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le blog lintegral

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Un monde sans scrupules : Le règne des « médiocres » 

Publié par medisma sur 14 Octobre 2016, 19:42pm

 

Un monde sans scrupules : Le règne des « médiocres » 



 

 

 

 

«La plus grande partie de notre sagesse ordinaire est conçue pour l’usage par des gens médiocres, pour les décourager de tentatives ambitieuses, et généralement les conforter dans leur médiocrité.»

Robert Louis Stevenson

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L’Empire de la médiocrité et la fin du monde

Justement Phil Butler impute cet entretien de la médiocrité à une presse aux ordres incapables de penser par elle-même.: «Pour citer, dit-il, l’auteur John Hawkins: Le New York Times, le Washington Post, ABC, NBC, CBS, CNN, MSNBC, etc., etc., etc. agissent comme des attachés de presse pour le Parti démocrate. Quelle que soit l’histoire que les Démocrates veulent faire croire, ils la propagent. Les histoires qui sont mauvaises pour la gauche sont soit totalement ignorées, soit traitées comme insignifiantes (…) Vladimir Lénine a dit une fois: «Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons», et aujourd’hui, les conservateurs financent les gens mêmes qui pendent notre pays par le cou jusqu’à ce que mort s’ensuive.(…) Les années à venir se révéleront de plus en plus cyniques et cruelles. Les gens ne devront certainement pas se pardonner en s’embrassant les uns les autres. Le stade final de la vie de l’humanité sera marqué par la guerre monstrueuse de tous contre tous. Poutine n’a attaqué personne. Les musulmans ne sont pas le problème. (3)
Malheureusement, pour l’espèce humaine, la médiocrité ne peut pas non plus être gérée. Dénonçant l’ignorance crasse des Américains formés, nourris et enchaînés à une manière de penser préjudiciable au monde entier. «Même lorsque les Américains sont pris en flagrant délit de stupidité sur des questions importantes, l’insanité est martelée chez eux par des mêmes et des tendances Twitter transformant notre société pitoyable en comédie. (…) Le sénateur incendiaire de la guerre civile en Ukraine, John McCain est allé à la TV nationale pour proclamer que l’Irak borde le Pakistan. (…) La médiocrité fabriquée est la paresse naturelle d’une société qui réussit, croisée avec un procès à l’intelligence. (…) Ne vous méprenez pas, il y a des montagnes de preuves que l’Amérique est devenue le pays d’incurables stupides malheureux, mais les écrits étonnants de Umair Haque nous giflent en plein visage.» «L’Amérique excelle dans la médiocrité», c’est la vérité indéniable avec laquelle nous devons nous colleter.» (3)
Dans une tribune percutante Phil Butler dénonçant la médiocrité explique que la Russie, le deuxième satan de rechange après l’islam, n’est pour rien dans l’errance de l’Occident américain et de ses vassaux: «Vladimir Poutine n’a causé de préjudice à aucun Américain. La Russie ne s’est jamais mise en travers du Rêve américain. Pour les milliardaires, les Russes constituent un obstacle insurmontable à leurs investissements(…)

En politique comme dans les entreprises, «les médiocres ont pris le pouvoir»

