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Le chômage, M. Hollande et M. Sarkozy

Publié par medisma sur 6 Juillet 2014, 21:48pm

Le chômage, M. Hollande et M. Sarkozy

 

Une analyse fine des statistiques du chômage révèle des tendances tant historiques que structurelles extrêmement importantes. Le chômage connaissait en effet une décrue depuis 2004 jusqu’en 2008. On s’aperçoit que le processus de sa hausse révèle deux et non une seule histoire.

(1) De septembre 2008 à mai 2009, la catégorie « A » des demandeurs d’emplois (personnes sans emploi avec obligation de recherche d’un emploi), augmente de 2,05 millions à 2,5 millions. Cet accroissement se retrouve pour les catégories « D » (demandeurs d’emplois, sans emplois, exemptés de recherche d’emplois) et « B » (personnes travaillant – de 70h par mois). Cette phase de hausse brutale et rapide se poursuit par une phase de stabilisation, qui va de mai 2009 à mai 2010, ou la catégorie « A » ne s’accroît plus que de 0,2 millions. Dans cette phase de stabilisation néanmoins, la catégorie D augmente en proportion par rapport à la catégorie A (de 8,6% à 9,7%), tandis que la catégorie « B » elle s’effondre. Cela traduit à la fois un mécanisme administratif visant à « masquer » la hausse de la catégorie « A » en multipliant les exemptions de recherches d’emploi, et l’effondrement du travail à temps très partiel (- de 70h par mois), ce qui correspond bien au contexte d’une crise aiguë.

Graphique 1

 

Source : données de la DARES

 

(2) La stabilisation est acquise en mai 2010, et durera exactement un an, jusqu’en mai 2011. La progression du chômage semble arrêtée, que ce soit pour la catégorie « A » ou pour l’ensemble des trois catégories A+D+B. Il faut cependant noter que l’on est à 2,706 millions pour la catégorie A et à 3,486 millions pour l’ensemble des trois catégories. En l’absence de statistiques précises sur les radiations de demandeurs d’emploi, on est réduit à recourir à des estimations, qui donnent environ 300 000 personnes victimes d’une radiation administrative alors qu’elle est toujours sans emploi. Le nombre des chômeurs approche dont les 3,7 millions en mai 2011.

Graphique 2

 

 

Source : idem graphique 1

 

(3) Le chiffre des demandeurs d’emplois va se remettre à augmenter à partir de juin 2011. C’est le moment ou le Premier-Ministre, M. François Fillon, et le Président de l’époque, M. Nicolas Sarkozy, font plonger la France dans ce que l’on peut appeler « l’Euro-Austérité ». Par ce terme, on n’entend pas seulement une politique d’austérité menée de concert avec les pays des la zone Euro, mais une politique menée dans le but affiché de « sauver l’Euro ». En fait, cette politique à deux aspects. Du côté strictement financier, Mario Draghi, le nouveau président de la BCE annonce une politique de soutien à l’Euro, dont l’effet le plus immédiat est de faire baisser les taux d’intérêts nominaux. Du côté macroéconomique, les pays comme la France cherchent à diminuer l’ampleur de leur déficit non par un accroissement de l’activité mais par une hausse des impôts et des réductions de dépenses publiques. Or, ces politiques ont des conséquences très néfastes sur la croissance, et la baisse de cette dernière fait mécaniquement baisser les recettes publiques, détruisant l’objectif recherché. Si l’on regarde les effets de cette politique, on constate qu’en 13 mois elle provoque une hausse de 3,486 millions à 3,746 millions pour le nombre des demandeurs d’emplois des catégories A+D+B, soit une hausse moyenne de 20 000 par mois. Cette néfaste politique sera reprise par le Président nouvellement élu, M. François Hollande. La hausse, jusqu’en mai 2014 sera alors de 3,746 millions à 4,334 millions, soit une hausse de 24 500 par mois.

Graphique 3

 

Source : idem au graphique 1

 

Une première observation est alors possible. La hausse du chômage que nous connaissons actuellement n’est pas la conséquence de la crise financière de septembre 2008. Les effets de cette dernière, qui furent très importants, ne se sont faits sentir que jusqu’en mai 2010. La hausse du chômage actuelle est liée à autre chose : ce que l’on a appelé « l’Euro-Austérité ». On voit bien que le nombre des demandeurs d’emplois augment régulièrement depuis mai 2011. Le tournant vers l’Euro-Austérité n’a pas été pris par le gouvernement actuel mais par l’ancien gouvernement.

Mais, cette observation en appelle une deuxième. La politique menée par le président actuel, M. François Hollande et par ses deux premiers ministres successifs (MM. Ayrault et Valls) n’a marqué aucune rupture avec l’ancienne politique. Au contraire, elle l’approfondit et l’aggrave, ce qui se traduit par une hausse quasi continue du nombre des demandeurs d’emplois. La politique actuelle est bien ce que l’on peut appeler une « politique de droite ».

Mais une troisième observation est possible, si l’on regarde maintenant les catégories « C » et « E », soit les demandeurs d’emplois travaillant à temps partiel (moins de 140h par mois et plus de 70 h), ainsi que les personnes ayant un emploi à temps complet mais dans des conditions de précarité telles, et dans des conditions de subventions par les pouvoirs publics telles, qu’ils sont inscrits sur les listes des demandeurs d’emplois. Nous avons appelé cette catégorie les « quasi-chômeurs », car soit ils ne peuvent pas vivre avec leur travail, soit ce dernier dépend directement de subventions. On voit que cette catégorie augmente de manière considérable durant toute la période, mais plus particulièrement dans celle de « l’Euro-Austérité », soit depuis mai 2011. La politique actuelle, mise en place sous M. Sarkozy et prolongée par M. Hollande s’est traduite par une aggravation considérable de la précarité des travailleurs. Aujourd’hui, les chiffres du chômage en France sont donc :

Graphique 1

Catégories

En pourcentage sur la population active estimée en mai 2014

En comptant les personnes radiées des listes de Pôle Emploi

A

11,8%

13,5%

A+D

12,8%

14,5%

A+B+D

15,1%

16,8%

A+B+C+D+E

19,8%

21,6%

D+E

4,7%

4,7%

 

Ainsi, une personne active sur cinq est soit au chômage, soit dans une situation d’extrême précarité. Telle est la situation réelle en France, après trois ans d’Euro-austérité.

Par Jacques Sapir

 

 

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