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La Révolution française : Comment a-t-elle été provoquée ? Comment l’a-t-on vue resurgir ?

Publié par medisma sur 20 Janvier 2017, 23:59pm

 

Quand la Monarchie dansait sur un volcan

La Révolution française :

Comment a-t-elle été provoquée ?

Comment l’a-t-on vue resurgir ?

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La révolution française n’est pas un phénomène spontané. Elle est l’aboutissement de trois règnes frappés d’impuissance politique.

En effet, ce sont les trois derniers rois de France qui concoururent littéralement à son émergence :

-- Louis XIV, malgré la vigilance de Colbert, son ministre des Finances, laisse au jeune roi Louis XV des caisses vides de 3 milliards de livres de déficit et une situation économique et sociale des plus déplorables.

Le Grand Roi est célèbre pour ses dépenses sans retenue. C’est un puit sans fond : les frais de représentation de la cour sont ruineux. Les distractions sont plus ruineuses encore. Aux courtisans fidèles, il verse des sommes folles. En fait, il tient toute la noblesse par la bourse.

Pour affirmer son autorité, le roi s’attaque dés sa prise de pouvoir personnel à des personnages emblématiques tels que le trop puissant Nicolas Fouquet ou le rebelle Louis de Rohan. Par la suite, il aura recours aux lettres de cachet, forme « souveraine » de justice, qu’il considère plus discrète et efficace.

En 1685, il proclame la révocation de l’édit de Nantes, privant ipso facto les protestants français du droit de libre exercice de leur culte.

Obsédé par sa gloire, le Roi-Soleil, vieillissant, plonge son royaume dans des guerres interminables. A cela s’ajoutent des calamités naturelles : les « Grand Hyver », périodes de grands froids, et parfois même des périodes de sécheresse et de grande famine.

En 1713, le pays est exsangue. Et ce sont les plus démunis qui, au premier chef, ont en pâti :

« Vous avez détruit la moitié des forces réelles du dedans de votre Etat, pour faire et pour défendre de vaines conquêtes au dehors. Au lieu de tirer de l’argent de ce pauvre peuple, il faudrait lui faire de l’aumône, le loger et le nourrir. La France entière n’est plus qu’un grand hôpital désolé... », écrit Fénelon au roi, au lendemain de la plus grande famine du siècle (1693).

La situation est d’autant plus désolante qu’à aucun moment le souverain n’envisage de revoir la fiscalité et d’équilibrer les obligations. Mieux, en 1700, il fait la sourde oreille au plan de réforme que lui souffle un Vauban par trop épris de justice sociale : « Il est certain que ce mal est poussé à l’excès et que, si l’on n’y remédie, le menu peuple tombera dans une extrémité dont il ne se relèvera jamais, les grands chemins de la campagne et les rues des villes et des bourgs étant pleins de mendiants que la misère chassent de chez eux... » Jamais Louis XIV ne se ravisera sur ce point. Qui, alors, oserait donner tort au redoutable Saint-Simon : « Je me [sais] gré d’avoir jugé depuis longtemps que le roi n’aimait et ne comptait que lui et était à soi-même sa fin dernière. » Et Michelet d’enfoncer le clou : « Ce qui saisit dans cette fin lamentable de 1715, c’est que ...Louis XIV peut descendre en pleine majesté ce superbe Niagara de la banqueroute, au plus profond chaos de l’écrasant naufrage. »

En fait, la seule chose dont le Soleil ne s’est jamais douté, c’est que fatalement, il y aurait un couchant... Le Gand Roi s’éteint cette même année de 1715 léguant à son successeur un pays dévasté et un peuple de crève-la-faim.

-- Louis XV, flirtant avec la faillite, estime que les riches (clergé et noblesse) devraient payer l’impôt. Il essaya de les y contraindre. Il négocie, il ordonne, il tempête ! Mais sans résultat.

Il nomma un spéculateur anglais, John Law, ministre des Finances. Celui-cideviendra le père de la planche à billets avec le désastre que l’on connait. Au total, environ 3,5 milliards de livres de papier-monnaie furent émis (en monnaie de singe).

La faillite du système en 1720 remit tout en cause.

En fin de règne, Louis XV s’inquiète beaucoup de la situation globale du pays et on l’a entendu à plusieurs reprise s’exclamer : « je me demande comment Berry (futur Louis XVI ) s’en tirera? . » Pourtant, il n’a jamais initié aux affaires ce jeune dauphin.

Après la banqueroute, on dut procéder à un apurement des comptes.

-- Louis XVI aggrave le déficit hérité de ses prédécesseurs en finançant agressivement la campagne aux Amériques, en soutenant les insurgents des futurs Etats-Unis contre la métropole britannique.

En dépit d’une situation financière dégénérée, il refusa d’écouter son ministre des Finances, Turgot qui lui suggéra dés le début du règne un recours à un programma d’austérité avec une baisse drastique des dépenses.

Sous l’influence de son entourage, Louis XVI fit renvoyer Turgot. Et après un très bref passage de Clugny, le roi désigna Necker et lui demanda une solution moins dure, avec l’espoir que ce serait tout de même efficace.

