Principaux termes de la crise financière
- Agences de
notation
Ces sociétés ont pour rôle d’évaluer le
risque de tel ou tel placement grâce à une note. Les plus sûrs, comme les obligations d’Etat reçoivent un «triple A». Les plus risquées se voient affligées d’un «D» ou d’un «C»,
suivant les agences. Ces agences sont sur la sellette pour avoir donné de trop bonnes notes aux «subprimes». Elles sont soupçonnées de conflit d’intérêt: elles sont payées par les entreprises
qu’elles notent et non pas par celles qui utilisent leur système.
- Banques centrales :
La Réserve fédérale américaine (Fed) ou la Banque centrale européenne (BCE) ont pour mission de diriger la politique monétaire et de garder l'inflation sous contrôle.
Elles disposent d'un levier essentiel, leurs taux d'intérêt directeur, qu'elles peuvent abaisser pour stimuler l'économie ou au contraire relever - c'est le "resserrement monétaire" - pour
juguler l'inflation. Les taux d'intérêt consentis aux banques puis aux particuliers suivent le mouvement.
Les banques centrales peuvent aussi retirer ou injecter de l'argent sur les marchés pour rééquilibrer la quantité d'argent frais disponible et tenter d'éviter des krachs
financiers.
- Banque d'affaires :
Une banque d'affaires conseille et finance les entreprises dans
leurs opérations de fusion, d'acquisition ou de restructuration. Elle accompagne également l'entreprise qui souhaite s'introduire en Bourse ou augmenter son capital pour financer son
développement.
Elle élabore aussi des produits d'investissement pour le compte de ses clients, mais aussi pour son propre compte: il s'agit de produits financiers dont le rendement est lié au niveau plus ou
moins élevé de risque.
Le terme "banque d'affaires" (ou "banque d'investissement") est la traduction de "investment bank". Après la crise de 1929 aux Etats-Unis, une loi a imposé de séparer les banques de détail
(particuliers et PME) et les banques d'investissement.
En France, les grandes banques sont dites "universelles" car elles exercent tous les métiers de la banque, de la banque de détail à la banque d'investissement en passant par la banque privée
(gestion des grandes fortunes) et la gestion d'actifs, pour le compte par exemple des fonds de pension.
- Bonus :
Les bonus sont des primes salariales, essentiellement en "cash" même si la part en actions a tendance à
s'accroître ces dernières années, versées en début d'année en fonction de l'appréciation par le supérieur des résultats passés du salarié, mais aussi de son importance stratégique pour l'année
suivante.
Ce mode de distribution est né à la fin des années 80 dans les grandes banques anglo-saxonnes et s'est progressivement étendu en France.
Les bonus des traders concentrent les critiques adressées au capitalisme financier car il n'existe pas de malus pour les opérateurs qui causent des pertes : au mieux, ils ne touchent pas de
prime, au pire, ils sont mis à la porte.
Les bonus ne sont pas calculés en fonction d'un résultat individuel. Toute l'enveloppe n'est pas distribuée aux traders : une partie sert à rémunérer les chefs d'équipe et de salles de marché,
qui concentrent les bonus les plus élevés, tandis qu'une autre alimente les enveloppes des fonctions de contrôle.
- Carry Trade :
C'est l'effet levier appliqué à l'échelle internationale. Cette pratique spéculative consiste à emprunter
de l'argent dans un pays où les taux d'intérêt sont très faibles pour le placer dans des actifs étrangers plus rentables. Au Japon, les taux d'intérêt ne sont que de 0,50%, ce qui incite de
nombreux investisseurs à emprunter des capitaux dans ce pays. Mais avec le retournement des marchés boursiers, cette pratique devient très risquée. Pour limiter leurs pertes, les spéculateurs
vendent donc leurs actifs risqués et remboursent leurs emprunts en yens. Ils font ainsi monter la monnaie japonaise.
- CDS (Credit Default Swap):
Le Credit Default Swaps (CDS) est un contrat d’assurance négocié entre deux parties pour se protéger contre le risque de défaut sur la dette d’une entreprise. La partie qui anticipe un défaut de l’entreprise sur sa dette, achète de la protection en versant à l’autre une prime annuelle. L’autre partie, le vendeur de la protection, promet en échange de couvrir les pertes de la valeur de la dette si un défaut survient pendant la durée du contrat.
Dans la vie, on estime actuellement le montant de ce marché particulier à quelque 62.300 milliards de dollars. La chute de Lehman Brothers en septembre a déclenché des milliards de dollars de pertes chez ses contreparties et chez ceux qui avaient vendu de la protection sur sa dette.
