Souvent surpris des propos très approximatifs de mes interlocuteurs lorsqu’on évoque la dette US et les principaux créanciers des USA, je vais tenter de faire le point sur la question dans les lignes qui suivent.
La dette US totale comprend : les dettes des ménages, des entreprises, des états de l’union, des institutions locales, des institutions financières et enfin la dette fédérale.
Au 31 mai 2019 cette dette totale se monte à 74 000 milliards de dollars soit 350% du PIB US, 85% du PIB mondial, 22 fois le PIB français……
Sur ce montant considérable, la dette fédérale, celle de l’état US, dont on parle le plus souvent en géopolitique, n’est que de 22 356 milliards de dollars (105,5% du PIB US). Elle continue de croître au rythme de 3 milliards de dollars par jour.
Cette dette fédérale est, pour la part la plus importante (71%), détenue par les Américains eux mêmes (fonds de pensions, épargne des citoyens, compagnies d’assurance, institutions financières privées ou étatiques).
Les états étrangers ne détiennent que 6 473 milliards de dollars de dettes américaines au 31 mars 2019 (dernier chiffre connu) soit 29 % de la dette fédérale US et 8,7 % de la dette totale . C’est à la fois peu et beaucoup, notamment en cas de crise économique mondiale résultant d’une faillite US.
Quels sont les continents et les pays les plus exposés au produit de plus en plus toxique que devient la dette US ?
Commentaires DD: Il apparaît que le premier créancier des USA est bien désormais l’ensemble des 28 pays de l’UE qui détient 1 481 milliards de dollars de dette US, chiffre en hausse constante, et non la Chine+Hong Kong qui n’en détiennent plus que 1 328 milliards, chiffre en baisse très progressive et continue depuis début 2018.
En clair, en cas de crise économique (monétaire et/ou boursière) partant des USA, c’est l’UE qui se trouverait la plus exposée aux conséquences immédiates d’un effondrement du dollar, de la bourse et/ou de l’économie US.
Il est vrai que la Chine perdrait, avec les USA, son troisième partenaire commercial, derrière l’UE et l’Asie, et serait durement affectée, elle aussi. Mais la Chine dispose d’un immense marché intérieur et surtout d’un gigantesque marché eurasiatique en développement rapide qui lui permettrait sans doute de s’en sortir moins mal que d’autres ..……
Commentaires DD : Rien de bien surprenant à ce tableau. L’engagement UK, principal allié, voire complice des USA, est trois fois supérieur à celui de la France pour un PIB équivalent. Il ne cesse d’augmenter. Le Royaume Uni continue donc de lier son destin à celui des USA.
L’Allemagne, avec un PIB supérieur de 30% à celui de l’UK se montre beaucoup plus prudente en s’exposant 4 fois moins ….
La France qui s’exposait moins que l’Allemagne le 30 avril 2017 (élection du président Macron) à 67 milliards contre 75, s’expose désormais beaucoup plus à 109, 6 milliards contre 78…… alors que son PIB est d’un tiers inférieur à celui de l’Allemagne. Cherchez l’erreur …..
Sur un an, l’exposition française a augmenté de plus de 30 % ( 80 milliards le 31 mars 2018 contre 109,6 le 31 mars 2019). La France prend donc «des risques» non négligeables pour son bon allié US.
Il est vrai que la France n’a désormais guère le choix. Alors que sa dette explose depuis l’an 2000 (voir vidéo d’1mn 45 publiée hier par le journal le Parisien https://www.youtube.com/watch?v=QG9gPk4ScG0 ) et qu’elle reçoit, hier aussi, un dernier avertissement de Bruxelles à ce sujet: https://www.lepoint.fr/economie/dette-publique-le-dernier-avertissement-de-bruxelles-a-la-france-05-06-2019-2317218_28.php sa bourse (CAC 40) est sous contrôle du fond de pension américain BlackRock, fondé par des membres de la diaspora new-yorkaise. https://www.ouest-france.fr/economie/bourse/blackrock-lefonds-de-pension-americain-patron-du-cac-40-4508811
Comme tous les fonds de pension US, BlackRock détient aussi de la dette US en quantité non négligeable. Si le système US de la dette «à la Madoff» venait à s’effondrer BlackRock serait évidemment impacté, et donc le CAC40 aussi….. On comprend tout l’intérêt de la France à soutenir le système fou de la dette US «à la Madoff» dont l’effondrement provoquerait le sien….
Notons, au passage, que Madoff était aussi un membre de la diaspora, comme le sont les fondateurs de BlackRock, comme l’était Marthe Hanau et Stavisky, en France, à la veille et au lendemain de la crise de 1929 ou comme le sont bon nombre des milliardaires qui possèdent et contrôlent nos médias mainstream ……
Notons encore au passage, que Steven Mnuchin, 77ème secrétaire américain au Trésor, ancien de la banque Goldman Sachs (17 ans) est également un membre éminent de la diaspora. C’est donc lui qui gère la dette US (à la Madoff) et concocte les sanctions tous azimuts prises dans le cadre des guerres commerciales (Chine, Mexique, UE, North Stream 2) et les sanctions prises dans le cadre des pressions géopolitiques (Russie, Iran, Syrie, Turquie, Venezuela). On comprend mieux certaines de ces sanctions lorsqu’on connaît le profil du personnage….
Il est vrai aussi que notre pays est soumis aux pressions très fermes de lobbies transnationaux d’obédience néoconservatrice, très engagés dans la finance internationale, qui le «contraignent» quelque peu pour ce qui concerne sa politique économique et financière et bien évidemment sa politique étrangère. Voir:https://www.youtube.com/watch?v=IAAJiO5HLMY
On me dit souvent :«l’explosion de la dette n’est pas un problème dans la mesure où l’on sait bien qu’elle ne sera jamais remboursée. Une bonne petite guerre permettra de remettre les compteurs à zéro, comme après la crise de 1929.»
Il faut demander aux Argentins et aux grecs ce qu’ils pensent de ce genre d’affirmations.
Cela dit, il n’est pas impossible que cette prophétie peu rassurante finisse, hélas, par se réaliser, dans un réflexe de «fuite en avant».