Jacques Turgot adressa au roi une lettre prophétique « Vous n’avez pas d’expérience, Sire !...Vous n’avez pas d’expérience personnelle, mais pour sentir la réalité des dangers de votre position, n’avez-vous pas l’expérience du précédent feu roi ? N’oubliez jamais Sire, que c’est la faiblesse qui a mis la tête de Charles 1er (roi d’Angleterre décapité en 1649) sur le billot...C’est elle qui a fait tous les malheurs du dernier règne.

On vous croit faible, Sire, et il est des occasions où j’ai craint que votre caractère n’eût ce défaut. »

La dette de la France atteignit la somme extravagante de 4 milliards de livres, soit un milliard de plus que Louis XV. En cause : les dépenses militaires et les emprunts Necker qui remplacent le programme d’austérité établi par Turgot.

En raison d’une situation financière et sociale qui continue de se dégrader, Necker change totalement de politique et conseille au roi le recours aux économies.

A l’instar de Turgot, il fut renvoyé.

Son remplaçant Colonne proposa alors le remède de la « belle humeur » : restaurer la confiance dans le crédit de l’Etat. Il réussit à créer une véritable euphorie, en laissant la cour à ses fêtes et en développant les investissements et principalement dans les travaux publics. Mais, pour ce faire, il demande à l’emprunt les ressources nécessaires pour une telle politique qui, finalement ne rapporte rien mais aggrave plutôt l’endettement du pays. Il demanda alors aux riches le sacrifice de leurs avantages au salut du pays, mais essuya un refus catégorique et fut renvoyé (1787).

C’est d’ailleurs à partir de cette même année que le désordre s’installe réellement dans le Royaume. Dés lors, on rentre dans une période de pré-révolution.

Hésitant, mal conseillé, soumis à des influences contradictoires, méfiant à l’égard de ses ministres, Louis apparaît frappé d’impuissance politique.

Le successeur de Colonne, Brienne , décida vainement d’imposer les réformes, avoua la catastrophe financière (août 1788) et dut convoquer les Etats-Généraux et se retira.

Necker, de retour au pouvoir, reçu avec ferveur par l’opinion, maintient la convocation. Pourtant, les Etats-Généraux présentaient un risque pour la monarchie absolue. Et le trésor royal est totalement à sec. Et tout désir de réforme est banni par tous ceux qui ont intérêt au maintien des abus et qui gravitent autour de la Cour.

Ces privilégiés royaux, inconscients de la gravité de la situation générale du pays, cherchent exclusivement à tirer profit pour eux-mêmes.

L’Etat du pays est calamiteux en raison :

- des dépenses somptueuses de la cour pour les fêtes et les plaisirs,

- de la dépravation des hautes classes, de la licence, des stupides aberrations des ministres et leurs incessantes bévues.

- des gigantesques investissements qui ne rapportent rien,

- de la corruption des grands et des fautes de la magistrature (parlements),

- des guerres de soutien aux Amériques,

- de l’insécurité qui s’est installée dans tout le pays : pillage, agressions, assassinats, viols, brigandage, révoltes...

La ville de Versailles vit dans l’inquiétude d’être envahie par des bandes de forcenés et crie au secours. Mais l’autorité du Roi a grandement faibli.

- d’une campagne calomnieuse contre le régime qui s’est étendue à toute la France.

On voit se former ce que Taine a justement nommé « l’anarchie spontanée. »

Ainsi donc, la crise qui frappe la France est à la fois politique et morale, économique et financière, sociale et institutionnelle.

Et en pleine décomposition du pays, la nation grandissait et mûrissait. A force de s’entendre dire qu’elle devait s’émanciper, elle finit par le croire...

Il était facile de mettre en émoi une nation pétulante, inflammable et qui sort des bornes à la moindre impulsion...

Tout fut poussé à l’extrême...

Pour la même raison que Louis XIV avait dit « l’Etat, c’est moi », le peuple dit « le souverain, c’est moi ; la nation c’est l’Etat » : et la nation s’avança toute seule.

Le Viconte de Ségur exposa dans ses mémoires : « je me souviens toujours de l’étonnement avec lequel j’entendis toute la cour, dans la salle de spectacles du château de Versailles applaudir avec enthousiasme Brutus, tragédie de Voltaire, et particulièrement ces vers :

Je suis le fils de Brutus et je porte dans mon cœur

La liberté gravée et les rois en horreur

En dépit de ces clignotants de mauvais augure, le pouvoir flattait la vanité du petit peuple.

Sourd aux injonctions des tenants des idées nouvelles, aux appels du peuple pour la justice et l'égalité, Louis XVI refuse de se mettre à la tête de la Révolution.

Demeuré fidèle aux doctrines de l’absolutisme, il s’entête et ne parvient pas à ressaisir le sceptre qui lui est tombé des mains à l’été 1789. En cette saison-là, la monarchie est comme un fruit pourri, prête à tomber.

Il est incontestable que la révolution était faîte depuis longtemps dans les esprits et les cœurs.

Ce fut donc par une succession d’erreurs d’autoritarisme, d’abus excessifs, d’actes de faiblesse que le malheureux Louis XVI fraiera lui-même la voie où il sera poussé jusqu'au pied de l’échafaud et avec lui la Monarchie, plus de dix fois séculaire.

Pourtant, c’est lui qui abolit le servage, qui interdit la persécution des protestants et des juifs, qui améliore la condition féminine...

Il est donc dommage que la Monarchie se soit brisée entre les mains du Roi le plus humain qu’ait connu la France.

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