«La médiocratie vient d’abord de la division et de l’industrialisation du travail qui ont transformé les métiers en emplois. En réduisant le travail à une force puis à un coût, le capitalisme l’a dévitalisé. Les métiers se sont ainsi progressivement perdus, le travail est devenu une prestation moyenne désincarnée. L’objectif est de rendre les gens interchangeables au sein de grands ensembles de production qui échappent à la conscience d’à peu près tout le monde, à l’exception de ceux qui en sont les architectes et les bénéficiaires. Le philosophe va plus loin pour dire que de nouveaux concepts ont été introduits, mais la finalité est toujours la même: «D’apparence inoffensive, le terme de gouvernance a été introduit par Margaret Thatcher dans les années 1980. Sous couvert de saine gestion des institutions publiques (…) La gouvernance, est une forme de gestion néolibérale de l’Etat caractérisée par la privatisation des services publics et leur adaptation aux besoins des entreprises.»(4)
«Sous le règne de la médiocratie, la moyenne devient une norme, le compromis domine: idées et hommes deviennent interchangeables. Il faut résister à la révolution anesthésiante, alerte le philosophe Alain Deneault. C’est d’une «révolution anesthésiante» qu’il s’agit. Celle qui nous invite à nous situer toujours au centre, à penser mou, à mettre nos convictions dans notre poche de manière à devenir des êtres interchangeables, faciles à ranger dans des cases. Surtout ne rien déranger, surtout ne rien inventer qui pourrait remettre en cause l’ordre économique et social. «Il n’y a eu aucune prise de la Bastille, rien de comparable à l’incendie du Reichstag, et l’Aurore n’a encore tiré aucun coup de feu, écrit le philosophe Alain Deneault qui enseigne la pensée critique en science politique à l’université de Montréal. Pourtant, l’assaut a bel et bien été lancé et couronné de succès: les médiocres ont pris le pouvoir.»(4)
Sommes-nous dirigés de fait, par des médiocres dans le sens de ceux qui ne se remettent constamment pas en cause, mais fondent dans le consensus ambiant à l’instar du peuple américain gavé de «certitudes» martelées en boucle par des médias conciliants. Le philosophe Michel Abescat a bien raison d’écrire que les médiocres ont pris le pouvoir quel que soit leur domaine (celui de la politique comme celui de l’entreprise). Il définit cette emprise par la médiocratie quelque part un continuum entre la supériorité et l’infériorité: la médiocratie: «Il y a pourtant une distinction sémantique entre la moyenne et la médiocrité, car la moyenne relève le plus souvent d’une abstraction: revenu moyen, compétence moyenne, c’est-à-dire une place au milieu d’une échelle de valeurs. La médiocrité, en revanche, est la moyenne en acte. La médiocratie désigne ainsi un régime où la moyenne devient une norme impérieuse qu’il s’agit d’incarner. C’est l’ordre médiocre érigé en modèle. Il ne s’agit donc pas pour moi de stigmatiser qui que ce soit, mais plutôt de comprendre la nature de cette injonction à être médiocre qui pèse aujourd’hui sur des gens qui ne sont pas forcément enclins à l’être.»(4)

Les fondements de la corruption

«L’expert est souvent médiocre, (…) Il n’est pas incompétent, mais il formate sa pensée en fonction des intérêts de ceux qui l’emploient. Il fournit les données pratiques ou théoriques dont ont besoin ceux qui le rétribuent pour se légitimer. Pour le pouvoir, il est l’être moyen par lequel imposer son ordre. L’expert s’enferme ainsi dans les paramètres souhaités par tel intérêt privé.(…) Sans surprise, c’est le milieu, le centre, le moyen qui dominent la pensée politique. Les différences entre les discours des uns et des autres sont minimes. Les «mesures équilibrées», «juste milieu», ou «compromis» sont érigées en notions fétiches. (…) Dans ce contexte médiocre, règne la combine. Les gouvernants se font élire sur une ligne politique et en appliquent une autre une fois élus. Aucune vision d’avenir, tout le jeu politique est dans le bricolage permanent.»(4)
Ce ronronnement de gens qui disent aux puissants ce qu’ils veulent entendre a un prix, écrit le philosophe. «Le système encourage l’ascension des acteurs moyennement compétents au détriment des supercompétents ou des parfaits incompétents. Ces derniers parce qu’ils ne font pas l’affaire et les premiers parce qu’ils risquent de remettre en cause le système et ses conventions. Le médiocre doit avoir une connaissance utile qui n’enseigne toutefois pas à remettre en cause ses fondements idéologiques. Le médiocre doit «jouer le jeu». «Jouer le jeu» est une expression souriante, d’apparence banale et même ludique. Jouer le jeu veut pourtant dire accepter des pratiques officieuses qui servent des intérêts à courte vue, se soumettre à des règles en détournant les yeux du non-dit, de l’impensé qui les sous-tendent. Jouer le jeu, c’est accepter de ne pas citer tel nom dans tel rapport, faire abstraction de ceci, ne pas mentionner cela, permettre à l’arbitraire de prendre le dessus. Au bout du compte, jouer le jeu consiste, à force de tricher, à générer des institutions corrompues. La corruption arrive ainsi à son terme lorsque les acteurs ne savent même plus qu’ils sont corrompus. (…) l’université forme des étudiants pour en faire non pas des esprits autonomes, mais des experts prêts à être instrumentalisés. Le recteur de l’université de Montréal l’a affirmé sur le ton de l’évidence en 2011: «Les cerveaux doivent correspondre aux besoins des entreprises.» (4)

