Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

le blog lintegral

actualités, économie et finance, nouvelle technologie, entrepreneuriat, histoire et colonisation...


"QUEL SCANDALE" ! SUITE A LA CONVERSION D'UN JEUNE INTELLECTUEL MUSULMAN AU CHRISTIANISME

Publié par medisma sur 18 Septembre 2006, 13:46pm

Catégories : #lintegral

 

Le Maroc en émoi en 1928 :  Conversion de Hadj Mohammed Ben Abd el-Jalil au Christianisme

 La famille Ben Abd el-Jalil était une des grandes familles bourgeoises de Fès dont la maison est encore connue par tous les Fassis de l'époque au quartier de Zankat al-Rtall. Mohamed ira, encore tout enfant, à La Mecque accompagné de son frère Omar qui est resté attaché très viscéralement à son frère, même après la conversion de celui-ci au christianisme. Ils se rencontraient tous deux dans la même foi en l'indépendance du Maroc et luttaient chacun de son côté pour la réalisation de cet objectif.

 

 

Rappelons ici les faits de cette conversion:

 En 1922, et dans la ligne politique promue par Lyautey, celui-ci nomme quatre jeunes Marocains comme fonctionnaires attachés à la Résidence dont Hadj Mohamed Ben Abd el-Jalil et Mohamed Hassan Ouazzani, devenu par la suite l'un des principaux leaders du Mouvement national, puis qui, après la scission avec le Parti national, devient secrétaire général du Parti démocrate de l'indépendance.

 Ces jeunes étudiants sont envoyés en France pour s'initier, selon Lyautey, à la civilisation et à la culture françaises mais non pour leur conversion au christianisme ni même au mode de vie des Français.

 Haj Mohamed avait déjà des prédispositions à une conversion au christianisme.

De retour au Maroc, la même année, il est promu secrétaire à la Résidence puis envoyé de nouveau en France, âgé de vingt ans, pour y préparer sa licence es-lettres en langue et littérature arabes.

 Séduit par le christianisme, il prend la grave décision de demander le baptême de l'Eglise en 1928, ayant eu comme parrain, le professeur Louis Massignon dont les autres jeunes Marocains étudiants en France ont boycotté les cours en signe de protestation.

 La nouvelle se propage comme une traînée de poudre au Maroc et particulièrement à Fès qui s'est rendue tout entière aux obsèques d'un musulman apostat dont le cercueil vide a été enterré dans un cénotaphe.

 Massignon est tout fier de cette conversion et l'annonce avec gloire à Paul Claudel. Naturellement, la bourgeoisie fassie boude pour un temps l'enseignement français, et veut se protéger contre le prosélytisme religieux. D'ailleurs, Lyautey lui-même a été outré par cette conversion et par l'action des ecclésiastiques de l'Afrique du Nord.

 Le successeur de Lyautey, Théodore Steeg partage l'inquiétude de Lyautey. On lira ci- dessous, vu son importance, le télégramme que celui-ci a adressé sous pli confidentiel au ministère des Affaires étrangères où Massignon qui ne portait pas Steeg dans son cœur est cité comme ayant eu une influence déterminante quant à cette conversion.

 Texte du télégramme adressé le 4 juin 1928 au ministère français des Affaires étrangères par Steeg :

 "Mohamed Ben Abd el-Jalil, étudiant marocain d'origine fassie, envoyé à Paris avec une subvention du protectorat pour y suivre des cours, notamment à l'Ecole nationale des langues orientales, vient de se convertir au catholicisme. Sa conversion a revêtu un éclat tout particulier : il fut baptisé par l'archevêque de Paris en personne, puis à l'occasion de sa première communion il aurait reçu du Pape lui-même un missel et un chapelet.

 "L'acte, si grave pour un Marocain, que vient d'accomplir ce jeune homme, paraît bien être le résultat d'une longue évolution morale et intellectuelle, mais cette évolution n'a pas été, semble-t-il, purement spontanée. Depuis deux ans, ce jeune homme a été spécialement entouré et dirigé dans les milieux catholiques : Ben Abd el-Jalil était en pension à Rabat, il y a deux ans, à l'Institution franciscaine "de Foucauld" pendant qu'il suivait les cours de l'Institut des hautes études marocaines. C'est par les soins de cette Institution qu'il habita ensuite à Paris un hôtel de la rue Sarrette qui relève des Franciscains. De là, il serait allé vivre à Viroflay dans la famille du directeur de l'Institution de Foucauld. Mais l'influence d'un de ses professeurs parisiens, M. Massignon, paraît surtout avoir été déterminante, si l'on en croit les camarades de ce jeune homme: la douzaine de jeunes Marocains qui font des études à Paris a décidé de s'abstenir de suivre les cours de M. Massignon en signe de protestation.

 "Ce fait est connu au Maroc où il a provoqué, dans tous les milieux indigènes, surtout à Fès, une émotion d'autant plus vive que le sujet converti est plus brillant et que ses succès universitaires énorgueillissaient la jeune génération élevée dans nos écoles. La famille est très affectée et se croit déshonorée. Elle est entretenue dans cette idée par l'indignation des vieux savants de Fès qui, voyant la jeunesse déserter Karaouyine et se presser dans nos écoles et nos collèges, sont trop heureux d'exploiter l'événement pour miner la confiance qui venait à nous et ramener les étudiants à la culture traditionnelle. Aussi la consternation règne-t-elle dans le cercle des jeunes gens avides de se moderniser : ils sentent leurs aspirations menacées dans l'esprit même de leurs familles (...)

 "[L'événement] restera peut-être sans portée sociale et politique profonde. Mais nous le devons uniquement à la volonté, chez les Marocains, de nier le fait qui les choque. Le jour où de nouvelles conversions les obligeraient de se rendre à l'évidence, la situation serait tout autre. La propagande religieuse qui s'est exercée ne saurait se prolonger sans dangers réels et graves pour nos rapports avec les peuples d'Islam. Avec de telles maladresses nous détournerions les jeunes musulmans de nos écoles ou universités. Déjà, à Fès, plusieurs notables qui devaient envoyer leurs fils en France renoncent à leurs projets. Mais ils ne renonceront pas à leur désir de les instruire et nous risquons de voir s'évader les jeunes Marocains vers Le Caire, où ils subiront les plus dangereuses influences.

 "En outre un événement de cet ordre ranime les méfiances religieuses qui s'étaient assoupies. En se multipliant il fournirait aux zélateurs de la loi musulmane un argument facile pour réveiller le fanatisme agressif de nos indigènes. Notre intérêt, et je dirais même notre honneur, sont en jeu : la France a, de tout temps, promis à ce pays le respect de ses traditions et de sa religion. Je n'ai pas manqué une occasion de renouveler solennellement ces promesses. Le jour où nous paraîtrons les violer c'est toute notre action au Maroc qui peut en être ébranlée. Il convient donc d'envisager les moyens de parer à toute suspicion de prosélytisme, ici comme à Paris".

                       Medisma

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents