En dépit d’un blackout sur l’information et la censure militaire française, la situation sécuritaire au centre du Mali, au Niger et au Nord du Burkina Faso ne cesse de se détériorer.
Une église a été ce dimanche la cible d’une attaque armée menée par deux douzaines d’assaillants au Nord du Burkina Faso.
Hier, une vingtaine de soldats nigériens tombaient dans une embuscade tandis que des dizaines de personnes trouvaient la mort au centre du Mali.
Les groupes armés se multiplient et certains de ces groupes imposent leur diktat sur d’immenses territoires qu’aucune force militaire au monde ne peut contrôler.
Au Mali, la situation dans le bassin de la Macina demeure fort préoccupante et volatile. Des groupes armés s’y forment selon l’appartenance ethnique suivant une stratégie adoptée par les services de renseignement français. L’objectif étant de lutter contre les groupes islamistes au moyen de groupes armés rivaux. Une stratégie déjà utilisée par Washington en Irak (Surge/Sahwat) et en Afghanistan. Si cette stratégie a donné quelques résultats en Irak, notamment dans la province sunnite d’Al-Anbar, elle servira plus tard à créer les conditions idéales à l’émergence de groupes ultra-violents comme ceux d’Al-Zarqawi puis les premiers noyaux de Daech. En Afghanistan, cette stratégie n’a jamais fonctionné.
Dans le cas de l’Irak, l’exploitation des clivages interconfessionnels et ethniques a mené à une affreuse guerre civile.
Qu’en sera t-il dans les pays du Sahel ?
Le Mali, à l’instar du Niger et du Burkina Faso voisins sont des pays pacifiques et leurs sociétés ne sont pas connues pour être particulièrement réceptives à l’intolérance, le sectarisme ou la violence.
Les interventions exogènes d’acteurs étrangers risquent de modifier cet état des choses et d’y créer un chaos “durable” pour la sauvegarde d’un statu quo favorable à leurs intérêts.
Des analystes évoquent souvent les velléités hégémoniques de l’empire US et son déclin patent mais oublient la lutte désespérée d’un autre empire mineur au Sahel : la Françafrique et son système d’exploitation anachronique et archaïque légué par celui des colonies.
Paris n’est toutefois plus en mesure d’agir comme avant et massacrer dans le plus grand silence puisqu’il est sous la tutelle de Washington. Un grand allié qui paradoxalement ne verrait pas d’un mauvais oeil la fin de l’escroquerie du Franc CFA ou le retrait de l’influence française en Afrique francophone pour y substituer la sienne.