La trahison des clercs

On dit que l’intellectuel n’a pas les pieds sur terre, il «plane», il n’est pas en phase avec la réalité du monde. Ce que lui reprochera Antonio Gramsci qui parle de praxis c’est-à-dire son refus de se jeter dans la mêlée de la réalité du terrain. A l’autre bout du curseur, dans son ouvrage culte, La Trahison des clercs, Julien Benda reproche aux intellectuels de perdre leurs âmes en s’acoquinant avec le pouvoir. À une époque où de nombreux intellectuels et artistes se tournaient vers la politique au nom du réalisme, Julien Benda dénonça dès 1927, dans son ouvrage, «La Trahison des clercs», la capitulation des intellectuels, traîtres à leur mission de défenseurs du rationalisme démocratique. Les hommes dont la fonction est de défendre les valeurs éternelles et désintéressées, comme la justice et la raison, que j’appelle les clercs, ont trahi cette fonction au profit d’intérêts pratiques.» (…)ils ont introduit à l’intérieur de la vision des événements, comme un ver qui le ronge, leurs propres passions et préjugés: ils adoptent une posture politique leur permettant d’asseoir leur image d’opposant ou de faire fructifier leurs notoriété et intérêts personnels.» (5)

Comment résister à la médiocratie?

On le voit, les intellectuels ou réputés tels qui se compromettent mettent le doigt dans l’engrenage de la compromission. Il est curieux de constater que sur les grands problèmes qui interpellent le pays, les intellectuels ou réputés tels font preuve d’un silence assourdissant. Au-delà de ceux qui, de l’étranger, font des fetwas contre le pouvoir embusqués derrière leur confort et qui font dans le «Ya qu’à», il y a ceux qui mesurent d’où vient le vent. L’intellectuel doit-il passer son temps à s’indigner en rentrant dans la mêlée du débat quitte à recevoir des coups ou devenir un intellectuel à la façon d’Antonio Gramsci. Le médiocre tel que défini dans cette contribution est plus proche de l’arriviste dénoncé par Jules Benda.
Le philosophe Michel Abescat complète son analyse en nous invitant à être lucides: «Résister d’abord au buffet auquel on vous invite, aux petites tentations par lesquelles vous allez entrer dans le jeu. Dire non. Non, je n’occuperai pas cette fonction, non, je n’accepterai pas cette promotion, je renonce à cet avantage ou à cette reconnaissance, parce qu’elle est empoisonnée. Résister, en ce sens, est une ascèse, ce n’est pas facile. Revenir à la culture et aux références intellectuelles est également une nécessité. Si on se remet à lire, à penser, à affirmer la valeur de concepts aujourd’hui balayés comme s’ils étaient insignifiants, si on réinjecte du sens là où il n’y en a plus, quitte à être marginal, on avance politiquement. Ce n’est pas un hasard si le langage lui-même est aujourd’hui attaqué. Rétablissons-le.» (4)

Pr Chems Eddine CHITOUR


3.MichelAbescat. http://www.telerama.fr/idees/en-politique-comme-dans-les-entreprises-les-mediocres-ont-pris-le-pouvoir,135205.php 13 12 2015
4.http://journal-neo.org/2016/09/12/the-empire-of-mediocrity-and-the-end-of-the-world/
[RTF bookmark start: forum104887][RTF bookmark end: forum104887]
5.https://www.monde-diplomatique.fr/1996/01/A/5153
6. http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour…

Photo: Dire non. Non, je n’occuperai pas cette fonction, non, je n’accepterai pas cette promotion, je renonce à cet avantage ou à cette reconnaissance, parce qu’elle est empoisonnée

source:http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/251630-le-regne-des-mediocres.html

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