La Chine s’est éveillée
Une université chinoise dans le top 20 mondial
Un signe que la tradition du confucianisme cède lentement du terrain à la culture scientifique
L’université Qinghua de Pékin
L’université Qinghua de Pékin est entrée dans le top 20 des meilleures universités du monde. C’est une première. Le classement dont il est ici question est celui de ‘Times Higher Education’, de bonne réputation. Depuis 2004, cette revue publie chaque année un classement mondial des 200 meilleures universités. Les trois premières sont Harvard, le MIT et Stanford. Cambridge et Oxford suivent. Dans les vingt premières, il y a surtout des universités américaines et britanniques. Les exceptions sont l’université de Tokyo, au 12e rang, ETH Zurich, au 19e et, cette année, Qinghua, au 18e, qui était classée 26e l’an dernier. Beijing University arrive au 21e rang (32e l’an dernier). Dans les 100 premières, pour la première fois aussi, apparaissent trois autres universités chinoises : l’université du Zhejiang, à Hangzhou, et deux universités de Shanghai, Fudan et Jiao Tong.
La percée de quelques universités chinoises dans ce classement anglo-saxon mérite commentaire et réflexion. Sont pris en considération le niveau des étudiants, la qualité de l’enseignement, le succès de la recherche – en fonction des publications dans des revues de renommée internationale –, et l’appréciation des diplômes dans la vie professionnelle.
“Sont pris en considération le niveau des étudiants, la qualité de l’enseignement, le succès de la recherche et l’appréciation des diplômes dans la vie professionnelle”
Evolution scientifique
Il y a, en Chine, une longue et riche tradition culturelle. Les Chinois ont été de remarquables techniciens, doués d’une grande capacité d’innovation. Mais il n’y a pas de tradition scientifique. La raison de ce phénomène est elle-même toute culturelle : rien n’est plus anti-scientifique que le confucianisme, qui prône la célébration, la reproduction et l’apprentissage exclusif des ancêtres, de savoirs définitivement acquis. Le confucianisme répudie par principe l’invention, la critique des prédécesseurs. Il est aisé de concevoir, en Chine, d’excellentes institutions où l’on transmet l’héritage culturel des siècles passés, dans la littérature, la pensée (chinoise, évidemment), la peinture ou la calligraphie. Mais une université scientifique, où l’on cherche à produire des connaissances nouvelles, où l’on ne distingue pas ces connaissances selon leur provenance nationale, c’est, en Chine, chose nouvelle, en rupture avec l’histoire nationale.
Naturellement, les intellectuels chinois, frottés à la culture occidentale depuis le début du XXe siècle, puis les autorités se réclamant du communisme, c’est-à-dire d’une doctrine d’origine étrangère valorisant la science plus que tout, ont combattu la tradition culturelle issue du confucianisme. Mais il s’agit là d’un mouvement de grande ampleur, qui ne peut que lentement produire ses effets. L’irruption d’une université chinoise parmi les 20 meilleures du monde est un événement qui atteste ce mouvement.
source : lenouveleconomiste