- CRISE ECONOMIQUE :
Une crise économique est caractérisée par un
profond bouleversement de la situation économique d’un pays, d’un territoire comme l’ensemble de territoire en interdépendance. Une crise débute souvent par un krach, phase brutale provoqué par
l’effondrement du système qui régit l’économie du territoire visé. Cependant comme un séisme, la crise économique provoque des ondes de choc qui se répartissent dans tout les domaines de
l’économie et gangrène les différents secteurs du pays. Une crise économique se caractérise par ses répercussions qui peuvent être très larges et se traduisent souvent par une montée du chômage,
la faillite d’entreprises et souvent par des baisses de salaire et de pouvoir d’achat. Une crise économique s’accompagne d’une baisse importante de la croissance du pays puis d’une recession plus
ou moins longue, le temps de stabiliser de nouveau l’économie.
- Les fonds d'investissements :
Ces sociétés ont pour objet d'investir sur différents marchés, avec divers degrés de risques financiers.
Parmi eux, les "hedge funds" ou fonds spéculatifs sont spécialisés dans les investissements risqués, et certains ont choisi d'investir dans le juteux marché des "subprime".
Les établissements qui ont consenti des prêts "subprimes" ont en effet transformé les crédits en "titres financiers" ou titrisation, de façon à pouvoir les vendre sur les marchés.
En raison du retournement du marché immobilier américain, les titres dérivés des subprimes ne trouvent plus preneurs. Ceux qui acheté ces titres, les "hedge funds" notamment, font donc aussi les
frais de la crise. La faillite ou le gel de plusieurs d'entre eux a affolé les marchés.
- Hedge funds
:
Ce sont des
fonds très spéculatifs. Leur spécialité : faire des profits rapides avec des paris très risqués sur les marchés. Les hedge funds ne jouent pas avec leur propre argent. Ils l'empruntent aux
banques ou effectuent des placements pour des clients alléchés par la promesse de rendements élevés.
La crise a commencé avec la fonte de deux d'entre eux, gérés par la banque Bear Stearns.
- Injections de liquidités de la BCE :
La banque centrale européenne (BCE) injecte des milliards
d'euros dans le circuit monétaire de la zone euro via des procédures dites "d'appel d'offre rapide", des opérations complexes qui visent à piloter les fluctuations de liquidités.
En zone euro comme ailleurs, les banques ont besoin de liquidités pour faire face à leurs obligations. Ce cash, elles se le prêtent entre elles sur le marché dit "interbancaire". Mais elles
peuvent aussi l'emprunter auprès de la BCE, qui le leur fournit avec intérêt.
Pour distribuer des liquidités, la BCE procède habituellement à des appels d'offre hebdomadaires.
Les banques demandent un certain montant et proposent de le payer à un certain taux, nécessairement supérieur au taux de refinancement de la BCE, soit 4% actuellement. Pour être sûr d'obtenir de
l'argent, il vaut donc mieux proposer un taux élevé.
En fonction des sommes demandées et des taux proposés, la BCE fixe un taux minimum au-delà duquel les offres sont servies.
Les liquidités sont distribuées en contrepartie de valeurs mobilières, obligations ou actions, que les banques mettent en pension auprès de la BCE. Parfois, des déséquilibres surviennent dans le
circuit monétaire, ce qui contraint la BCE à injecter ou retirer de l'argent via des "appels d'offre rapides", ou "opérations de réglage fin".
Le principe est le même que pour les opérations de refinancement hebdomadaires, sauf que l'opération est beaucoup plus courte, sur un jour le plus souvent, ou sur trois jours.
La BCE intervient quand il y a une pénurie de liquidités sur le marché interbancaire. Certaines banques de la zone euro ont investi massivement sur le marché du crédit immobilier à risque
américain, qui s'est effondré, entraînant de lourdes pertes pour les établissements bancaires.
Un climat général de défiance s'est installé et les banques ne se font plus assez confiance pour se prêter mutuellement de l'argent.
Dernier point : d'où vient l'argent distribué par la BCE? La Banque centrale dispose d'un système de réserves obligatoires rémunérées. Les banques commerciales qui veulent emprunter auprès de la
BCE sont ainsi astreintes à y déposer un certain pourcentage des dépôts de leurs clients ou de leurs dettes.
- Leverage :
Le "levier d'endettement" consiste à emprunter de grandes sommes d'argent pour augmenter les gains attendus
des placements. S'il permet de multiplier les gains, il peut aussi multiplier les pertes si la tendance se retourne.
- Marchés financiers :
Il existe plusieurs types de marchés financiers : actions, obligations, notamment les Bons du Trésor
américains, marché monétaire. Ce dernier est basé sur les échanges de capitaux. Un marché baisse quand il y a plus de vendeurs que d'acheteurs, et peut même s'effondrer si les acheteurs font
totalement défaut.
