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Maroc : Gouvernance et libre-échange

Publié par medisma sur 26 Juin 2013, 20:51pm

Maroc : Gouvernance et libre-échange

 

I- Najib Akesbi* : «les véritables autorités au Maroc sont le Palais et la Banque Mondiale»

 

 

Najib Akesbi

 

Dans un entretien accordé à Lakome, l’économiste marocain Najib Akesbi a soutenu que «le système politique actuel est devenu un obstacle majeur pour le développement économique du pays». Explications

Akesbi a précisé que les problèmes économiques du Maroc sont avant tout d'origine politique, en ce sens que le système actuel ne produit pas d'institutions capables de mener les réformes économiques nécessaires. L'expert a ajouté qu'il serait une grave erreur de penser que les problèmes économiques actuels puissent être réduits au conflit Benkirane/Chabat et qu'ils puissent être réglés par une tentative de rapprochement entre les deux parties.

Akesbi décrit le système politique marocain comme «une monarchie exécutive où le Palais détient tous les pouvoirs y compris le pouvoir économique». C'est selon lui, un système qui n'accepte pas de concurrent politique et encore moins le partage d'une partie de ses prérogatives. Najib Akesbi estime en outre que le régime marocain est «un système qui ne dispose pas de véritables institutions politiques. Par la force des choses, les élites et les partis sont inaptes à ériger un contre-pouvoir susceptible de constituer un semblant d'équilibre avec le pouvoir en place».

 

Benkirane, Premier ministre marocain

Le Palais et la Banque mondiale : des acteurs incontournables

Akesbi a par ailleurs fait remarquer que les principales orientations économiques sont définies par le Palais, et que la crise actuelle trouve ses racines dans les choix stratégiques opérés depuis la décennie 1960. «Les partis politiques apparaissent et disparaissent tandis que les véritables autorités inaltérables au Maroc sont le Palais et la Banque Mondiale », analyse-t-il. Akesbi affirme que cette institution financière constitue depuis 1964, le seul véritable partenaire de la monarchie dans la prise de décisions.

Néanmoins, Akesbi souligne que les élites et les partis politiques sont aussi responsables de cette situation car ils ont choisi «de se soumettre à ce jeu faussé qui consiste à se relayer sur la gestion des affaires en appliquant les décisions du Palais et celles de la Banque Mondiale, et en allant jusqu'à défendre farouchement  ces orientations».

 

Une situation insoutenable

Pour Akesbi, «la situation est devenue insoutenable et le système politique est devenu un réel obstacle au développement du pays (…) Avant d'entamer des réformes économiques, il faudrait procéder à des réformes politiques car il est vain de souhaiter une mise à niveau du pays sans réformer les mécanismes politiques de contrôle ». Il a ainsi estimé que le Maroc s’était installé dans une sorte d’engrenage qui tourne au détriment du citoyen marocain : «D'ailleurs nous avons déjà commencé à payer le prix fort pour les hydrocarbures et d'autres matières premières. L'administration publique ne sera plus en mesure d'absorber les nouveaux arrivants sur le marché de l'emploi. S'ajoute à cela le recul inquiétant des volumes d'investissements et la création de mille emplois nets seulement pour l'année 2012  alors que la moyenne annuelle devrait se situer entre 250 000 et 300 000 postes».

 

Quand les acteurs ne sont que des marionnettes

Akesbi estime également que «si nous étions dans un véritable système politique, celui-ci aurait soutenu le gouvernement actuel pour mener les réformes». Mais le fait est, selon lui, que nous vivons une situation absurde. «Ceux qui sont au-devant de la scène ne sont pas de véritables acteurs politiques mais uniquement des marionnettes entre les mains de gens connus» a-t-il conclu.

Source : http://fr.lakome.com/index.php/maroc/985-najib-akesbi-les-veritables-autorites-au-maroc-sont-le-palais-et-la-banque-mondiale

* économiste marocain et professeur de l’enseignement supérieur

 

II- ATTAC/CADTM Maroc refuse le nouvel accord de libre-échange (ALECA) entre le Maroc et l’Union européenne

 

ATTAC/CADTM Maroc refuse le nouvel « accord de libre-échange complet et approfondi » (ALECA) entre le Maroc et l’Union européenne, dénonce l’opacité des négociations, et appelle à la mobilisation.

Le 24 juin s’est tenu  à Bruxelles le deuxième round de négociations entre le Maroc (tout seul) et l’Union européenne (dans son ensemble) en vue de compléter et approfondir l’accord de libre-échange déjà existant entre les deux entités. Il fait suite à un premier round qui a eu lieu en avril dernier et sur lequel bien peu de choses ont filtré à travers la presse.

