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le blog lintegral

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Mais au fait... qu'est-ce que la monnaie

Publié par medisma sur 26 Juillet 2019, 21:33pm

Investir l'épargne accumulée au fil des années dans des valeurs mobilières est le meilleur moyen pour maximiser ce capital, mais il est nécessaire pour cela d'avoir un minimum de connaissances en matière économique, financière et monétaire.

Or la plus grande confusion règne souvent dans ce domaine chez beaucoup d'épargnants- investisseurs qui sont victimes des mauvaises informations véhiculées par les médias...

La monnaie est le point de départ du monétarisme, évidemment.

Là se trouve le premier problème : qu'est-ce qu'une monnaie ?

La réponse est simple et claire, mais elle est loin d'être partagée par tout le monde et même par tous les économistes. Les plus grandes erreurs continuent à être propagées sur ce thème par les médias, et elles ont des conséquences négatives de plus en plus importantes.

Autre problème de base : qu'est-ce que le crédit ? Comment ça marche ?

Beaucoup d'erreurs continuent à être colportées à ce sujet mais les réponses sont quand même plus précises et elles sont maintenant moins contestées.

Enfin, se posent encore d'autres problèmes fondamentaux, en particulier ceux portant sur la création monétaire, ce qui a été pourtant bien résolu : l'argent sain est le premier pilier pour les Reaganomics, dixit Arthur Laffer.

Ces concepts ont été bien analysés, bien compris et ils sont bien appliqués aux Etats-Unis, mais ils ne sont absolument pas admis en Europe -- en particulier dans la Zone euro, y compris par les dirigeants de la banque centrale, ce qui a des conséquences catastrophiques.

La culture monétariste est étonnamment absente dans la vieille Europe continentale car les économistes dominants n'ont jamais accepté cette théorie venue du Nouveau Monde.

Nous aborderons donc ces trois points de façon à pouvoir enfin partir sur de bonnes bases de façon à investir judicieusement...

Monnaie : les fondamentaux

Pour comprendre ce qu'est une monnaie, la meilleure solution est de partir de l'exemple du paysan de Böhm-Bawerk...

Böhm-Bawerk était un économiste autrichien qui vivait dans la première moitié du XIXème siècle.

Pour faire comprendre au plus grand nombre de personnes ses idées sur l'économie, il prenait l'exemple d'un paysan qui s'est établi en montagne. Situons-le dans les Alpes suisses.

Ce paysan produit des fromages. Il descend chaque semaine pour les vendre sur le marché du village proche et, avec l'argent ainsi gagné, il achète puis il remonte ce dont il a besoin pour sa famille et pour son exploitation. C'est simple. Tout le monde comprend.

L'argent circule ainsi rapidement : il part des mains des villageois pour aller dans celles du paysan, puis dans celles du boulanger, etc.

En fin de journée, le boulanger dépose sa recette à la banque et son interlocuteur inscrit cette somme sur son compte, au crédit.

A la fin du mois, pour payer ses fournisseurs et ses salariés, le boulanger demande à sa banque de verser les sommes qu'il leur doit en débitant son compte, etc.

Là aussi, c'est simple. Tout le monde comprend -- sauf qu'en réalité, la plupart des gens, y compris beaucoup d'économistes et autres financiers patentés, ne comprennent pas l'interprétation de ces mouvements d'argent...

Une pure convention

Cet argent qui circule sous la forme de pièces, de billets et d'écritures comptables à la banque n'est qu'un instrument pratique qui permet et facilite les échanges en évaluant les biens et les services produits par les uns et les autres.

La contrepartie de cette monnaie est donc constituée des biens et des services produits au sein de cette communauté villageoise.

Cette monnaie est une pure convention admise par tout le monde. Elle ne se réfère pas à l'or.

Elle circule naturellement et librement selon des règles précises basées sur le principe de la comptabilité en partie double qui a été imaginé et transmis par d'illustres inconnus depuis... des millénaires.

620 monnaies étaient ainsi en circulation en Suisse avant 1848 ! Il s'agissait souvent de monnaies à usage purement local car les échanges étaient généralement limités aux alentours immédiats du centre des activités économiques (une vallée, une ville, etc.).

Ces microsystèmes monétaires ont très bien fonctionné pendant des décennies, voire des siècles.

Par la suite, avec la multiplication des échanges sur des distances plus longues, de tels systèmes ne pouvaient plus fonctionner et les Suisses ont été obligés d'adopter en 1848 une seule monnaie au niveau national, en transposant ce type de système monétaire qui était local à l'origine.

Tout est simple, en réalité...

Il en est toujours de même à notre époque mais les systèmes monétaires étant plus complexes, les banques centrales doivent intervenir pour maintenir cet argent sain, c'est-à-dire sans dysfonctionnements de façon à ce qu'il n'y ait pas de création monétaire.

C'est simple. Tout est simple disait Milton Friedman qui ne comprenait pas pourquoi tant de gens ne comprennent pas ces problèmes monétaires élémentaires !

Cependant, un dysfonctionnement (qui est devenu fréquent) peut se produire dans un système monétaire local : quand le paysan de Böhm-Bawerk n'a plus confiance en l'avenir, il est amené à ne pas dépenser tout l'argent qu'il vient de gagner, c'est-à-dire qu'il limite ses dépenses au strict minimum nécessaire.

Il remonte donc chez lui une partie de l'argent gagné sous la forme de billets pour les cacher évidemment sous son matelas. Cet argent ne circule plus. Les chiffres d'affaires des commerçants du village baissent si les autres paysans font comme lui. Ils passeront moins de commandes à leurs fournisseurs, ils n'embaucheront plus de personnel supplémentaire, etc.