- Marché interbancaire ou monétaire
:
Il permet aux banques de se prêter de l'argent entre elles. Il
est régi par plusieurs taux, notamment le "libor", à Londres, les Fed Funds aux Etats-Unis et l'Euribor dans la zone euro.
Si les taux grimpent brusquement, c'est le signe d'une contraction du crédit et les banques centrales interviennent alors pour apporter des liquidités aux banques.
- Crédit immobiliers hypothécaires, ou «mortgage»
C’est le type de crédit le plus utilisé dans les pays
anglo-saxons. Le bien acheté à crédit est hypothéqué auprès du prêteur. Ce qui veut dire qu’en cas de défaut de paiement, la banque peut se payer en vendant la maison. Le taux d’intérêt le plus
souvent souscrit est variable.
Avec ce système, le pouvoir d’achat des ménages dépend très largement de la valeur du bien immobilier. Ainsi, lorsque la valeur de la pierre chute, et que les taux d’intérêt augmentent, les
ménages voient leurs revenus diminuer car ils doivent rembourser plus. Et leur capacité d’emprunt diminue.
=> Exemple. Lorsqu’un ménage emprunte pour acheter une maison à 100.000 dollars dont la valeur augmente de 50%, il peut demander une rallonge d’autant de son crédit. Pour acheter une voiture
ou un home cinéma.
- Crédits immobiliers subprime
:
Prêt immobilier dit "à risque", car consenti à des ménages dont
la solvabilité est fragile, et qui risquent donc de ne pas rembourser. Pour compenser le risque, ce prêt est accepté à un taux d'intérêt très élevé.
Quand les prix de l'immobilier ont commencé à baisser aux Etats-Unis, notamment en raison d'une baisse de la demande, tandis que les taux d'emprunt augmentaient, nombre de ménages se sont trouvés
incapables de rembourser leurs emprunts, mettant en danger les établissements de crédit.
- Produits dérivés :
ce sont des outils financiers complexes qui jouent sur la hausse ou la baisse future de différents : indices, devises, actions, matières premières ou taux d’intérêt…
En Bourse ces produits peuvent permettre de gagner que les cours montent ou baissent à condition d’avoir effectué des choix judicieux.
- Rehausseurs de crédit :
ce sont des organismes qui assuraient au départ les crédits des collectivités locales aux Etats-Unis : une très bonne note permettait d’obtenir des taux d’intérêt moins élevés. Le système s’est malheureusement étendu aux crédits immobiliers et à la consommation.
- Taux directeur :
C'est le principal outil des banques centrales pour la
régulation de l'activité économique. Actuellement, le taux directeur de la Réserve fédérale (Fed) est à 0,5%
- Taux d'escompte de la Fed
:
Le taux officiel d'escompte est le taux d'intérêt auquel la Banque consent des prêts d'une journée aux
institutions financières. Il s'agit d'un instrument de politique monétaire plus rarement utilisé.
- Titrisation
Une banque vous prête 100 euros. Puis décide de ne plus gérer cette créance, parce qu’elle estime, par
exemple, que vous représentez un trop gros risque. Elle la vend à un autre opérateur, qui touche lui-même le taux d’intérêt et gère l’emprunt à la place de votre banque. Voir peut le revendre à
une tierce société, qui elle-même peut en vendre une partie à une autre, etc… Ce mécanisme, la titrisation, contribue à noyer le risque en le divisant entre beaucoup d’acteurs. Dans le même
temps, il rend très difficile l’identification de l’origine des fonds.
La crise s’est propagée par la généralisation de la titrisation des prêts «subprimes», considérés jusqu’au début de la débâcle comme des placements plutôt sûrs (lire plus bas agence de
notation).
- Ventes à découvert :
- Elles permettent à un spéculateur qui joue à la baisse une action de la vendre sans la posséder. Il la vend au temps t0 et promet de la livrer au temps t1, la rachetant juste avant l’échéance, le spéculateur empoche le gain de la vente plus avantageuse que le rachat à condition que l’action ait effectivement baissé entre-temps.
Décodage de quelques termes actuellement courants :
La grande affaire de la crise est sans conteste la titrisation, un procédé déjà ancien (émission de titres négociables adossés à des actifs) mais dont le développement a pris une ampleur considérable au début des années 1990, surtout aux Etats-Unis. Les titres émis (ABS, ou Asset Backed Securities) se divisent en plusieurs catégories, dont deux principales : les MBS (Mortgage Back Securities) résultent de la titrisation de créances hypothécaires, tandis que les CDO (Collateralised Bond Obligations) concernent d’autres types de créances et/ou des actifs financiers et/ou des dérivés de crédit.
