans cette circonstance, le mieux est encore de prendre congé de la troupe en déclamant cette sentence féroce du même Philippe Geluck :
– Un groupe de loups, c’est une horde.
Un groupe de vaches, c’est un troupeau.
Un groupe d’hommes, c’est souvent une bande de cons !
Ou encore cette superbe maxime de Chateaubriand, dont raffolait l’ancien Premier ministre Raymond Barre :
– Il y a des moments dans la vie où il faut être économe de son mépris vu le grand nombre de nécessiteux !
Ou bien cette amusante réplique tirée du film Cinq jours en juin, de Michel Legrand :
– La connerie, quand elle commence à pleuvoir, il faut un sacré parapluie !
Ou encore cet adage du regretté Jean Yanne :
– Si le gouvernement créait un impôt sur la connerie, il serait tout de suite autosuffisant.
Imparable dans tous les cas !
Imaginons à présent que vous tombiez sur le con de référence, celui que l’on désigne du doigt tellement il est caractéristique, le con typifié. Comment décrire à un ami le degré de bêtise d’un tel individu ? Très simple…
En utilisant cet aphorisme :
– Si la connerie avait une gradation, il en serait l’échelle de Richter.
En s’inspirant du mot de Claude Chabrol :
– J’ai discuté avec un gars qui m’a fait comprendre que la bêtise est infiniment plus fascinante que l’intelligence… L’intelligence a des limites, la bêtise n’en a pas !
Ou, option plus élaborée, se calquer sur le dialogue mythique entre Jean Gabin et Bernard Blier dans Le cave se rebiffe :
– J’ai rencontré un type l’autre jour, grand, brun, l’air très con.
– Ça court les rues les grands cons…
– Oui, mais celui-là, c’est un gabarit exceptionnel ! Si la connerie se mesurait, il servirait de mètre étalon. Il serait à Sèvres !
Ou encore, en songeant à Pierre Brochant (Thierry Lhermitte) dansLe Dîner de cons, implorant son kinésithérapeute, le Professeur Sorbier (Christian Pereira), de le soulager de son tour de reins pour qu’il puisse maintenir son « dîner de cons » prévu le soir même :
– Docteur, j’ai un con de classe mondiale ce soir, je vous en supplie, faites quelque chose !
Mais souvenez-vous du point essentiel, on est toujours le con de quelqu’un ! Il faut savoir retourner la situation quand on vous le fait sentir.