C'est le début d'une récession.

L'inverse est également vrai. Lorsque la masse monétaire M3
* augmente trop, c'est-à-dire davantage que la croissance du PIB, cette croissance diminue au point de dégénérer en récession : c'est exactement ce qu'il se passe de nos jours en Europe ou au Japon.

Tout est simple. Rien n'a changé fondamentalement depuis le début du XIXe siècle.


* La masse monétaire M3 d'une nation est le total de l'argent émis et libellé dans sa monnaie.

 

A présent, nous allons aborder un deuxième point nécessaire pour comprendre les problèmes monétaires : le crédit.

D'abord, beaucoup de gens continuent à croire que les banques créent de l'argent (à partir de rien donc) lorsqu'elles octroient des crédits, par exemple à des ménages pour acheter leur logement !

C'est là une faute grossière qui dénote un manque total de culture économique élémentaire...

En effet, même les pires des banksters ne prêtent que l'argent qu'ils ont, en particulier l'argent qui est déposé par d'autres ménages qui ne dépensent pas tout l'argent qu'ils ont gagné.


Un exemple concret

Ainsi par exemple, pour simplifier, BNP Paribas dispose de l'ordre de 800 milliards d'euros de dépôts de ses clients (dettes envers la clientèle, au passif) qui sont prêtés à d'autres clients pour globalement le même montant (prêts et créances sur la clientèle, à l'actif).

Les banques de dépôts fonctionnent (théoriquement) sur ce principe. Cependant, ces banques sont aussi obligées d'emprunter sur les marchés financiers à des taux inférieurs à ceux qu'elles accordent à leurs clients, la différence entre ces taux générant pour les banques leur rémunération normale pour le travail effectué.

Les prêts accordés par les banques sont donc toujours financés obligatoirement par de l'argent dont elles disposent préalablement, dans tous les pays fiables dans lesquels ce principe de comptabilité en partie double est respecté, c'est-à-dire dans tous les pays développés.

Les crédits ne sont donc pas à l'origine d'une création monétaire indue mais d'une circulation monétaire, ce qui stimule la croissance du PIB.


Dettes : une nuance importante

Un autre point important concernant les crédits doit être précisé : les dettes des uns sont toujours financées par des capitaux apportés par des créanciers qui possèdent donc de l'argent gagné préalablement qu'ils prêtent à des emprunteurs (désargentés) qui veulent investir.

Là encore, ces dettes ne génèrent aucune création monétaire ni aucun autre dysfonctionnement.

En accordant des prêts, donc en générant des dettes pour les uns, les banques ne font que faire circuler l'argent des autres (les titulaires de capitaux disponibles non investis) aux premiers, ceux qui veulent emprunter pour investir.


Les limites de la dette

Les dettes ont donc naturellement des limites (du moins dans une économie relativement fermée) : les capitaux disponibles, là encore en vertu du principe élémentaire de comptabilité en partie double.

Evidemment, les dettes des uns ont aussi pour limite l'appréciation par les prêteurs de la fiabilité des emprunteurs, car les prêteurs veulent bien entendu être remboursés à l'échéance des prêts qu'ils ont accordés.

Compte tenu de la croissance, c'est-à-dire de l'augmentation de la richesse créée dans beaucoup de pays développés, il est normal que les dettes augmentent car les capitaux disponibles augmentent !

C'est ainsi que les dettes des ménages, des entreprises et des Etats augmentent depuis... quasiment toujours, et surtout depuis l'après-guerre sans créer de problèmes majeurs.

Les prêteurs imprudents qui ont prêté de l'argent à des emprunteurs qui sont finalement insolvables sont les seules victimes de leurs erreurs. Tant pis pour eux.

Normalement, ces défauts de paiement ne devraient pas avoir d'autres conséquences.


Qu'en est-il de l'argent sain ?

L'argent sain est le premier pilier des Reaganomics, dixit Arthur Laffer, ai-je écrit précédemment... ce que (presque) personne ne comprend en Europe et encore moins en France, alors que tout est simple !

Les économistes qui conseillent Donald Trump sont dans la lignée de ceux qui conseillaient Reagan : les Reaganomics qui sont avant tout de bons monétaristes pour lesquels l'essentiel est de conserver une monnaie saine, c'est-à-dire sans hypertrophie monétaire.

Pour comprendre ces concepts, il suffit de reprendre notre exemple du paysan de Böhm-Bawerk : si jamais, pour une raison ou pour une autre, la quantité d'argent qui circule dans le village est supérieure à ce qu'elle doit être normalement, alors une grave crise s'y produira inévitablement un jour...

Historiquement et classiquement, presque partout dans le monde, les personnes qui gèrent les établissements financiers importants (et centraux) font toujours la même erreur : ils mettent en circulation de l'argent qui ne devrait pas y circuler.

La solution de facilité qui a été souvent adoptée a été de mettre en circulation dans un premier temps de la monnaie-or, c'est-à-dire des pièces de monnaie contenant une quantité certifiée d'or, ce que fit déjà... le père de Crésus.

Ensuite, l'émetteur de ces pièces commence à diminuer la quantité d'or contenue dans ces pièces ce qui fait que la masse monétaire en circulation est alors supérieure à la norme, ce que fit déjà Crésus. Dès lors, l'hypertrophie monétaire de son royaume est devenue létale.

Quand la confiance en une monnaie disparaît à cause d'une création monétaire indue, c'est alors la crise fatale. Ainsi ont disparu des royaumes et des empires prospères au cours de ces derniers millénaires.

L'Histoire se répète ainsi quand les autorités monétaires ne comprennent pas ces problèmes.


Par Jean-Pierre Chevallier
 

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