Les CDO recouvrent différentes formes : SCO (Collateralised Synthetic Obligation), dont les sousjacents sont des dérivés de crédit, CLO (Collateralised Loan Obligation), dont les sous-jacents sont des prêts bancaires, CDO2, dont les sous-jacents sont des CDO, etc. Plusieurs acteurs peuvent s’interposer entre les actifs destinés à être titrisés et l’investisseur. - Les agences de notation divisent les ABS en tranches, AAA, mezzanine, equity, selon la qualité du sous-jacent.
- Les réhausseurs de crédit (ou compagnies d’assurance monoline),
forts de leur notation (AAA ou AA avant la crise), se font rémunérer pour garantir des émissions obligataires.
A l’origine présents sur le marché des obligations municipales (MBIA, l’un d’eux, signifie Municipal Bonds Insurance Association), ils se sont ensuite intéressés au marché des émetteurs privés. Les trois principaux sont MBIA, Ambac et FGIC. Deux banques françaises, Natixis et Dexia, ont connu des déboires avec leur monoline américain, CIFG et FSA.
- Les organismes de refinancement hypothécaire américains (Fannie Mae, Freddie Mac, Ginnie Mae) achètent des créances hypothécaires aux banques commerciales et émettent des titres négociables. Fannie Mae (Federal National Mortgage Association) a été fondé en 1938 et privatisé en 1968. Freddie Mac (Federal Home Loan National Mortgage Association) a été créé en 1970 sur le même modèle. Ces deux établissements, désormais sous tutelle de l’Etat, étaient privés, mais ils bénéficiaient d’une garantie implicite du gouvernement et avaient la possibilité de se financer directement auprès du Trésor. Ginnie Mae (Gouvernment National Mortgage Association), le troisième établissement du genre, moins connu, a toujours bénéficié d’une garantie de l’Etat à 100 %.
- Les SIV (Structured Investment Vehicule ou conduit) sont des structures créées par les banques (sponsors).
Elles émettent des ABCP (Asset Backed Commercial Paper ou billets de trésorerie) pour se financer et investissent dans des actifs adossés à des créances, MBS, CDO, etc, en jouant sur le spread entre l’argent à court terme et à long terme. Prises de court par le manque de liquidité du marché des ABCP, de nombreuses banques (Citi, HSBC, Société générale…) ont réintégré leurs conduits dans leur bilan et/ou déprécié la valeur de leurs actifs.
La crise a, par ailleurs, mis sous les feux de la rampe des outils de mesure du risque moins statiques que ceux utilisés par les agences de notation. Il est ainsi devenu commun de parler du niveau de CDS d’un émetteur.
Un CDS (Credit Default Swap) est un contrat où un vendeur de protection s’engage, contre versement d’une prime, à dédommager un acheteur de protection en cas d’événement de crédit (défaut, restructuration de la dette, faillite) chez l’émetteur. Un CDS cotant 500 points de base signifie que la prime pour assurer 10 millions d’euros de dette s’élève à 500 000 euros. Il peut être single name (ne concerne qu’un émetteur) ou multi name. Ces dérivés de crédit, négociés de gré à gré, ont connu un essor spectaculaire au cours des dernières années, avec des taux de croissance du marché d’environ 45 % l’an entre 2004 et 2007. La valeur nominale des CDS atteignait plus de 57 000 milliards de dollars en juin 2008, selon la Banque des règlements internationaux, tandis que la valeur de marché se situait au même moment à plus de 3 000 milliards de dollars.
Ayant besoin d’une vision synthétique du marché, les investisseurs se tournent désormais fréquemment vers des indices couvrant tout ou partie du marché des CDS. Les indices les plus connus sont commercialisés par Markit, sous les dénominations iTraxx (iTraxx Main pour les émetteurs européens de premier rang, iTraxx Crossover pour les émetteurs européens non financiers notés au mieux Baa3/ BBB) et CDX (sociétés américaines). Atteints par la crise par ricochet, les investisseurs en actions ont, eux aussi, recours à des instruments de mesure capables de refléter le « niveau de stress ». Depuis quelques trimestres, ils se réfèrent plus volontiers qu’avant au Chicago
Board Options Exchange Volatility Index, plus connu sous la forme Vix. Cet indice mesure la volatilité implicite des options sur l’indice Standard & Poor’s 500 (les indices VXN et VXD se rapportent au Nasdaq 100 et au Dow Jones Industrial Average). Le Vix a établi un record historique à 89 % le 24 octobre 2008. Au-delà de 30 %, il
traduit une grande fébrilité des investisseurs ; en deçà de 20, on a affaire à un marché très calme.