Les étoiles de l’Oncle Sam pâlissent. La propagande éhontée sur son rétablissement ne parvient plus à masquer sa déliquescence économique et politique. Même les financiers yankees se mettent à spéculer contre leur propre pays. Les temps à venir nous promettent assurément les grands désordres depuis longtemps annoncés…
Le désordre s’accroît désormais sur le terrain politique, où les factions durcissent leurs positions maintenant qu’approche l’échéance présidentielle. Obama a dû effectuer une spectaculaire reculade face à ses adversaires, pour éviter que l’administration centrale ne soit paralysée en l’absence de vote du budget. Il est acculé à engager des coupes sombres dans les dépenses fédérales, c’est-à-dire à apostasier tous les principes qu’il a défendus jusqu’à ce jour – et l’épreuve de force continue. Pour autant, son programme de restrictions budgétaires se révèle ridiculement homéopathique face à l’ampleur de l’endettement américain.
Et La première puissance mondiale pourrait, d’ici quelques jours, ne plus pouvoir payer ses dettes. Si les démocrates et les républicains ne trouvent un accord avant le 2 août, les conséquences pourraient être désastreuses sur l’économie mondiale.
Au-delà du 2 août ou dans les jours qui suivent, les Etats-Unis seront en « défaut de paiement ». Le plafond de la dette, fixé par la loi à 14 294 milliards de dollars (9 950 milliards d’euros), a été dépassé depuis plusieurs mois. Le pays puise depuis lors dans ses réserves pour financer les dépenses publiques et rembourser les créanciers.
Quant à la donne politique présente (source Ouest-France), elle est comme suit :
Le Sénat aux démocrates, la Chambre des représentants aux Républicains
Les démocrates sont faiblement majoritaires au Sénat, à 53 sièges contre 47. Mais ce sont les Républicains qui ont la main à la Chambre des représentants, où 240 sièges sont occupés par les Républicains et seulement 193 par les Démocrates. Or, il faut 216 votes pour qu’un texte passe et soit examiné par le Sénat. C’est pourquoi il est difficile de trouver un accord : les idéologies politiques des uns et des autres étant opposées, les deux partis font blocage sur le vote chaque fois qu’un texte est proposé.
Au Sénat, un véritable bras de fer s’est engagé entre Mitch McConnell, chef du groupe républicain et le chef de file des démocrates, Harry Reid, pour trouver une solution.
La Chambre des représentants, où les républicains sont majoritaires, a rejeté samedi 30, par 246 voix contre 173, un plan démocrate pour tenter d’éviter un défaut de paiement.
Le vendredi 29, le Sénat avait rejeté un plan républicain.
Ce weekend, ils doivent trouver un compromis pour relever le plafond de la dette fixé par la loi et éviter un défaut de paiement du pays. Jusqu’ici, aucune des propositions avancées par l’un des partis n’a convaincu l’autre. À l’heure qu’il est, c’est l’impasse.
La Constitution américaine permet au chef de l’Etat de procéder au relèvement du plafond de la dette d’autorité, sans passer par un vote du Congrès. Le procédé est « tentant », a expliqué Barack Obama, mais il a également ajouté : « ce n’est pas la façon dont marche notre système, ce n’est pas ainsi que fonctionne notre démocratie ».
Ce que proposent les démocrates
Le plan démocrate proposé par Harry Reid, le chef des démocrates de la Chambre des représentants, économiserait 2 200 milliards de dollars sur 10 ans et relèverait a priori suffisamment le plafond de la dette pour tenir jusqu’en 2013, soit après l’élection présidentielle de novembre 2012 à laquelle Obama est candidat. Ce texte a été rejeté hier par la Chambre des représentants.
La solution avancée par les républicains
John Boehner, chef de file des républicains à la chambre des représentants, a proposé un plan qui prévoit une réduction des déficits de 915 milliards de dollars sur 10 ans, en échange d’un relèvement du plafond de la dette de 900 milliards avant le 2 août, puis un autre relèvement début 2012. Les démocrates s’y opposent et ont voté contre cette proposition, estimant que cette solution ne ferait que repousser le problème de six mois, exposant davantage les Etats-Unis à une dégradation de l’évaluation de leur dette par les agences de notation.
Et si aucun accord n’est trouvé ?
Le défaut de paiement ne devrait pas être le 2 août même. Mais dans tous les cas, le Trésor des Etats-Unis affirme qu’il devra vivre avec ses seules entrées d’argent : il ne sera plus autorisé à emprunter. Cela impliquera des choix draconiens : les rentrées d’argent sont loin de couvrir les dépenses, et donc les remboursements des créanciers. D’octobre à juin, l’Etat fédéral a dépensé 1,56 dollar pour chaque dollar de recettes fiscales.
La Chine, principal pays créancier des Etats-Unis, a fustigé la lenteur du Congrès américain pour trouver un accord. Le Japon, la Grande-Bretagne et les pays exportateurs de pétrole seraient également touchés par un défaut de paiement des Etats-Unis, étant les plus gros créanciers du pays après la Chine.
Par conséquent, il faudra rendre certains paiements prioritaires par rapport à d’autres qui seront repoussés à une date indéterminée. Cela devrait signifier le gel de certaines administrations.