La Grèce : hier, aujourd’hui et demain
I- Grèce : vent de panique sur le secteur bancaire
Les épargnants grecs sont de plus en plus convaincus que leur pays sortira de la zone euro. La BCE se prépare au pire en cessant de soutenir les banques sous-capitalisées.
Combien d'argent les Grecs ont-ils prélevé sur leurs comptes bancaires depuis lundi, jour où il est apparu évident que les responsables politiques seraient incapables de former un gouvernement d'unité nationale ? Les chiffres varient, mais il est probable que ce montant s'élève à quelque 1,2 milliard d'euros rien que pour les deux premiers jours de cette semaine. Des retraits en cascade qui s'ajoutent à ceux opérés depuis l'éclatement de la crise et qui font que plusieurs banques grecques sont désormais à court de liquidités. Depuis le printemps 2010, les Grecs ont retiré entre 2 et 3 milliards d'euros par mois en moyenne avec un pic en janvier de 5 milliards d'euros. On calcule que les dépôts bancaires ont fondu de 30 % sur l'ensemble de la période (environ 70 milliards d'euros). Sans compter les exportations illégales de capitaux générées par l'économie souterraine (environ 65 milliards d'euros), soit plus que les économies réalisées dans le cadre des deux mémorandums.
La panique des épargnants s'est accrue lorsqu'on a appris par les derniers sondages que les deux grands partis pro-mémorandum, la Nouvelle Démocratie, conservatrice, et le Pasok, social-démocrate, cèdent encore du terrain au profit notamment de l'extrême gauche de la Coalition de la gauche radicale (Syriza), farouchement opposée au plan. Si ces partis ne parviennent pas à remonter la pente d'ici aux prochaines élections anticipées du 17 juin, la Grèce ne sera pas en mesure de constituer un exécutif qui appliquera les conditions imposées par les Européens et le FMI en échange d'un second programme de financements. La Grèce ferait alors défaut et sortirait de la zone euro. Une éventualité que le Premier ministre sortant, Lucas Papadémos, a qualifié de « désastreuse » pour le pays dans une lettre ouverte adressée hier à ses concitoyens. L'ancien banquier central cède son poste au Premier ministre intérimaire, Panagiotis Pikrammenos, le président du Conseil d'Etat chargé d'organiser les nouvelles élections.
Plan suspendu
Alors que l'agence de notation Fitch a abaissé jeudi soir la note de long terme de la dette grecque en devises et en euros à « CCC » contre « B- » jusque là, les bailleurs de fonds internationaux prennent déjà les premières mesures de précaution en vue d'un hypothétique abandon de la monnaie unique par ce pays. Mercredi, la BCE a confirmé qu'elle cessait de fournir des liquidités à des banques grecques sous-capitalisées. Selon Crédit Agricole CIB, en janvier, le système des banques centrales de la zone euro était exposé à hauteur de 57 milliards d'euros vis-à-vis des banques grecques dans le cadre de son programme spécial d'assistance aux instituts de crédit. Une coquette somme à laquelle il faut ajouter 107 milliards d'euros dans le cadre des opérations normales de prêt.
Frappés par les retraits massifs d'économies, les établissements bancaires grecs attendent avec impatience d'être renfloués par les créanciers internationaux dans le cadre du second programme de financements. Ce plan, suspendu jusqu'au vote, prévoit le versement de 48 milliards d'euros aux banques grecques, dont 25 milliards sont d'ores et déjà mis à la disposition de la banque centrale du pays, qui attend le feu vert définitif pour les transférer aux destinataires finaux. Un coup de plus pour une économie qui agonise et qui a plus que jamais un urgent besoin de crédits.
Source : Les Echos / Massimo Prandi
II- Fitch dégrade la Grèce dans une perspective de sortie de l'euro
En raison du « risque accru » de sortie du pays de la zone euro, l'agence de notation dégrade les notes de long terme de la dette en devises et en euros.
L'agence de notation financière Fitch a abaissé jeudi les notes de long terme de la dette en devises et en euros de la Grèce à « CCC » contre « B- » auparavant, citant « le risque accru » de sortie du pays de la zone euro.
La note de la dette de court terme en devises a également été ramenée à « C » contre « B » auparavant.
« L'abaissement des notes de la dette souveraine de la Grèce reflète le risque accru que la Grèce ne soit pas en mesure de maintenir sa participation à l'Union économique et monétaire », justifie Fitch.
« Le score important des partis +anti-austérité+ lors des élections parlementaires du 6 mai et l'échec consécutif à former un gouvernement montre le manque de soutien politique et public pour le programme (d'aides) de 173 milliards d'euros de l'Union européenne et du FMI », ajoute l'agence.
Les dernières élections en Grèce ont vu la montée en puissance des partis anti-austérité et leur possible accession au pouvoir après le prochain scrutin prévu le 17 juin pourrait remettre en cause le maintien du pays au sein de la zone euro, d'où l'inquiétude des investisseurs.
Le rejet des engagements de la Grèce vis-à-vis de ses créanciers, UE et FMI, serait « désastreux », a prévenu le Premier ministre sortant Lucas Papademo.
Le FMI a d'ailleurs prévenu qu'il suspendait ses contacts avec la Grèce jusqu'aux élections législatives, et ne travaillerait pas avec le nouveau gouvernement provisoire, nommé jeudi à Athènes pour expédier les affaires courantes.
Les Echos
III- De la crise grecque aux catastrophes systémiques (vidéo)
Entrevue avec Jean-Michel Vernochet le 09.05.12 sur la crise grecque & les catastrophes systémiques que cette crise met en lumière.
Source : IcebergTV