"Pour sa neuvième édition, le classement annuel de la liberté de la
presse révèle d’heureuses surprises, rend compte de sombres réalités et confirme des tendances. Plus que jamais, nous observons que développement économique, réformes des institutions et respect
des droits fondamentaux ne vont pas forcément ensemble. La défense de la liberté de la presse est, et restera toujours, un combat, combat de la vigilance dans les démocraties de la vieille
Europe, combat contre l’oppression et pour la justice dans les régimes totalitaires qui parsèment encore le globe. Il convient de saluer, d’un côté, les moteurs de la liberté de la presse,
Finlande, Islande, Norvège, Pays-Bas, Suède, Suisse en tête et, de l’autre, de rendre hommage à la détermination des militants des droits de l’homme, journalistes et autres, qui par le monde
défendent avec vaillance le droit de dénoncer….’’
"Il est inquiétant de constater que plusieurs Etats membres de l’Union européenne continuent de perdre des places dans le classement. Si elle ne se ressaisit pas, l’Union européenne risque de perdre son statut de leader mondial dans le domaine du respect des droits de l’homme. Comment pourra-t-elle alors se montrer convaincante lorsqu’elle demandera aux régimes autoritaires de procéder à des améliorations ? Il est urgent que les pays européens retrouvent leur statut d’exemplarité ‘’.
L'Europe du Nord garde la tête du classement. Six pays se partagent la première place: Finlande, Islande, Norvège, Pays-Bas, Suède et Suisse. Ces pays "montrent l'exemple en respectant les journalistes et les médias mais également en les protégeant face à la justice", explique RSF dans son rapport.
Ce classement RSF 2010 confirme toutefois une dégradation de la liberté de la presse dans l'Union européenne, où "l'écart continue de se creuser entre bons et mauvais élèves". Sur les 27 pays de l'UE, 13 apparaissent dans le "top 20", les plus mal classés parmi les autres étant la France (44e), l'Italie (49e), la Roumanie (52e), la Bulgarie et la Grèce (70e).
Une nouvelle fois en recul, "la France et l'Italie
(...) confirment leur statut de 'cancres' des pays fondateurs de l'UE", souligne RSF. Dans ces deux pays, explique l'ONG, des incidents et faits marquants ont jalonné l'année en cours: "violation
de la protection des sources, concentration des médias, mépris (...) du pouvoir politique envers les journalistes et leur travail, convocations de journalistes devant la justice."
Et cette France censée donner l’exemple est même dépassée par des pays africains tels que : La Namibie (21e), le Cap Vert, le Ghana et le Mali (26e), L’Afrique du Sud (38e) et enfin la Tanzanie (41e). Quelle Honte !
A remarquer que ces pays subsahariens sont majoritairement anglophones !
Quant au Maghreb et autres pays arabes, la situation des droits de l’homme n’y est guère séduisante :
En Algérie, le nombre de procès intentés contre les journalistes a sensiblement diminué certes, ce qui explique la progression de 8 places dans le classement. Néanmoins la liberté de presse y est toujours préoccupante et le pays figure à présent à la 133e place.
Le Maroc régresse de 8 places. Son classement à la 135e place reflète une crispation des autorités sur des questions relatives à la liberté de la presse, que l’on commence à observer dès 2009. La condamnation d'un journaliste à un an de prison ferme (il purgera huit mois), la fermeture arbitraire d'un journal, l'asphyxie financière orchestrée par les autorités d’un autre journal… autant de pratiques qui expliquent le recul de la position du Maroc.
Quant à la Tunisie (164e), elle continue sa chute dans les profondeurs du classement du fait de la politique de répression systématique mise en place par les autorités à l'égard de toute personne qui exprime une idée contraire à celle du régime. L'adoption de l'amendement de l'article 61bis du code pénal est particulièrement inquiétante dans la mesure où elle conduit à criminaliser tout contact avec des organisations étrangères qui, à terme, nuiraient aux intérêts économiques de la Tunisie..
Le Bahreïn connaît un recul de sa position dans le classement, passant de la 119e à la 144e place, qui s'explique par la multiplication des emprisonnements et des procès, notamment contre les blogueurs et les net-citoyens.
Une autre baisse importante est celle du Koweït qui perd 27 places, passant de la 60e à la 87e place, du fait notamment de l'acharnement des autorités koweitiennes à l'encontre de l'avocat et blogueur Mohammed Abdel Qader Al-Jassem, incarcéré à deux reprises suite à des plaintes déposées par des personnalités proches du régime. Ceci contredit la volonté des autorités de donner l'image d'être la première démocratie du Golfe.
Le classement mondial des 20 premiers pays :
1 Finlande
- Islande
- Norvège
- Pays-Bas
- Suède
- Suisse
7 Autriche
8 Nouvelle-Zélande
9 Estonie
- Irlande
11 Danemark
- Japon
- Lituanie
14 Belgique
- Luxembourg
- Malte
17 Allemagne
18 Australie
19 Royaume-Uni
20 Etats-Unis (territoire américain)