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LA FIN TRAGIQUE D'UN ROGUI !

Publié par medisma sur 25 Janvier 2007, 01:04am

Catégories : #lintegral

 

                       Bou Hmara ou le prétendant au trône du Maroc !

 A l’automne 1902, un homme dénommé Jilali  ben Driss Zerhouni el Youssoufi, originaire du village Ouled Youssef dans le Zerhoun, connu sous le nom de Bou Hmara, joue de sa ressemblance avec le frère aîné du Sultan Abdelaziz et se fait proclamer Sultan, sous le nom de Moulay Mhammed par les tribus de Ghiata. Le nombre de ses partisans grossit rapidement. L’armée sultanienne, désorganisée et mal payée, se débande au premier choc. Bou Hmara s’empare de Taza, où il installe son embryon de gouvernement, soulève tout le Maroc oriental et proclame la guerre sainte contre le Sultan.

 Dans la qasba de Selouane, où il s'établit, Bou Hmara organisa son Makhzen en le dotant d'une organisation et d'un protocole dignes d'une cour sultanienne. Il engage même des pourparlers avec des hommes d'affaires espagnols de Mellila et français d'Oran pour l'attribution de concessions.

    Sept années plus tard, Au début du mois d’août 1909, plusieurs tribus qui jusque là, lui étaient demeurées fidèles, firent défection. Ils n’acceptaient pas que Bou Hmara concédât les mines de plomb et de fer de la région de Selouane aux compagnies minières espagnoles. Les rifains inquiets, l’abandonnèrent et le chassèrent pour avoir vendu ‘ la terre marocaine’ aux étrangers. Il rejoignit Taza avec le reste de ses fidèles où il poussa ses attaques contre les tribus makhzen jusqu’aux abords de Fés.

La population tribale limitrophe de la capitale fuyait en grand nombre en direction de la grande ville. Le mécontentement et la peur s’emparèrent des fassis. Pour remédier à cette dramatique situation, Moulay Hafid leva une mehalla importante incluant même son armée régulière constituée de soldats noirs. En dépit de leur faible effectif, les rebelles opposèrent une forte résistance durant plusieurs jours. Bou Hmara parvint à s’échapper pour se réfugier dans la montagne de Béni Zeroual et précisément à la zaouia des Derkaouas.

     Deux cents prisonniers capturés par les troupes chérifiennes et quarante têtes coupées furent envoyés comme trophée au Sultan.

       Quant au Rogui, encerclé et presque isolé, il fut capturé le 22 août en compagnie de ses co-équipiers Ben jillali, Si Allal Zemrani, Agua et Najem, de ses femmes et enfants et de ses esclaves noirs.

    L’instructeur français Ben Sédira qui fut à l’origine de la défaite de Bou Hmara et de son arrestation, envoya un messager à Fés pour informer le commandant Mangin et le Sultan de la situation.

    Entre temps, la famille et les esclaves du Rogui avaient disparu, enlevés par les troupes makhzéniennes.

    Enchaîné aux pieds, enfermé dans une étroite cage, juché sur un dromadaire, escorté par quelques cavaliers, Bou Hmara prit le chemin de Fés.

    Une foule immense, toute en liesse, l’accueillit à l’entrée de la ville. Il fut conduit aussitôt devant le Sultan assis sous la voûte d’entrée du palais, entouré de son Makhzen. La population fassie, invitée à se rendre dans la grande cour du Méchouar pour contempler le prétendant vaincu, s’y massa en grand nombre. Des cavaliers entreprenaient des jeux de fantazia et la musique se faisait partout entendre.

 

 

 Moulay Hafid fit placer la cage devant lui et interrogea son prisonnier. Celui-ci, bien qu’accroupi, enchaîné et tassé dans sa cage, lui répondit la tête haute, d’un ton méprisant et avec un imperturbable sang-froid.

     On fit exposer tous les jours le prétendant dans sa cage placée sur un gros cube en maçonnerie à Bab Bou Jat. De même, des réjouissances macabres furent organisées : toute la collection des têtes coupées fut accrochée au fronton de Bab Mahrouk en pleine atmosphère de fête.

    Quand aux prisonniers, on leur appliquait le châtiment ordonné par le Sultan, à savoir l’amputation alternée d’une main et d’un pied. Ces traitements inhumains avaient lieu chaque jour devant la porte de Bab Mahrouk en présence d’une foule de plus en plus nombreuse : « Les bouchers opéraient, tranchant d’un coup de leurs couteaux aiguisés ici une main droite et un pied gauche, là une main gauche et un pied droit. Le sang coulait à la grande joie de la foule. Les malheureux s’affaissaient et pour arrêter l’hémorragie, on les portait prés d’un caveau où chauffait de la poix bouillante et on y trempait leurs moignons sanglants, au milieu de leurs hurlements de douleur. Beaucoup mourrait de leurs souffrances et de la perte de leur sang.

    Après quelques jours de manège, les consuls des puissances étrangères présents en ce moment à Fés, se réunirent et décidèrent d’inviter le Sultan, au nom de l’humanité et de la civilisation à cesser ces exécutions barbares. »

     Le corps consulaire de Fés sollicita même une audience pour la remise de la note de protestation ; elle lui fut accordée pour le 11 septembre.

    La fête sanglante de Bab Mahrouk continua néanmoins à battre son plein.

    Craignant une demande de grâce de la part des représentants étrangers, Moulay Hafid décida de se débarrasser de Bou Hmara. Le 9 septembre, il le fit sortir de sa cage, le fit conduire dans la ménagerie et le fit introduire dans la cage d’un lion. Le fauve le blessa à l’épaule et s’éloigna. Le Sultan qui assistait seul à la scène en compagnie de son chambellan, ordonna alors à l’un de ses esclaves de l’achever. On fit sortir le Rogui et l’esclave tira à bout portant un coup de revolver qui lui fracassa la tête. On fit placer le cadavre dans un coin de la cour, on l’arrosa de pétrole et on le brûla.

    Ce fut la fin tragique de celui qui défia, sept années durant, deux Sultans  du pays.

  Medisma

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V
<br /> la barbarie qui reignait, trop decevant<br />
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L
<br /> une grande catastrophe<br /> <br /> <br />
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L
<br /> une grande catastrophe<br /> <br /> <br />
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