Chose curieuse, c’est toujours l’Union européenne qui en fait l’annonce. Le gouvernement marocain lui ne semble n’avoir rien à dire à sa population et à son opinion publique sur ce qu’il attend de tels accords, à qui ils vont bénéficier, ni qui ils vont affecter.
 
Nous ne pouvons donc que dénoncer l’opacité qui accompagne une nouvelle fois le démarrage de ces nouvelles négociations. D’une part, les termes précis du projet d’accord ne sont connus, ni du grand public, ni de la presse, ni des représentants élus. En outre, elles sont engagées alors même que le bilan global du précédent accord, signé en 2000 est déjà clair. 

Le déficit structurel de la balance commerciale du Maroc s’est aggravé, avec le déclenchement de la crise dans la zone euro, passant de 98 milliards de dirhams en 2006 à 198 milliards de dirhams en 2012. Ce qui a alourdi le déséquilibre de la balance courante qui est passé d’un solde positif de 12 milliards de dirhams en 2006 à un déficit de 83 milliards de dirhams en 2012 (10% du PIB).Les accords de libre-échange (ALE) ont contribué au déficit commercial. Le déficit commercial du Maroc dans le cadre des ALE avec l’UE a atteint 45,4 milliards de dirhams en 2011. Ce déficit global dans le cadre des ALE est dû principalement au poids des importations. Ainsi « près de 57% de nos importations en demi-produits se font dans le cadre des ALE, et 47,3% de nos achats à l’extérieur des produits finis d’équipements industriel bénéficient des accords » (ministère des finances). On assiste à une érosion dramatique de l’emploi industriel, estimée à 24 mille emplois perdus par an entre 2009 et 2011, ce qui ne fait qu’approfondir la crise de l’emploi que vit notre pays. Notre alimentation devient de plus en plus dépendante de l’extérieur, les exportations des produits alimentaires (hors produits de mer) ne couvraient que 36% des importations en 2012. 

Au vu des quelques rares éléments d’information qui ont filtré sur les négociations qui se déroulent, les sujets d’inquiétude sont importants. On sait déjà qu’il s’agira de protéger encore davantage les investissements et la propriété intellectuelle (mesures qui sont toutes en faveur des multinationales et des investisseurs, jamais au service des producteurs et des consommateurs), d’élargir la concurrence sur les marchés publics (au détriment des entreprises nationales) et d’approfondir la privatisation déjà bien avancée des services publics.

Mais le plus grave est certainement le projet d’ « harmonisation graduelle du cadre législatif et réglementaire marocain avec l’acquis communautaire ». De quel acquis nous parle-t-on ? De celui qui a abouti à la crise financière, économique et sociale que vit l’Europe aujourd’hui ? De celui qui plonge les populations dans le chômage, la précarité et la misère ? De celui qui jette dans les rues européennes des populations exaspérées par des politiques antipopulaires décidées, de façon totalement anti-démocratiques à Bruxelles, qui défont des gouvernements et sont imposées aux peuples ? C’est cette crise que l’on veut exporter de l’autre côté de la Méditerranée ? C’est le diktat des directives de Bruxelles que l’on veut imposer au peuple marocain, sans qu’il ait la moindre voix au chapitre ?
 
Il faut cesser de parler de partenariat car il ne s’agit ici que d’accords néocoloniaux, dictés par les pays européens à leurs anciennes colonies d’Afrique du Nord. Des accords qui leur demandent toujours plus d’ouvertures afin de mieux en drainer les richesses, qui modèlent leurs économies et leurs législations en fonction des seuls besoins des larrons et des patrons européens.

ATTAC/CADTM Maroc :
- refuse ces nouveaux accords qui complètent la liste des choix néolibéraux dictés par les institutions financières internationales, et qui approfondissent la dépendance et l’arriération de notre pays, condamnant notre population à vivre dans la misère et la précarité ;
- dénonce l’opacité des négociations qui témoigne d’un mépris pur et simple pour les principes de la démocratie de la part des gouvernants ;
- appelle à une mobilisation de toutes les composantes de la société civile pour ouvrir un débat public large sur ces nouveaux accords de libre-échange, et faire avancer des initiatives de sensibilisation et d’actions communes.

Le Secrétariat National / Rabat, le 23 Juin 2013

ATTAC MAROC. Association pour la Taxation des Transactions Financières et pour l’Aide aux citoyens.
Membre du réseau international du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde CADTM.


 

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