La visite de Guillaume II à Tanger en 1905 :
Soutien au Sultan et défi lancé à la France coloniale
Dans la matinée du 31 mars 1905, le paquebot affrété Hambourg mouilla en rade de Tanger avec à son bord l'empereur d'Allemagne Guillaume II. A son débarquement, il fut accueilli en grande pompe par Si Abdelmalek, l'oncle du Sultan du Maroc. Une foule dense, bruyante et ivre de joie acclama dans l'allégresse le souverain allemand.
Le représentant du Sultan et le chef de la garde sultanienne le caid Maclean ainsi que les hautes autorités marocaines accompagnèrent l'empereur revêtu en tenue militaire, casque en tête, sabre et revolver au côté, jusqu'à l'ambassade d'Allemagne.
D'une voix forte, Guillaume II prononça un discours mémorable, diffusé dans le monde entier par l'agence française Havas. Il déclara entre autres : « C'est au Sultan, en sa qualité de souverain indépendant, que je fais aujourd'hui ma visite. J'espère que, sous la souveraineté chérifienne, un Maroc libre restera ouvert à la concurrence pacifique de toutes les nations, sans monopole et sans annexion, sur un pied d'égalité absolue. Ma visite à Tanger a pour but de faire savoir que je suis décidé à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour sauvegarder efficacement les intérêts de l'Allemagne au Maroc.
Puisque je considère le Sultan comme un souverain absolument libre, c'est avec lui que je veux m'entendre sur les moyens propres à sauvegarder ces intérêts. Quand aux réformes que le Sultan a l'intention de faire (faisant allusion à l'instauration d'un nouvel impôt unique et généralisé appelé Tertib), il me semble qu'il faut procéder avec beaucoup de précautions, en tenant compte des sentiments religieux de la population pour que l'ordre public ne soit pas troublé. »
Il était clair que cette déclaration visait directement la France coloniale pour ses manouvres destinées à s'accaparer seule le Maroc. L'empereur apportait ainsi son soutien au souverain marocain contre toute entreprise étrangère de destabilisation du pays. Il conseillait en outre circonspection et ménagement dans la mise en oeuvre des réformes que le Sultan comptait introduire.
Au terme du discours impérial et après un entretien avec l'oncle de Moulay Abdelaziz, Guillaume II regagna la jetée pour un retour au bord de son navire. Toutefois, la fête se poursuivit dans toute la ville et s'acheva tard dans la nuit par un spectacle grandiose, présenté sur le plateau de Marchan par la cavalerie chérifienne.
Medisma